Pocaste Episode12: J’ai peut être besoin d’étre relu

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Dans cet épisode 12, j’ai trouvé la correctrice qui va peut-être réussir à corriger mes fautes de frappe (non, non, ce ne sont que des fautes de frappe) : Florence Clerfeuille. Florence est à la fois auteur, autoéditée, et correctrice, écrivain public. J’ai coupé l’entretien en deux parties où l’on parle plus à chaque fois d’une de ses deux casquettes. Elle nous explique son travail et l’importance qu’il a dans la première partie, et nous parlons ensuite de ses derniers romans sortis sur Kindle.

Pour écouter directement cet épisode :

Deuxième partie :

Florence a donc publié «Le Chat du Jeu de Quilles» Tome 1, et Tome 2, et le Tome 3 sort dans les premiers jours de juin. Mais elle a publié aussi de nombreux autres livres dont on ne parle pas beaucoup et qui sont accessibles depuis sa page auteur Amazon.

Vous pouvez aussi la retrouver sur son blog, et je vous conseille de vous abonner à sa newsletter, non seulement pour recevoir de ses nouvelles mais aussi pour voir comment elle utilise cet outil pour garder le contact avec son lectorat.

Pour son activité d’écrivain public et de correctrice, vous la retrouverez sur le site «à mots déliés».

J’avais dit que je mettrais des liens vers ses autres entretiens et vidéos, mais il y en a trop ! Vous trouverez tout sur ces deux sites.

Quelques notes encore sur le contenu du podcast. Il y a un moment où je traite Jean-Philippe Touzeau d’auteur commercial. Dans ma bouche, c’est presque un compliment, que ce soit clair ! Il a clairement choisi le type de livres qu’il veut écrire, et il le fait avec réussite.

Par ailleurs, sur la question de la précommande, j’ai vérifié, et la livraison de la version finale doit bien se faire 10 jours avant la sortie.

 

Je vous conseille de souscrire à ce podcast dans iTunes ou d’utiliser une autre application pour ne pas rater un épisode. Vous pouvez aussi vous abonner au fil RSS des podcasts.


Et maintenant un mot de notre sponsor ;-)

J’ai publié début mai un autre ebook sur l’autoédition «82 questions sur l’autoédition: Tout ce qu’il faut savoir pour publier soi-même ses livres».

Pour en savoir plus, cliquez ici.

Et voici la retranscription de cet entretien, réalisé par… Florence elle-même :

Cyril. – Bienvenue dans cet épisode 12 du podcast autoédition e-books. Aujourd’hui, je reçois Florence Clerfeuille. Bonjour !

Florence. – Bonjour !

Cyril. – Enchanté de parler avec toi, Florence. Alors, tu es à la fois auteur et correctrice, puisque souvent, les auteurs ne sont pas qu’auteur. Est-ce que tu peux te présenter un petit peu et briser la glace avec les gens qui nous écoutent ?

Florence. – D’accord. Écoute, briser la glace, j’espère qu’il n’y en aura pas trop besoin ! Maintenant, pour ce qui est de me présenter… Alors, en tant qu’auteur, je vais dire que l’écriture a toujours été un peu mon mode d’expression naturel, même si professionnellement je me suis d’abord orientée vers un métier plutôt scientifique puisque j’étais analyste-programmeur à l’origine. Ce qui n’était pas tout à fait dans l’écriture. Mais c’est vrai que c’est quelque chose qui m’a toujours accompagnée. Et puis, j’ai commencé vraiment à mener à terme des projets d’écriture il y a dix, quinze ans à peu près, puisque mes premiers écrits autopubliés remontent à 2002. Donc à l’époque, c’était en papier, forcément. Voilà pour le côté auteur. Ensuite, donc, j’ai changé une première fois de vie professionnelle pour partir comme administratrice avec des ONG, donc en mission humanitaire, un peu partout à l’étranger. En parallèle, j’ai eu des enfants. Donc, les enfants, au départ, ils ont suivi dans les missions. Et puis, il arrive un moment où ça devient compliqué. Déjà parce qu’ils n’ont plus envie, et puis parce que pour leur scolarité, c’est beaucoup plus compliqué aussi. Donc retour en France plus ou moins définitif, en tout cas pour l’instant, et donc c’est là, à ce moment-là, que j’ai commencé ma nouvelle vie professionnelle d’écrivain public, biographe, correctrice. Voilà. Donc ça, ça date de 2009.

Cyril. – Écrivain public, biographe, correctrice… Tu ne faisais pas encore de l’autoédition, papier ou électronique ?

Florence. – Alors, j’avais déjà fait un peu d’autoédition papier, puisque j’ai commencé en 2002.

Cyril. – Ça, tu m’avais dit, oui.

Florence. – Après, autoédition électronique, à ce moment-là, non, pas encore. Quand j’ai commencé cette activité d’écrivain public (donc c’est un petit peu fourre-tout), moi, je me suis spécialisée assez rapidement dans deux, trois directions : l’écriture de biographies, la transcription d’entretiens au départ, et puis la correction. Donc quand je me suis lancée dans la correction… En fait, j’avais un blog pour mon activité d’écrivain public, donc j’ai un peu regardé sur le net, j’ai vu qu’il y avait beaucoup de blogueurs qui sortaient des livres électroniques, justement. J’en ai téléchargé, j’en ai acheté, j’ai rapidement vu qu’il y avait beaucoup de besoins de correction dans ce domaine-là. Donc j’ai commencé à démarcher des blogueurs susceptibles d’être intéressés par mes services de correctrice.

Cyril. – D’accord. Alors, on va se concentrer un petit peu sur ton travail de correctrice, même si on reviendra un petit peu, après, sur les livres que tu écris. Aujourd’hui, tu fais quel type de correction ? Tu fais de la lecture bêta, de la correction orthotypographique ? Quel est le… Est-ce que tu adaptes un petit peu l’étendue de tes prestations et de ton travail ?

Florence. – Alors, je fais effectivement plusieurs choses. Ce qui m’occupe le plus, c’est vraiment la correction orthotypographique. Donc dans ces cas-là, j’interviens après les bêta-lecteurs, après les premiers relecteurs, donc une fois que l’histoire est vraiment figée et construite. On se dit : le contenu ne va pas changer. Et c’est vraiment sur, on va dire, le toilettage et la mise en forme que j’interviens.

Cyril. – C’est là que tu interviens le plus.

Florence. – Voilà.

Cyril. – Et est-ce que tu interviens aussi en lecture bêta ?

