Podcast Autoédition : épisode 15

Le podcast pour publier sur Kindle iBooks et Kobo Le podcast pour publier sur Kindle iBooks et Kobo

Amélie Antoine fait partie de ces auteurs qui ont mis leur livre sur Amazon Kindle, ont fait quelques efforts pour le faire lire et l’offrir à des lecteurs, et puis vu leur roman grimper, grimper, grimper dans le palmarès d’Amazon.

A priori, elle n’imaginait pas être plusieurs jours première du classement, voir son roman afficher une telle forme seulement un mois après sa sortie, ni poursuivre son insolente cavalcade encore aujourd’hui.

Ensemble, nous parlons du parcours sur la boutique Kindle, des chiffres de vente quand Amazon vous offre d’être un “Offre éclair Kindle”, de son organisation pour écrire et des affres de l’auteur que les éditeurs papiers traditionnels viennent courtiser.

Pour écouter directement cet épisode :

Vous pouvez retrouver Amélie sur sa page Facebook ou sur son blog,  et son roman “Fidèle au Poste” sur la boutique Kindle, mais uniquement sur celle-ci.

Petit apparté sur ce qu’a fait Amélie dans le bon sens : elle a aussi mis son livre sur Babelio, gardé le contact avec les lecteurs sur Goodreads, et essayé de donner des marque-page avec le titre de son roman (euh, non… ça ça n’a pas été très efficace).

J’en profite pour vous conseiller de penser tout de suite à créer un compte auteur sur Goodreads si ce n’est toujours pas fait. Même si cette communauté n’est pas très francophone, les français n’en sont pas absents, loin de là ! Et ce sont essentiellement des lecteurs (pour une fois).

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Nouveau et intéressant ! J’ai profité des compétences de Florence Clerfeuille que j’avais reçue dans l’épisode 12 pour enfin faire retranscrire les entretiens. J’ai commencé avec celui-ci, mais ils seront probablement tous retranscrits. Si vous n’avez pas le temps de nous écouter, vous pouvez donc le lire ici.


 

Bonjour et bienvenue dans l’épisode 15 du podcast autoédition e-book, pour publier votre livre sur Kindle, iBooks et Kobo. Je reçois cette fois Amélie Antoine, qui a rencontré le succès depuis avril avec son premier roman Fidèle au poste. Ensemble, nous discuterons du parcours de son roman, de l’importance des commentaires et de la couverture, de ses techniques personnelles pour écrire et organiser ses romans, et de ce que le futur (et une possible édition papier) représente pour elle. Vous retrouverez les notes de cet épisode sur www.edition-ebooks.com/15.

Cyril. – Bonjour, Amélie. Merci d’avoir accepté cet entretien avec moi.

Amélie. – Bonjour, Cyril. Merci beaucoup de m’avoir invitée.

Cyril. – Je reçois donc aujourd’hui Amélie Antoine, qui depuis quelques semaines est souvent dans le top des meilleures ventes sur Kindle, pour un roman qui est sorti en mars si mes souvenirs sont bons : Fidèle au poste. Est-ce que tu peux nous raconter, nous faire un pitch de ton roman, s’il te plaît ?

Amélie. – Ah, ça, c’est toujours la question-piège parce que… Il est tellement difficile à résumer, il y a tellement de choses à ne pas dire, que c’est toujours très compliqué quand on me demande de quoi parle Fidèle au poste. Alors, sans trop en dire, c’est une histoire qui se déroule à Saint-Malo. Il y a trois personnages. Il y a un couple de trentenaires : Chloé et Gabriel, qui sont très unis, et puis un jour leur vie bascule et Chloé disparaît. C’est au même moment qu’Emma, une jeune photographe, s’installe dans la petite ville, et pendant que Gabriel essaye de faire son deuil, ils se rencontrent et… Après, il faut lire la suite, parce que… Parce que je ne peux pas en dire plus !

Cyril. – Oui, on peut se retrouver avec une figure un peu classique, qui est une sorte de triangle amoureux. Voilà… Avec une personne qui est présente, absente, on ne sait pas trop. Enfin, j’espère que je n’en ai pas trop dit !

Amélie. – Non, non. Par contre, je peux préciser que c’est un roman où les trois points de vue des personnages alternent et on suit chacun des personnages tout au long de la lecture.