Florence. – Ça m’arrive. Je le fais moins. Pour deux raisons. D’abord, parce que j’aime moins ça ! Et puis, je sais que je suis moins bonne dans ce domaine-là. Moi, je suis plus… Enfin, je suis un peu pointilleuse, donc c’est vrai que pour ce qui est correction, ça va très bien. Après, pour la bêta-lecture, ça demande une autre vision des choses. Une vision plus globale. Donc ce n’est pas le même travail. Voilà. Donc je m’oriente plus sur la toute dernière correction, avant publication.

Cyril. – D’accord. Est-ce qu’il y a comme ça une adéquation entre le sujet, aussi, et ce que tu fais, toi, comme travail ? Parce que, j’imagine que quand tu parles de correction, tu parles beaucoup de correction, aussi, de livres de fiction. Donc est-ce qu’il y a des genres, toi, qui te plaisent plus que d’autres ?

Florence. – Ah ben, forcément ! En termes de lecture personnelle, il y a des sujets, des styles qui m’intéressent plus. Après, pour la correction, ça n’a pas tellement d’importance. Et puis, honnêtement, quelque part, je trouve ça sympa aussi, justement, de lire autre chose que ce que je lirais pour mon plaisir personnel. Parce que ça me permet (ça m’oblige, quelque part) à aller fureter dans des zones qui ne me sont pas familières, et du coup, parfois, ça m’incite après à aller voir dans ces domaines-là. Donc je ne me limite pas. Je peux faire de tout. De la science-fiction… De la poésie, c’est plus compliqué parce qu’il y a vraiment des… Chaque personne a vraiment son caractère et ses façons de faire. Mais je peux faire du guide pratique, de l’autobiographie, du policier… De la romance, ce n’est pas ce que je préfère, mais j’en fais aussi ! Donc ça peut être un peu tout, effectivement. De ce côté-là, il n’y a pas trop de souci.

Cyril. – D’accord.

Florence. – Bon, il faut que ça reste en français, quand même !

Cyril. – Oui ! Tu te retrouves dans une situation aujourd’hui où tu as beaucoup de travail. Est-ce que tu es forcée, entre guillemets, de choisir tes clients ? Faire une petite sélection.

Florence. – Non, je ne suis pas forcée, mais éventuellement ça peut m’arriver, notamment si j’ai quelqu’un qui est vraiment un client fidèle et qui a un besoin urgent… C’est clair que même si j’ai quelqu’un d’autre qui me contacte à ce moment-là, je vais privilégier mon client habituel, on va dire. C’est dans ce sens-là que je peux… Ou si vraiment quelque chose… Enfin, ça ne m’est jamais arrivé, mais si vraiment un texte ne me tente absolument pas, je vais le refuser. Mais par contre, oui, je vais m’organiser, organiser mon planning, on va dire.

Cyril. – Est-ce que tu as déjà bien préparé, organisé ton activité, en ayant par exemple un contrat ? Parce que je sais qu’il y a… Enfin, je vois assez souvent des auteurs qui parlent de la crainte de voir leur manuscrit volé, des choses comme ça.

Florence. – D’accord.

Cyril. – Ça, c’est vraiment… Quand on travaille avec quelqu’un qui est professionnel, évidemment, ça ne peut pas arriver !

Florence. – Non, effectivement. Alors, le contrat, oui, j’en ai un. Après, j’avoue que je ne le transmets pas… Enfin, il n’est pas signé systématiquement, parce qu’en fait, souvent, les relations se font de manière assez facile, en confiance. Enfin, jusqu’à présent, je n’ai jamais eu, justement, d’auteur qui m’exprime cette crainte-là. Alors, je pense que ceux qui l’ont, ils évitent carrément les correcteurs ! Je ne sais pas. Ou alors ils s’adressent à des gens qu’ils connaissent vraiment de façon personnelle. Mais oui, c’est clair que le contrat, il existe. Bon, il n’est pas toujours formalisé parce qu’il n’y en a pas forcément besoin. Enfin, il n’y en a pas forcément besoin… Je veux dire, j’ai ma propre déontologie : moi, je sais que je ne vais divulguer à personne les textes sur lesquels je travaille.

Cyril. – Oui, quand je parle de contrat, il y a bien évidemment le contrat écrit et signé, mais il y a aussi le contrat qu’on forme avec quelqu’un, en discutant avec lui de tout un ensemble de choses. À la fois les questions de propriété, évidemment, mais aussi à quel moment on doit être payé, par rapport à quel travail, jusqu’à quel… Quelle est l’étendue du travail que toi, tu fais, etc. C’est aussi un contrat, même si on ne l’écrit pas.

Florence. – Oui. Après, de manière générale, je ne… Par principe, je fais confiance aux gens. Ou alors, il faut vraiment qu’il y ait quelque chose qui m’ait fait tiquer à un moment donné pour que j’aie quelques doutes. Mais sinon, par principe, je fais confiance. Donc je fournis le travail… Déjà, je m’engage sur un délai. Donc là, on se met d’accord, avec l’auteur. Mais quand je m’engage sur une date de remise, je ferai ce qu’il faut pour la respecter, même si je dois travailler la nuit parce que j’ai un souci quelconque à un moment donné, et j’envoie la facture à ce moment-là. Voilà.

Cyril. – D’accord. J’imagine aussi que ça doit fonctionner dans les deux sens. C’est-à-dire que tu prends contact avec quelqu’un qui te dit : « Je vais avoir quelque chose à faire corriger » ; il faut que l’auteur en question te fournisse son document en temps et en heure.

Florence. – Ah ben, oui ! Forcément, je ne peux pas… Moi, c’est à partir du moment où j’ai le document que je peux vraiment dire avec certitude à quel moment je vais le restituer. Parce qu’après, bon, les auteurs avec lesquels je travaille régulièrement, que je connais, on peut le faire… Je peux dire à l’avance à peu près à quel moment je ferai la livraison, parce que je connais le style, je sais à peu près la quantité de travail que je vais avoir à faire dessus. Parce que ça, ça peut varier aussi énormément d’un auteur à l’autre. Quelqu’un qui va mettre beaucoup de dialogues dans ses textes et qui ne va pas les présenter correctement, entre guillemets, d’un point de vue typographique, ça peut demander beaucoup de travail pour faire la mise en forme correcte. A contrario, quelqu’un qui n’a pas de dialogues mais qui fait beaucoup de fautes d’orthographe (il y en a, ça arrive) il va y avoir aussi beaucoup de travail, mais pas du même ordre. Il y a des gens avec lesquels je sais qu’il va falloir regarder précisément, mais globalement le texte à l’origine est déjà de très bonne qualité. Donc dans ce cas-là, les délais sont plus courts. C’est au fur et à mesure qu’on le voit. Mais avec un premier client, quelqu’un avec qui je n’ai jamais travaillé, tant que je n’ai pas vu le texte (au moins rapidement ; pas lu en entier, mais au moins regardé un petit peu pour voir, justement, la qualité de l’écriture au départ) c’est difficile de faire une estimation. Bon, après, je fais quand même une cote mal taillée selon… L’information qui est primordiale au départ, c’est le nombre de signes du texte, et le nombre de signes, espaces comprises. Ça paraît toujours un peu étonnant (souvent, ça paraît étonnant au départ) mais en fait, les espaces, ça demande autant de travail, quand tu fais de la correction typographique, que les autres caractères. Parce qu’il y a les espaces insécables, il y a les espaces normales…

Cyril. – Il y a énormément d’espaces très différentes.