Cyril. – Oui. Ce roman, tu l’as publié donc en mars si mes souvenirs sont bons ?

Amélie. – C’est ça, oui, début mars.

Cyril. – Et qu’est-ce qui s’est passé ? Qu’est-ce qui lui est arrivé pour qu’il soit aujourd’hui dans le top d’Amazon ?

Amélie. – Eh bien, ça, c’est le grand mystère. Effectivement, j’ai publié début mars et mi-avril il était dans le top 3 d’Amazon, donc c’est quand même… En un peu plus d’un mois de temps, donc très rapide. Bien sûr, quand je l’ai publié, j’espérais que ça marche et que ça ne reste pas tout au fond des milliers de pages d’Amazon, mais je n’avais aucun contrôle sur ce qui allait pouvoir se passer. J’en ai parlé, bien sûr, autour de moi : à toutes mes connaissances, mes collègues, mes amis, la famille… Ça n’a pas forcément suscité un intérêt extrêmement vif de tout le monde, mais tout le monde ne lit pas, donc voilà. J’ai fait toutes sortes de… J’ai contacté des blogueurs, j’ai imprimé des marque-pages que je suis allée distribuer en ville…

Cyril. – Moi, je suis sûr que c’est ta distribution de marque-pages…

Amélie. – Ça doit être ça ! Ça a été le moment particulièrement épique où les gens avaient peur que je leur vole leur sac à main ou que je leur demande un renseignement absolument impossible à… Je pense que c’est ça !

Cyril. – J’ai eu qu’une expérience similaire. Faire de la distribution… Je ne sais pas comment font les gens pour faire de la distribution de prospectus dans la rue. Ça doit être horrible.

Amélie. – Surtout que je voulais distribuer les marque-pages, mais pas à la volée. J’essayais de parler aux gens, en leur disant : « Voilà, j’ai écrit un roman ; si vous avez envie de le découvrir, il est disponible sur Amazon ». Voilà. Il fallait leur parler. C’était surtout leur parler qui était compliqué, parce que je… Voilà, je ne suis pas non plus… Ce n’est pas toujours évident d’aller parler à des inconnus. D’autant plus qu’ils ne sont absolument pas enclins à s’arrêter… Mais bon, c’est une expérience comme une autre !

Cyril. – Donc tu as fait ton marketing local…

Amélie. – C’est ça.

Cyril. – Ton marketing social autour de toi, et puis ça a démarré comme ça, sans vraiment que tu saches pourquoi… Pourquoi ça marchait. C’est peut-être juste simplement la qualité du roman qui fait que tout le monde a mis de bons commentaires et les bons commentaires ont fait grimper ton roman grâce aux algorithmes magiques d’Amazon.

Amélie. – C’est possible. De toute façon, il y a une grande part de mystère. Après, je pense qu’il y a des dizaines de romans qui sont excellents et qui ne grimpent pas forcément comme ça. Je pense qu’il y a vraiment quelque chose d’assez inexplicable sur pourquoi celui-ci et pas un autre, malgré tout. Et je pense aussi que c’est… Amazon, c’est une sorte de cercle vertueux. C’est-à-dire qu’une fois qu’on a réussi… Une fois que… Après le premier mois où j’ai réussi à être dans le top 3, les choses s’enchaînent d’elles-mêmes. C’est-à-dire qu’on est beaucoup plus visible et comme on est beaucoup plus visible, il y a beaucoup plus de lecteurs inconnus qui se disent : « Tiens, c’est au top des ventes ; je vais l’essayer, ce roman, après tout ».

Cyril. – Oui, pas seulement au top des ventes, parce qu’en fait, plus tu as de personnes qui lisent, plus tu apparais aussi dans les « la personne qui a lu ce livre a aussi lu… » etc.

Amélie. – Oui.

Cyril. – Tu as les tops de catégories, qui ne sont pas forcément des tops de ventes, mais qui peuvent aussi être des tops de popularité.

Amélie. – Oui.

Cyril. – Des choses comme ça. Donc tu apparais beaucoup plus souvent. Et puis ta couverture est très bien réalisée, donc elle intrigue. Elle sort beaucoup du lot.