Florence. – Voilà ! Souvent, il y a des espaces en trop. Il faut vérifier qu’il n’y en ait pas trop, ou au contraire qu’il n’en manque pas… Et c’est presque plus… Du point de vue de la correction, c’est presque plus fatigant que la correction du reste, parce que ça demande d’être super vigilant, le regard sur les espaces.

Cyril. – C’est souvent difficile, en regardant un texte, de voir si c’est une espace insécable ou si c’est une espace simple.

Florence. – Oui. Au premier coup d’œil, comme ça, tu ne le vois pas. Sauf que…

Cyril. – On ne le voit pas. Or c’est très important. Surtout quand on passe en édition électronique et que l’espace insécable et l’espace simple ont énormément d’influence sur les retours chariot, enfin les retours à la ligne, pardon.

Florence. – Voilà, oui ! Quand tu as deux points ou un point d’exclamation tout seul en début de ligne, ce n’est quand même pas terrible, quoi !

Cyril. – Ah, c’est moche !

Florence. – C’est moche, et puis au-delà du fait que… Enfin, il y a des gens que ça ne dérange pas, mais…

Cyril. – Ça nuit au sens.

Florence. – Voilà. Ça nuit au sens et puis ça fatigue énormément à la lecture. Enfin, quand c’est un de temps en temps, ce n’est pas trop problématique, mais essaie de lire un texte où il n’y a pas d’espace après la virgule, par exemple, eh bien au bout de deux pages, tu vas dire « Au secours ! » parce que tes yeux n’en peuvent plus. C’est là qu’on se rend compte que la typographie… On a l’impression que ça ne sert pas à grand-chose et en fait, c’est quand on lit un texte qui est mal typographié qu’on se rend compte de tout ce que ça engendre comme fatigue derrière.

Cyril. – Ça me fait penser qu’il faut que je vérifie encore à nouveau que mes textes sont bien ferrés à gauche et pas justifiés, parce que je trouve qu’un texte qui est systématiquement justifié, c’est plus fatigant à lire qu’un texte qui est bien ferré à gauche.

Florence. – Alors ça, ça se discute !

Cyril. – Ça se discute…

Florence. – Moi, j’aime bien les textes justifiés, mais c’est vrai que ça peut créer des situations où, du coup, tu as des espaces énormes entre les mots, par exemple, et ça, ce n’est pas forcément très agréable non plus. Mais oui, c’est vrai que c’est… Après, il y a des règles, si tu veux, et puis il y a d’autres choses où c’est un peu… Chacun peut avoir un peu sa patte aussi. Il y a des choses où on n’est pas non plus obligé de suivre des règles super strictes. On a quand même un peu de liberté dans cette histoire.

Cyril. – Tu fais cette activité de correction vraiment depuis 2009-2010, si j’ai bien compris ?

Florence. – Oui.

Cyril. – Est-ce que tu as vu une évolution du travail et des gens qui te contactaient pour faire ce genre de travail ?

Florence. – Une évolution, non, pas vraiment. Par contre… Bon, j’ai toujours un peu le même schéma. Il y a des gens qui me contactent et puis avec qui ça tourne court très vite parce qu’il ne faut pas non plus se leurrer : la correction, ça prend du temps, donc forcément ça coûte un peu cher. Et puis, il y a quand même des gens, de toute façon, qui se disent qu’un correcteur, ça ne fait pas beaucoup plus que le correcteur du traitement de texte. Donc que quand même c’est cher payé pour pas grand-chose. Ça, il y en avait il y a six ans et il y en a toujours, des gens comme ça. Clairement, les gens avec lesquels je travaille, ce sont des gens qui ont envie de produire quelque chose de qualité. Ce sont des gens qui aiment le travail bien fait, tout simplement. Voilà. C’est assez constant de ce côté-là.

Cyril. – Comment est-ce que toi, tu arrives à gérer le stress entre ta position de correctrice et ton travail d’auteur ? Est-ce que, justement, il n’y a pas une espèce de tension qui se crée entre les deux, où tu te retrouves à écrire quelque chose et puis ensuite, tu as le défaut, la maladie… Enfin, je ne saurais comment dire, mais de le reprendre et d’essayer de le corriger.

Florence. – Oui, effectivement ! Au départ, je me disais : non, il n’y a pas de stress, je fais bien la distinction entre les deux, entre ce que j’écris et ce que je corrige, mais effectivement, sur ce que j’écris, j’ai tendance à être super pénible avec mes propres textes. Je pense encore plus qu’un auteur normal, entre guillemets. Je relis énormément et je retrouve toujours des choses à corriger. Mais j’ai appris, justement, petit à petit, à lâcher prise quand même à un moment donné ! Et alors, finalement, la meilleure chose que j’ai trouvée, c’est de me fixer des dates pour la sortie du livre. Comme ça, je me dis : de toute façon, là, maintenant, tu n’as pas le choix, c’est la dernière relecture. Sachant qu’il y en a eu un certain nombre avant ! Mais voilà, à un moment donné, de toute façon, si tu en fais encore une, tu ne pourras pas être prête dans les temps, donc il faut s’arrêter. Mais sinon, oui, c’est vrai que c’est assez catastrophique. Alors, là, il y a un truc dont je peux parler qui intéresse peut-être plus les auteurs que les correcteurs, enfin mon aspect auteur que correcteur, c’est que… Un truc qui m’a pas mal aidée pour, justement, arrêter de revenir sans arrêt en arrière, de reprendre mes textes quinze fois de suite pour pas grand-chose, c’est de participer au NaNoWriMo. National Novel Writing Month. Truc qui a lieu au mois de novembre. Pour les gens qui ne connaissent pas, le principe, l’idée de base, c’est d’écrire un roman de 50 000 mots sur le mois de novembre. Donc en trente jours. Ça fait un volume d’écriture assez conséquent. Pour moi, ça représente une heure et demie à deux heures par jour.

Cyril. – Facilement, oui.

Florence. – Voilà ! Et de fait, pour arriver à produire ça, j’étais bien obligée de ne pas trop regarder ce que j’avais déjà fait.

Cyril. – Oui. Ce que disent les auteurs américains qui participent au NaNoWriMo, c’est souvent qu’à la fin, ce qu’ils ont, c’est plus du gloubi-boulga qu’autre chose !

Florence. – Eh bien, ça, c’est très variable ! Là-dessus, moi, je ne suis pas d’accord. Évidemment, ça demande à être retravaillé. Ça, c’est…

Cyril. – Oui ! Toujours.

Florence. – C’est assez flagrant, parce qu’effectivement… Moi, je l’ai fait deux fois, en 2013 et 2014.

Cyril. – Bravo, parce que moi…

Florence. – J’en avais entendu parler en 2012, et puis, ça m’avait un peu titillée mais je ne me sentais pas encore prête à le faire. Enfin, ça me paraissait trop énorme, comme défi. Et puis, en 2013, je me suis dit : allez, là, je me lance ! Et le fait est que j’ai été obligée d’écrire, mais vraiment sans revenir en arrière, parce qu’en plus j’avais ma vie normale à côté. Donc c’étaient deux heures de boulot à caler en plus. Donc c’était toujours tard le soir. Bon, ça me convient très bien : c’est un moment où je suis assez efficace. Mais bon, quand même ! Donc je ne pouvais pas du tout revenir en arrière. Donc le fait est que quand j’ai relu le premier jet après coup, il y avait quand même des incohérences assez flagrantes. Donc ça a demandé… C’est un texte qui a demandé plus de travail après qu’un texte que j’aurais écrit auparavant. Mais en tout cas, ça m’a appris, justement, à ne pas sans arrêt recorriger.

Cyril. – Lâcher prise un peu, pour vraiment se concentrer sur l’écriture uniquement.

Florence. – Voilà.

Cyril. – Pour les Français, qui parlent en nombre de pages et non pas en nombre de mots, 50 000 mots, ça fait environ 140 pages. Quelque chose comme ça ?

Florence. – Ça dépend de ta mise en page !

Cyril. – Oui, ça dépend forcément de la mise en page, mais je crois qu’en France, on considère qu’il y a 350 mots par page environ. Entre 350 et 500. Ça fait donc de 100 à 150 pages.

Florence. – Voire un peu plus. Moi, je compterais plutôt dans les 200-250. Le fait est que… Parce que du coup, je me suis mise, effectivement, à regarder en nombre de mots un peu ce que ça donne dans mes bouquins, et puis c’est vrai que pour 50-55 000 mots, en général, je n’ai pas loin de 300 pages. Après, j’ai peut-être une mise en page… Là, je parle de livres au format papier, A5, puisqu’en numérique, ça n’a plus trop de sens.

Cyril. – Bien sûr ! Évidemment.

Florence. – Après, j’ai souvent des chapitres qui sont relativement courts : une dizaine de pages. Donc ça permet… C’est assez aéré comme présentation, mais ça tourne plutôt dans les 250 pages quand même.

Cyril. – Tu parlais de délais. Pour un roman d’environ 200 pages, ça te prend combien de temps pour faire une correction ? Parce que c’est aussi un paramètre à prendre en compte quand on travaille sur les dernières phases avant l’édition. Avant la publication.

Florence. – Oui.

Cyril. – Toi, ça te prend combien de temps ? C’est évidemment variable puisque ça dépend beaucoup de l’écriture et du travail que tu dois fournir, mais du simple au double, ça fait quoi ?

Florence. – Même pas du simple au double : je dirais entre dix et quinze heures, à peu près, de travail.

Cyril. – Donc à étaler, comme ça, sur plusieurs jours.

Florence. – Ah oui ! Parce que tout à la suite, oui, c’est un peu compliqué !

Cyril. – Non, ce n’est pas possible. Ce n’est pas possible !

Florence. – Et puis, alors, du coup, pour préciser un peu ma façon de travailler… En général, l’auteur m’envoie son document au format traitement de texte. Les plus courants sont Word et Open Office. À partir de là, moi, je fais un premier passage sur écran, où je corrige le texte en activant le suivi des modifications, ce qui fait qu’on voit effectivement tout ce qui a été fait. Je mets aussi des commentaires : quand je relève une tournure de phrase qui n’est pas foncièrement incorrecte mais que je ne trouve pas très claire, par exemple, je mets un commentaire pour proposer autre chose (sachant qu’après, c’est l’auteur qui décide). Ou alors si… Par exemple, là, récemment, j’ai corrigé un texte où on passe du mois de mars au mois de mai, et après on revient au mois d’avril.

Cyril. – Aïe ! Est-ce que c’est bien voulu ?

Florence. – Je le mentionne, mais ce n’est pas moi qui vais corriger. Peut-être qu’il faut juste inverser avril et mai, mais je ne sais pas. Ou alors est-ce que le mois d’avril va être transformé en juin ou juillet ? Voilà, ça, c’est un peu l’auteur, selon le schéma qu’il veut mettre en place, qui va modifier ça. Mais en tout cas, moi, je le mentionne. Ou alors, j’ai eu aussi le cas récemment : quelqu’un dont le nom de famille se transforme en cours de route. Ce sont des choses qu’il faut mentionner. En tout cas, je fais un premier passage comme ça sur le fichier numérique. Suite à ça, je fais une copie de ce fichier dans laquelle je valide toutes les corrections que j’ai proposées et je l’imprime. Je fais un deuxième passage sur papier, puisqu’à l’usage j’ai remarqué que sur papier je ne vois pas forcément les mêmes choses qu’à l’écran. Et puis bon, pour les yeux, aussi, c’est plus reposant de changer un peu de support. Donc je retrouve forcément des choses à corriger ! Que je vais reporter sur le fichier numérique. Et je vais faire un troisième passage ensuite, de nouveau à l’écran, sur le fichier que j’ai mis en PDF. Ce qui est encore une autre façon de modifier le support. En tout cas, je fais trois passages sur le texte systématiquement et au troisième passage, forcément il y a très peu de choses à relever, mais il y en a toujours. Donc c’est important de le faire. Voilà. C’est ce qui explique aussi, effectivement, le temps que ça prend. Forcément, le texte, je le lis, mais je ne fais pas que le lire. Je travaille beaucoup dessus.