Amélie. – Oui. Alors c’est vrai que la couverture, j’avais lu… Je pense que c’était un article, une interview d’Aurélie Valognes, à l’époque, qui parlait de la couverture qu’elle avait choisie pour Mémé dans les orties. Sur le fait de choisir quelque chose qui se démarque, qui soit assez voyant… Pour que la petite image de quelques centimètres-carrés ressorte bien par rapport aux dizaines d’autres, centaines d’autres, milliers d’autres. Et voilà ! Je savais que je voulais quelque chose qui soit… Qui attire le regard. Et quand je suis tombée sur la photo que j’ai choisie, sur un site de photos, j’ai su que c’était celle-là, parce que pour moi elle correspond tout à fait au livre et c’était exactement ça que je recherchais. Donc voilà : la couverture, c’est vrai que j’y ai passé du temps, mais je pense que c’est… Quand on est un auteur autoédité, je pense que c’est vraiment extrêmement important de tout donner sur la couverture. Une fois qu’on a fini le livre, évidemment !

Cyril. – Oui. Est-ce que dans les premières semaines tu as rapidement eu quelques commentaires sur la page Amazon ?

Amélie. – Oui. J’ai rapidement eu des commentaires. Après, je n’ai plus vraiment l’historique de combien j’en ai eu…

Cyril. – Non, mais je sais que quand on publie un livre, dès qu’on l’a publié, dès qu’on reçoit un e-mail d’Amazon, la première chose qu’on va faire, c’est voir s’il y a quelqu’un qui a déjà mis un commentaire. Et on fait la même chose le lendemain. Et on fait la même chose le surlendemain.

Amélie. – Ah, mais je peux te dire qu’on continue à faire la même chose encore aujourd’hui ! Il y a quelque chose… C’est ça, aussi, l’autoédition : c’est quand même assez grisant d’avoir le contrôle. Enfin, ce n’est pas le contrôle, mais voilà, de voir…

Cyril. – Ce contact direct, oui.

Amélie. – D’avoir, voilà, ce contact direct. À chaque coup que, le matin, j’ouvre ma page et que… Des fois, il y en a un ; des fois, il n’y en a pas ; des fois, il y en a deux… Voilà ! Je me dis : « Ah, il y en a un nouveau ! ». Donc là, c’est la boule au ventre de me dire : « Est-ce que ça va être un mauvais ? » et puis je descends et après je découvre, et voilà ! Et c’est vrai que je continue à tous les lire. Alors, je ne sais pas s’il y a un moment où il y en a tellement qu’on ne les lit plus, mais moi je les lis tous. Et à chaque fois que quelqu’un en met un, que ce soit un bon ou un mauvais, je reste très… Très reconnaissante devant ces gens qui prennent la peine de mettre un commentaire.

Cyril. – Oui. Parce que ce n’est pas forcément facile de mettre un commentaire, si par exemple on a lu sur le Kindle même. Il faut retourner sur le site web, parce que franchement, taper un commentaire sur le Kindle… Même un Kindle Fire, c’est pénible. Moi, j’ai un Paperwhite. Sur un Paperwhite, c’est horrible.

Amélie. – D’accord.

Cyril. – J’ai toujours envie de laisser un commentaire sur mon Paperwhite et je me lève pour aller sur mon ordinateur parce que franchement… Je n’y arrive pas ! Et puis, si on a envie, surtout, d’écrire un commentaire assez long, avec des choses intéressantes dedans pour les autres lecteurs, il vaut mieux le faire sur ordinateur. Donc merci aux gens qui laissent des commentaires, parce que c’est vraiment appréciable, même quand c’est un commentaire qui dit que, après tout, le roman n’a pas plu ou le livre n’a pas plu. Parce qu’on n’est pas obligé de plaire à tout le monde !

Amélie. – Ah, non ! De toute façon, ça aussi, c’est quelque chose dont j’ai dû… Que j’ai dû accepter.

Cyril. – Oui.

Amélie. – Ben oui, parce qu’au début… Enfin, les premiers commentaires que j’ai pu avoir, qui étaient…

Cyril. – Un petit peu durs.