Cyril. – Est-ce que l’auteur doit tout accepter de tes modifications et de tes commentaires ? Tu disais non.

Florence. – Ah ben, non, pas du tout ! Moi, je lui renvoie après le document, le fichier avec le suivi de toutes les modifications (donc ça, ça permet de voir la quantité de travail qu’il y a eu dessus) et puis je lui envoie le même fichier avec toutes les corrections acceptées. Les commentaires restent en commentaire, parce que là, c’est vraiment lui qui a le choix. Et puis, après, à partir de là… Si l’auteur a envie de changer quelque chose, il a tout à fait le loisir de le modifier ! Moi, je lui transmets le résultat de mon travail ; je ne vais pas après vérifier que c’est bien ce document-là qu’il va distribuer ou faire imprimer. Moi, j’ai une prestation à fournir. À partir de là, l’auteur reste quand même le maître à bord dans l’affaire.

Cyril. – Est-ce que tu leur conseilles aussi de relire ? J’imagine que les gens avec lesquels tu travailles vont de toute façon relire ce que tu as fait correctement, mais est-ce que parfois, quand c’est quelqu’un avec qui tu travailles pour la première fois, tu l’invites particulièrement à relire à nouveau ce que tu lui rends ?

Florence. – Non, j’avoue que je ne le fais pas systématiquement. Parce que pour moi, ça va tellement de soi… Enfin… Et en même temps, il peut y avoir deux positions. Soit la personne a envie de se rendre compte du travail qui a été fait ou a des doutes, éventuellement, même, sur ce que j’ai pu faire (ça peut arriver) et dans ce cas va relire vraiment avec précision tout ce que j’ai fait. Ou alors, au contraire, on peut avoir des gens qui me font confiance à 200 % et se disent : « Je ne vais rien toucher du tout ». Si, je précise quand même toujours… C’est rare qu’il n’y en ait pas, mais s’il n’y a aucun commentaire, je ne vais pas le dire, forcément, mais dès que j’ai mis un commentaire pour un questionnement, une incohérence quelconque, je le précise à l’auteur. Je lui dis qu’il y a des choses que lui va devoir… Sur lesquelles il va devoir statuer.

Cyril. – Pour apprécier un petit peu aussi le travail que tu as fait jusqu’à présent et tes qualités, entre guillemets, de correctrice, est-ce que tu peux nous dire quelques ouvrages sur lesquels tu as travaillé, historiquement ou récemment ?

Florence. – Alors, écoute, ceux qui vont parler au plus de monde, ce sont les livres de Jean-Philippe Touzeau. Les plus connus, c’est toute la série La Femme sans peur. J’ai travaillé sur les cinq qui sont parus. Je ne devrais pas tarder à avoir le sixième ! C’est prévu.

Cyril. – C’est un appel du pied !

Florence. – Non, non, il m’a prévenue ! C’est prévu pour le mois prochain. Donc j’ai travaillé aussi sur les deux premiers épisodes des Trois Extases.

Cyril. – Donc il fait en même temps deux séries. Il continue La Femme sans peur et il lance Les Trois Extases en même temps.

Florence. – Oui, c’est un auteur très prolifique !

Cyril. – Oui, c’est un auteur commercial, qui a bien compris qu’il fallait être commercial pour vendre !

Florence. – Et puis il se débrouille aussi pour que ses produits soient des produits de qualité.

Cyril. – Ah, mais ce n’est pas la quantité qui… Ce n’est pas parce qu’on fournit en quantité qu’on…

Florence. – Oui, c’est clair. Après, Jean-Philippe, je le connais depuis un certain temps puisque j’avais travaillé sur des textes antérieurs, quand il les publiait sur son blog. Plus des histoires un peu plus courtes. On va dire en tout cas que c’est mon client le plus fidèle, le plus régulier, et l’un des plus anciens aussi. Et puis je pense que dans le milieu, on va dire, de l’autoédition, tout le monde le connaît plus ou moins, maintenant.

Cyril. – Maintenant, on va retourner sur ton profil auteur !

Florence. – D’accord.

Cyril. – Tu as déjà publié plusieurs livres. Des récits, des romans… Parce qu’il y avait aussi le fait que tu avais fait des récits dans lesquels il y avait à la fois du texte et des images, des illustrations, des choses comme ça, et des romans. Les derniers romans que tu as publiés, tu es partie dans une série.

Florence. – Oui. Là, c’est un peu Jean-Philippe qui est… Pas complètement à l’origine de l’histoire, mais bon ! Il faut dire aussi que depuis qu’il est en France, on n’habite pas très loin l’un de l’autre, donc on se voit assez régulièrement et c’est lui qui m’avait un peu incitée… Pour moi, l’idée de la série, ce n’était pas du tout dans mon imaginaire du roman, et puis en fait, c’est quand j’ai commencé ce texte qui s’appelle Le chat du jeu de quilles. Au départ, j’étais vraiment partie pour faire un seul tome. Et puis, c’est finalement en déroulant l’histoire… Parce que moi, je ne suis pas non plus… Autant pour ce qui est de la correction, je peux être super organisée et très planificatrice, autant pour ce qui est de l’écriture, ce n’est pas du tout mon style ! Donc je vais plus… Je me laisse un peu porter par l’histoire, par les personnages et par l’inspiration du moment. Et c’est comme ça que ce premier tome, je me suis dit qu’il n’allait pas suffire, ou alors il serait très gros. Et moi, je n’aime pas les livres trop gros, donc j’ai voulu… Je me suis dit : je vais couper en deux. Et puis…

Cyril. – Oh, il fait quand même 300 pages, le premier tome !

Florence. – Oui, mais bon, ce n’est pas très gros ! Et puis, je me suis lancée dans le deuxième et là, je me suis encore dit : non, il n’y aura pas assez. Et puis après, je me suis dit : trois, quand même, il faut que j’arrête. Pour moi, ça me paraissait inimaginable de faire plus. Et puis, en tant que lectrice aussi… Bon, là, ça ne va peut-être pas plaire à Jean-Philippe, ce que je dis, mais je n’aime pas les séries trop longues. Au bout d’un moment, je me fatigue un peu. Voilà. Et puis trois, ça me paraissait bien comme nombre. Ça me permettait de faire un truc suffisamment long, mais sans être interminable. Et puis ça correspondait bien, finalement, à ce que j’avais à raconter dans cette histoire. Donc le premier tome est paru au mois de juin 2014, le deuxième au mois de décembre, et le troisième, là, il va paraître début juin. Donc d’ici une dizaine de jours.

Cyril. – C’est un très bon rythme que de réussir à publier un roman à peu près tous les six mois. Bravo !

Florence. – Eh bien, j’aimerais que ça dure !

Cyril. – Non, mais c’est bien !

Florence. – Oui, mais c’est intense !

Cyril. – Tu sais maintenant que tu peux le faire.

Florence. – Oui, voilà, c’est ça : ça a été le… Au départ, ce n’était pas gagné. Mais là, encore, c’est effectivement le NaNoWriMo qui m’a bien aidée là-dessus.

Cyril. – C’est ce que j’allais dire, oui !

Florence. – Et qui m’a permis de, sans doute, prendre la confiance qui me manquait.

Cyril. – Oui, te débloquer…

Florence. – Et puis, ça a changé un peu ma façon de travailler, quand même, aussi. Justement, ça m’a permis de lâcher prise plus facilement et de laisser plus facilement l’histoire avancer sans trop me prendre la tête sur : « Il faut que ce soit écrit vraiment nickel, comme tu veux que ce soit à la fin ». Maintenant, je sais que de toute façon, après, il faudra retravailler. Enfin, c’est une donnée que j’ai réussi à me mettre dans le crâne ! C’est normal que tout ne soit pas bon dès la première fois, donc on ne va pas se prendre la tête pour ça ! Et on verra plus tard.

Cyril. – Quand tu as sorti le deuxième tome du Chat du jeu de quilles, est-ce que ça a eu un impact sur les ventes du premier ?

Florence. – Oui. Oui, ça a relancé les ventes du premier. Globalement, moi, je n’ai pas… Enfin, j’ai un réseau qui se construit petit à petit mais qui ne faisait pas des milliers de personnes non plus, donc le premier tome, il s’est bien vendu, on va dire, pendant trois mois. Quand je dis bien vendu, c’est aux alentours de cinq ventes par jour, à peu près. Pour moi, c’était pas mal, déjà.

Cyril. – C’est bien, oui.

Florence. – Et au bout de trois mois, ça s’est vraiment cassé la figure. Donc je me suis dit : ma foi, trois mois, c’est déjà pas mal ! Et en fait, quand le deuxième est sorti, ça a manifestement incité des gens à se tourner vers le premier. Et depuis… Le deuxième est sorti, donc, au mois de décembre, donc ça fait cinq mois et depuis cinq mois, ils oscillent tous les deux… Ils sont à peu près au même niveau. Quoique, dernièrement, le premier tome est même remonté un peu mieux classé que le deuxième. Mais bon, ils oscillent entre la 500e et la 1 500e place, à peu près, du classement sur Kindle.

Cyril. – Donc pour le troisième…

Florence. – Ah, pour le troisième, j’espère bien que…

Cyril. – Tu t’attends à un petit coup de pouce aux deux autres !

Florence. – Voilà !

Cyril. – C’est bien, ça. Ça permet aussi de durer, en fait.

Florence. – Oui, c’est clair ! Et puis, bon, cette trilogie, ce sont les premiers livres que je publie, on va dire, sérieusement en numérique. Parce que j’en ai d’autres qui sont sur Amazon, que j’ai publiés un peu… Enfin, au départ, c’était vraiment un peu pour voir, comprendre le mode de fonctionnement, on va dire. J’ai deux recueils de nouvelles, comme ça, qui au départ ont été publiés en papier, vraiment pensés pour le papier, et puis finalement je les ai mis sur Kindle parce que c’était facile, mais sans faire de promotion dessus et puis sans faire grand-chose pour qu’ils se vendent. J’ai fait aussi deux petits textes de science-fiction. Alors, eux, ils ne sont qu’en numérique parce que c’était beaucoup plus court et puis, par rapport au lectorat que je pouvais avoir pour les livres papier, je savais que c’étaient des sujets qui n’intéresseraient pas. Et du coup, ces autres livres-là, ils sont aussi relancés par le succès du Chat. Pas au même niveau, parce que ce n’est pas le même type d’histoire.

Cyril. – Oui, ce sont des styles différents. Ce sont des histoires différentes…

Florence. – Voilà, ce sont des styles différents. Mais en tout cas, j’ai régulièrement des ventes qui arrivent dessus. Plus régulièrement qu’avant.

Cyril. – C’est bien. En fait, tu développes ton lectorat, une espèce de groupe de personnes qui apprécient ce que tu écris. Ils ne vont pas forcément tout acheter de ce que tu écris, mais ils seront quand même plus enclins à le faire que si c’était à chaque fois la découverte d’un auteur et d’un nouvel univers.

Florence. – Oui, oui, c’est clair ! Enfin, je veux dire, moi, en tant que lectrice, c’est pareil : un auteur dont j’ai apprécié un livre, j’ai tendance à en essayer un deuxième. Si le deuxième m’a plu aussi, je vais ajouter un troisième. Et puis il arrive un moment où, de toute façon, j’achète ! Ça peut être n’importe quoi.

Cyril. – Voilà, exactement. Il y a un moment où ça devient automatique : on ne réfléchit même plus ; on appuie sur le bouton. À 2,99 € ou 3,99 € pour un livre, on ne réfléchit pas trop longtemps…

Florence. – Oui, là, on n’hésite pas trop.

Cyril. – Sur ton blog, tu parlais d’un… Peut-être sur Facebook, je ne sais plus, mais tu parlais de quelque chose qui s’était passé le 19 avril. Est-ce que le mystère a été…

Florence. – Eh bien pas vraiment, non !

Cyril. – Tu ne sais toujours pas ce qui s’est passé. Parce que… Juste pour résumer, le 19 avril, tout d’un coup, tu as eu beaucoup de ventes de manière étonnante. Beaucoup plus de ventes que d’habitude. Une quarantaine de ventes sur une seule journée, alors que c’était plutôt sur un rythme, comme tu évoquais, de cinq à dix. Est-ce que tu es abonnée aux offres Kindle quotidiennes ?

Florence. – L’offre éclair ?

Cyril. – Oui, l’offre éclair.

Florence. – Non, je ne suis pas abonnée, mais par contre, je sais que Le Chat n’en a pas bénéficié. Il n’a pas été…

Cyril. – D’accord.