Amélie. – Oui. Même si je n’en ai pas eu des aussi durs, comme j’ai pu voir sur d’autres livres… Oui, ça fait mal au cœur, et puis… Et puis on a vite l’impression que tout s’écroule. Et on se dit : « Non, mais en fait, c’est absolument nul, ce que j’ai fait ! » Voilà. Après, aujourd’hui, j’arrive à avoir le recul et me dire : « Pour un qui est comme ça, il y en a dix qui sont autres et puis oui, on ne peut pas plaire à tout le monde, donc c’est la vie ». Et je pense qu’il n’y a aucun auteur qui plaît à tout le monde et aucun livre qui plaît à tout le monde non plus. Donc c’est aussi apprendre ça.

Cyril. – Une chose que tu n’as pas faite, et je t’en félicite, c’est ne pas répondre aux gens qui mettaient des commentaires désagréables.

Amélie. – Ah, ça ne m’est même pas venu à l’idée !

Cyril. – En tout cas, c’est quelque chose qu’il ne faut pas faire. Il faut éviter au maximum de se retrouver dans une guerre de forum sur ces commentaires. Ça, c’est… Je pense, si un jour vous avez de mauvais commentaires, vous qui nous écoutez, faites attention : ignorez-les !

Amélie. – Oui. Moi, j’avoue que les seules choses qui me dérangent, sur les commentaires, ce sont les gens qui spoilent. Ça, j’ai vraiment du mal.

Cyril. – Oui, ça, c’est difficile.

Amélie. – Parce que toute la clé de mon roman tient sur les deux rebondissements qu’il y a dans l’intrigue, et c’est vrai que quand les gens mettent trop d’éléments là-dessus, ça me fait vraiment mal au cœur et je me dis : « J’espère que les prochains lecteurs ne les liront pas » parce que ça n’a absolument aucun intérêt. C’est comme regarder Sixième sens en sachant que… Voilà !

Cyril. – Comment est-ce que tu as fait pour écrire ce roman ? Ça t’a pris du temps ? Ça a été rapide ? Tu as eu une idée et ensuite tu l’as filée, ou tu as construit une structure directement ? Est-ce que tu as des outils particuliers ? Etc. Je te pose plein de questions générales, mais ensuite on va rentrer dans le détail de chacune si tu veux.

Amélie. – Oui. Alors, pour commencer, j’ai toujours eu envie d’écrire un roman et je me suis toujours dit que j’en étais absolument incapable. Autant écrire une nouvelle, ça me semblait tout à fait dans le domaine du possible, autant écrire un roman… Ça m’a toujours laissée admirative de lire des centaines de pages dans un livre et de me dire : « Mais comment ils font pour raconter autant de choses ? Tenir aussi longtemps ? » Voilà. Donc ça, c’était le départ. Donc j’ai écrit, dans mon adolescence, au lycée, étudiante, plein de débuts de romans qui n’ont jamais eu de suite parce que j’avais l’image de l’écrivain qui se met devant son ordinateur ou devant son cahier sans aucune idée préconçue de ce qu’il va écrire et qui… Voilà, le stylo file et puis ça fait un roman au bout d’un certain temps ! Ça, c’était mon image de l’écrivain. Et puis un jour, il y a une amie avec qui je discutais qui me dit : « Mais tu sais, moi, j’ai lu des livres sur comment écrire un roman et puis il paraît qu’il faut avoir toute l’idée bien détaillée avant, tout le plan de l’intrigue, et voilà, c’est comme ça qu’on fait. » Et alors pour moi, ça a vraiment été une révélation parce que je ne m’étais jamais dit que les écrivains… Qu’on pouvait écrire un roman en ayant bâti tout un plan et que c’était quelque chose, finalement, de plus rigoureux et scientifique, entre guillemets, que l’artiste qui se laisse inspirer au fil du vent.

Cyril. – C’est… Moi, je pense que la créativité s’exprime plus facilement quand on a un cadre bien défini.

Amélie. – Voilà. Donc j’avais quand même une idée globale d’une histoire. Mais vraiment les prémices. Pour faire juste une nouvelle, quoi. Et donc, pendant quelques semaines, je me suis dit : « Je vais effectivement essayer de bâtir un vrai plan ». Choisir les rebondissements, choisir dans chaque chapitre ce qui allait bien pouvoir se passer… Voilà. Donc ça a pris à peu près un mois. C’était le mois de juillet dernier, du coup.

Cyril. – D’accord.

Amélie. – Et puis, finalement, c’est vrai qu’en y réfléchissant, en y réfléchissant, ça a fini par venir. Les personnages se sont étoffés ; ils ont commencé à avoir une vraie existence. Ça aussi, c’était quand même quelque chose de très important. Au bout d’un moment, il n’y avait plus que Chloé, Gabriel et Emma dans ma tête. C’était limite si j’étais capable de tenir une conversation parce qu’il n’y avait plus que ça. Et à ce moment-là, je me suis dit : « bon, ben, je pense que là, il va falloir commencer ! »

Cyril. – Il va falloir faire quelque chose parce que sinon…

Amélie. – Ça ne va plus être tenable de ne penser qu’à ça.

Cyril. – Oui, parce que tu as une famille. Enfin, je veux dire…

Amélie. – Oui ! Mon conjoint est très très patient !

Cyril. – Tant que tu ne l’appelles pas Gabriel, tout va bien !

Amélie. – C’est ça ! Donc du coup, voilà, j’ai commencé à écrire début août et j’étais encore en congé maternité, donc j’avais mon petit garçon avec moi. Je reprenais le travail en septembre, donc je savais aussi que si je voulais l’écrire, il fallait… Il fallait y aller, quoi ! Donc j’ai écrit au mois d’août.

Cyril. – Donc tous les jours, régulièrement…

Amélie. – Oui.

Cyril. – Devant son ordinateur… Ou devant un cahier, un ordinateur ?

Amélie. – Devant un ordinateur. Et souvent avec mon fils dans son transat. C’est d’ailleurs ce qui est écrit… C’est d’ailleurs la dédicace du livre, au tout début : « À Samuel, qui m’a longuement contemplée en suçant son pouce ».

Cyril. – D’accord. Un outil en particulier ? Non, juste un traitement de texte de base ?

Amélie. – Oui, oui. Et un tableau Excel pour l’intrigue, quand même.

Cyril. – D’accord. Tu as utilisé un tableau Excel pour bien noter… Découper un petit peu ce que tu allais faire.

Amélie. – Voilà. Il y avait chaque chapitre, avec du coup chaque personnage puisque chaque chapitre est avec les trois voix. Donc je n’avais pas tout dès le départ : il y avait des endroits où c’était blanc et je me disais : « bon, ben, de toute façon, je verrai au moment où j’y serai ». Parce que même si j’avais quelque chose de très construit, de très détaillé, il y avait quand même de la place pour de la liberté. C’est-à-dire qu’il y a eu des moments où… j’ai eu le sentiment que les personnages m’emmenaient à d’autres endroits, que leur caractère, finalement, il n’était pas si tranché que ça, qu’ils pouvaient réagir autrement que ce que j’avais prévu… Enfin, voilà, c’est ça aussi qui fait que l’écriture, ça reste un plaisir. C’est que si on doit juste écrire tout ce qu’on a pensé avant, ça devient plus une corvée qu’autre chose, quoi.

Cyril. – Et tu procédais comment ? Est-ce que tu relisais ce que tu avais fait la veille et tu continuais ? Ou tu découp… Est-ce que tu l’as fait de A jusqu’à Z ou est-ce que tu as fait A, puis N, puis B, puis X…

Amélie. – Ah non, j’ai vraiment écrit dans l’ordre. J’écrivais… J’essayais de faire un chapitre par jour, du coup, avec les trois personnages.

Cyril. – D’accord.

Amélie. – Ce sont des chapitres assez courts, donc…

Cyril. – Oui, mais c’est bien. Ça permet aussi de donner une impulsion vraiment à la fois à ton écriture et au roman.

Amélie. – Oui. Donc souvent, j’écrivais le matin. Le chapitre, là. Ensuite, je regardais ce qui était prévu pour le prochain.

Cyril. – Ah, ça, c’est important, aussi : tu regardais ce que tu devais faire le lendemain.

Amélie. – Oui, parce que ça me donnait… Parce qu’alors, en fait, souvent, j’attendais que mon conjoint rentre, le soir, pour aller courir.

Cyril. – D’accord.