Florence. – Non, je ne sais pas… Je ne sais pas du tout ce qui s’est passé, effectivement. D’un coup, il y a eu… Alors, ça m’a tellement surprise, effectivement, que j’ai fait un article sur mon blog pour poser la question : que s’est-il passé le 19 avril ? Et puis, Jean-Philippe l’a relayé sur Facebook. Donc du coup, il y a pas mal de gens qui se sont un peu penchés là-dessus. Il y en a d’autres qui ont dit : « Ah ben, oui, tiens, moi aussi, le 19 avril, j’ai eu un surplus de ventes ». Et puis on a essayé de creuser un peu. Alors, apparemment, il y avait bien eu ce jour-là une newsletter d’Amazon sur la catégorie de livres dont Le Chat fait partie, mais il n’était pas mentionné dans la liste des ouvrages en question. Donc est-ce qu’il avait bénéficié d’un surplus de curiosité pour cette catégorie-là ce jour-là ? Je ne sais pas. Personne n’a…

Cyril. – C’est très difficile à savoir, oui.

Florence. – On n’a pas vraiment d’explication.

Cyril. – Le mystère reste entier.

Florence. – Voilà. Et depuis, j’ai vu que quelqu’un d’autre avait eu le même genre de pic. C’était dimanche dernier, je crois. Donc manifestement, de temps en temps, il y a des choses inexplicables.

Cyril. – Il y a des choses inexplicables. Il y a aussi des choses qu’on ne sait pas en tant qu’auteur, mais qu’on apprend parce qu’on parle avec d’autres personnes, etc. Il y a notamment des seuils calendaires chez Amazon qui touchent leurs algorithmes. Ça peut avoir un impact sur le classement et les ventes.

Florence. – Ah oui ?

Cyril. – Au bout de trente jours, il y a un impact. Quand on a dépassé les trente jours, normalement, on baisse. Enfin, si on n’a pas bien réussi, il y a tout un ensemble de choses, tout un ensemble d’endroits où on est publié où on n’est plus publié. Le livre disparaît. Il y a trente jours ; il y a quatre-vingt-dix jours. Ce sont les Américains et les anglophones en général qui parlent de ça. Moi, j’ai du mal encore à m’en rendre compte, mais ça fait partie des choses qu’il faut regarder sur Amazon Kindle. Tu vas sortir le troisième tome du Chat du jeu de quilles. Est-ce que tu as déjà envisagé des modifications de ton marketing de cette série ? Par exemple en faisant un recueil ou un omnibus, comme on dit aux États-Unis, avec les trois les uns à la suite des autres. Ou bien en faisant un système de toile d’araignée où tu pousses les gens à acheter le premier pour qu’ensuite ils rentrent dans la série.

Florence. – Alors, non, je n’avais pas… Pour l’instant, je n’ai pas du tout organisé ça.

Cyril. – Ah, ah ! C’est quand qu’il sort, déjà ?

Florence. – Ça fait partie effectivement des choses possibles. Oui, oui ! Voire même probables ! On va voir ça. Peut-être, du coup, pour l’été, là. Je ne sais pas. Ça peut s’envisager, mais c’est vrai que non, je n’avais pas forcément anticipé ce genre de chose. Après, ce que j’avais fait au moment de la sortie du deuxième (et que je vais refaire, là, à la sortie du troisième) c’est au moment de la sortie, de mettre tous les tomes au même prix, à savoir 0,99 €. Ce qui permet de faire un démarrage…

Cyril. – Ah oui, un démarrage éclair.

Florence. – Voilà, un démarrage intéressant, qui permet de monter dans les classements. Même si c’est de façon courte, ça permet toujours d’être vu à un moment donné.

Cyril. – Oui, et puis ça permet aussi de récolter assez rapidement des commentaires sur le livre qui vient de sortir. Ce qui est quand même assez utile.

Florence. – Ce qui est pas mal, oui ! Alors, ça, c’est… Sur le deuxième, comme souvent, j’ai beaucoup moins de commentaires que sur le premier. Et puis, ils sont venus moins vite, aussi, que sur le premier. Donc bon… Ça, je ne sais pas trop pourquoi, mais… Après, c’est clair que les commentaires, ils sont importants, mais manifestement ils sont loin de faire tout puisque tu vois, le deuxième, il en a à peu près le tiers du premier et ils se vendent tous les deux de la même façon en ce moment.

Cyril. – Je pense qu’en fait, quand on a un deuxième tome ou un troisième tome, c’est bien d’avoir juste un seul commentaire qui dit : « Aussi bien que le premier ». Parce qu’en fait, après, les gens rentrent dans une série et… Bon, il y a un taux de renouvellement, un taux d’achat du second quand on a apprécié le premier, qui est très fort.

Florence. – Oui, c’est clair, oui.

Cyril. – Le seul risque qu’on peut avoir en tant que lecteur, c’est : « Est-ce que c’est aussi bien que le premier tome ? »

Florence. – Voilà. Et puis, c’est la grosse pression que tu as en tant qu’auteur, aussi !

Cyril. – Oui, c’est clair.

Florence. – J’avoue que quand le deuxième est sorti, je me sentais nettement moins à l’aise que quand le premier est sorti, parce que je me disais… Bon, les retours ont été super bons ; sur le deuxième, il faudrait que ce soit à peu près du même niveau !

Cyril. – C’est assez bizarre, d’ailleurs, qu’il y ait des gens qui disent : « Encore mieux que le 1 » et qui ne mettent que trois étoiles sur le deuxième.

Florence. – Ah, mais ça, c’est… Les commentaires…

Cyril. – C’est bizarre.

Florence. – C’est toujours un peu étrange. Après, j’essaie de les prendre avec le plus de détachement possible.

Cyril. – Oui, il faut !

Florence. – Ce n’est pas toujours évident !

Cyril. – Il faut mettre un filtre entre soi et les commentaires.

Florence. – Oui, parce que… Bon, j’ai eu un commentaire à une étoile, aussi, sur le premier. Je pense que la personne s’était juste trompée d’achat, on va dire. Je pense que mon livre ne correspondait pas à son style de lecture, donc forcément elle a été déçue par rapport à ce qu’elle attendait. Mais c’est vrai que les commentaires, parfois tu as peu d’étoiles mais un commentaire écrit super positif, et à l’inverse, des fois, tu as cinq étoiles et quand tu vois le commentaire qui est mis avec, tu te dis : je ne suis même pas sûre que la personne l’ai lu en entier !

Cyril. – Comme tu vas le sortir bientôt, est-ce que tu as pensé à faire une précommande chez Kindle ? Parce qu’ils ne sont publiés que sur Kindle pour le moment.

Florence. – Oui. Alors, je les fais en papier aussi, mais en papier à l’ancienne, on va dire ! C’est-à-dire que je travaille avec un imprimeur et que je les distribue, moi. Mais en fait, c’est… Très honnêtement, je me serais bien focalisée juste sur le numérique, sauf que dans la vie réelle…

Cyril. – Il y a plein de gens qui n’ont pas de numérique.

Florence. – Voilà. J’ai des gens, autour de moi, qui sont habitués à mes livres papier et qui ne voulaient que du papier, donc j’ai continué. Mais c’est vrai que je ne fais pas vraiment le forcing pour les distribuer en papier.

Cyril. – D’accord. Et donc, la précommande, comme tu vas sortir le tome 3…

Florence. – Oui.

Cyril. – Tu as prévu de faire une précommande ? Parce que maintenant, tu peux faire des précommandes chez Kindle.

Florence. – Oui, j’ai vu passer ça. J’avoue que je n’ai pas eu le temps de me pencher sur la question et de voir vraiment comment ça fonctionnait et ce que ça peut éventuellement apporter ou pas, donc là, non, j’avoue que je n’ai pas prévu la précommande.

Cyril. – L’avantage… Alors, le risque, avec la précommande, c’est si tu ne fournis pas bien une version finale dans les temps. Amazon n’est pas content du tout.

Florence. – D’accord. Mais dans les temps, c’est quoi ? C’est la date…

Cyril. – C’est, je crois, dix jours avant la date de sortie.

Florence. – D’accord.

Cyril. – Tu peux fournir… Enfin, quand tu t’inscris en précommande, il faut que tu fournisses une épreuve. Et puis, dix jours au plus tard avant la sortie, il faut que tu aies fourni une version finale. Donc ça, c’est le risque. Et si tu ne le fais pas, ils ne sont pas contents du tout. Ils ne suspendent pas ton compte, mais tu n’as plus accès aux précommandes pendant très longtemps.

Florence. – D’accord. Bon. Donc, de toute façon, là, c’est clair : pour le troisième, c’est trop juste !

Cyril. – C’est trop juste. Ce qu’il y a par contre comme avantage, c’est que tu as… Déjà, tu as accès à une catégorie en particulier, qui est la catégorie des précommandes, et qu’il y a des gens qui regardent les précommandes.

Florence. – Ah, pour le classement, tu veux dire !

Cyril. – Et ça rentre aussi dans les classements. Donc tu as déjà un peu plus de visibilité, avant même que tu ne fasses ton lancement et que tu ne parles beaucoup de ton livre parce qu’il est disponible. Et en plus, ça joue dans les classements. Et puis, par rapport aux gens qui t’ont déjà lue, c’est aussi un bon moyen de leur donner quelque chose. Parce que le prix de ta précommande peut être différent du prix de lancement.

Florence. – D’accord. Alors, là, à ce niveau-là, moi, de toute façon…

Cyril. – Ça reste à affiner, ça reste à réfléchir, bien sûr.

Florence. – Oui. Au niveau du lancement, moi, comme je te disais, je mets le livre de toute façon à 0,99 € pour tout le monde.

Cyril. – On ne peut pas moins cher.

Florence. – Et après, pour les gens qui ont déjà lu et qui se sont inscrits à la newsletter… Eux, ils ont droit à un extrait. Je leur ai déjà envoyé un extrait, là, cette semaine, en avance. Donc ils ont les… Et puis, bon, je ne fais pas un extrait de cinq lignes !

Cyril. – Bien sûr ! L’intérêt, c’est d’avoir des gens qui ont envie de lire.

Florence. – Ben oui ! J’ai mis je ne sais plus combien de chapitres… Enfin, ça fait quelque chose comme soixante pages, je crois, donc ils ont de quoi commencer à entrer dans l’histoire. Et puis, forcément, je les laisse en plan à un moment où ils se disent : « Argh ! »

Cyril. – Sur un cliffhanger. Au secours, au secours, je le veux tout de suite !

Florence. – Voilà !

Cyril. – C’est aussi pour eux… Alors, si tu fais ce genre de chose et que tu as ton livre qui est en précommande, c’est l’occasion…

Florence. – Oui, ça peut booster les précommandes.

Cyril. – De les booster et de leur dire : « Si vous voulez lire la suite, vous pouvez déjà le précommander. Faites-le maintenant, parce que si vous ne le faites pas maintenant, vous allez oublier. »

Florence. – C’est vrai.

Cyril. – Bon. Ben, écoute, merci beaucoup, Florence. Donc Florence Clerfeuille. La dernière chose que je voulais te demander, c’est si c’était ton vrai nom de famille ? Parce que je trouve ça tellement magique, d’avoir quelqu’un qui a un nom qui se rapporte à l’activité qu’il a, etc. Moi, mon premier pédiatre, mon pédiatre quand j’étais bébé, s’appelait le Dr Bébé…

Florence. – Alors, je ne m’appelle pas Bébé, mais oui, Clerfeuille, c’est mon vrai nom, oui.

Cyril. – Tu étais prédestinée.

Florence. – En fait, c’est mon vrai nom… C’est surtout mon mari que je dois remercier ! Parce que je ne suis pas née Clerfeuille !

Cyril. – Oui, ben justement, tu t’es construite et tu as choisi inconsciemment… Non !

Florence. – Non, j’ai même publié mes premiers livres avec mon nom de jeune fille, qui était Blanchet. Donc ce n’est pas tout à fait la même chose. Et puis au départ je me suis dit : puisque j’en ai déjà sous ce nom-là, je vais continuer sur le même. Et puis, j’ai bien vu que quand même on me faisait des réflexions : « Mais pourquoi tu ne signes pas Clerfeuille ? En plus, avec un nom pareil ! » Donc voilà. Mais c’est marrant parce que ça fait plusieurs fois qu’on me pose la question, à savoir est-ce que c’est un pseudo ou pas ? Eh ben, non, ce n’est pas un pseudo du tout…

Cyril. – Non, mais c’est tellement… C’est tellement… Voilà, c’est beau, quoi ! Écoute, merci beaucoup. Donc je rappelle que tu sors le troisième tome du Chat du jeu de quilles début juin. Je vais bien évidemment mettre un lien vers toutes les informations que tu nous as données : ton blog, ta démarche, les entretiens que tu as déjà eus, dans la page qui présente le podcast. Je te remercie encore une fois.

Florence. – Mais avec plaisir !

Cyril. – Et puis, j’espère qu’on aura l’occasion de rediscuter d’une autre série, de parler d’autres projets, plus tard.

Florence. – Avec plaisir.

Cyril. – Merci. Au revoir.

Florence. – Au revoir.