Amélie. – Voilà. Parce que j’avais quand même été enfermée un peu toute la journée, à ne pas pouvoir forcément sortir comme je voulais, donc voilà, je… J’avais commencé la course à pied et donc j’allais courir le soir et pour moi c’était vraiment aussi le moment où… Ben, je n’avais rien d’autre à faire que penser à ça, avec ma musique, au chapitre que j’allais écrire le lendemain, et il y a eu beaucoup d’idées que j’ai trouvées… La plupart de mes idées, je les ai trouvées comme ça, en courant.

Cyril. – C’est Émile Zátopek qui disait que les plus grandes idées dans ce monde ont été faites en courant.

Amélie. – Ah !

Cyril. – Émile Zátopek étant, pour les gens qui ne connaîtraient pas, un athlète qui a couru du 5 000 mètres au marathon et qui est vraiment très important dans l’histoire du sport et de la course à pied.

Amélie. – D’accord. OK. Moi, je ne cours pas du tout à ce niveau-là !

Cyril. – Non, moi non plus ! Mais je sais aussi à quel point le fait de faire de la course à pied ou de la marche à pied, de sortir un petit peu, est vraiment un… une activité qui permet de donner un grand coup d’air à son cerveau.

Amélie. – Oui.

Cyril. – Donc tu préparais déjà, en fait, inconsciemment, ce que tu allais aussi écrire le lendemain.

Amélie. – Oui ! Ça permettait d’étoffer certaines choses, d’avoir des idées sur l’intrigue… Il y avait aussi des moments où j’étais juste bloquée, donc voilà ! J’étais bloquée, ou il y avait aussi des choses où… Vu que le roman repose sur un retournement de situation, il y avait des moments où pour écrire c’était très compliqué parce que je me disais : « Non, mais alors je voudrais dire ça, mais en fait je ne peux pas ! » « Je voudrais qu’elle fasse ça, mais en fait elle ne peut pas », et puis « Alors, ça serait sympa qu’il se passe ça, mais en fait je ne peux pas l’écrire de cette façon »… Voilà, il y avait tout ce côté-là qui était difficile à appréhender.

Cyril. – Bon, ce n’était pas le premier livre que tu écrivais. Tu as écrit un recueil autobiographique, bon, qui n’a rien à voir avec un roman : c’est un livre que tu as écrit à l’époque où ta mère était malade. Gravement.

Amélie. – Oui.

Cyril. – Ce livre-là t’a quand même aussi appris, d’une certaine manière, à écrire.

Amélie. – Oui.

Cyril. – Enfin, à finir quelque chose d’écrit. Et c’était pour toi une fin à plusieurs titres.

Amélie. – Oui.

Cyril. – Ce livre-là, tu l’avais autoédité ou tu étais passée par un autre canal ?

Amélie. – Alors, je l’avais envoyé à plusieurs maisons d’édition. J’avais été… Il y a une petite maison d’édition qui l’avait accepté et qui pour le publier me demandait d’en prévendre 150 exemplaires. Donc ça veut dire que ça ne me coûtait rien mais que pour que le premier tirage ait lieu, il fallait qu’il y ait 150 exemplaires prévendus. Donc j’ai passé des mois et des mois à…

Cyril. – À essayer de le faire ?

Amélie. – Voilà, parce que 150, c’est quand même beaucoup ! Surtout que ce n’était pas un roman. Je veux dire que je n’avais pas non plus une énorme envie de communiquer sur…

Cyril. – Oui, c’est une histoire de maladie et de deuil.

Amélie. – Voilà, c’est ça.

Cyril. – C’est difficile.

Amélie. – Autant mes proches, ma famille, mes amis… Ils connaissaient mon histoire, autant des gens plus éloignés, de simples collègues… C’était quand même plus compliqué pour moi de parler de ça. J’étale quand même ma vie et celle de ma mère et celle de mes proches dedans, donc… Enfin, c’était plus compliqué ! Donc j’ai essayé d’en prévendre 150 exemplaires, et puis il y a eu un moment où par pur hasard une directrice de collection chez L’Harmattan m’a contactée. Parce qu’il se trouve qu’elle était aussi bénévole dans une association de deuil, donc elle avait eu mon mail pour la prévente, en fait. Et elle m’a dit : « Écoutez, si vous n’arrivez pas à le prévendre, envoyez-moi votre manuscrit et on pourra peut-être le publier ». Donc je lui ai envoyé. Elle m’a rappelée quelques jours après ; elle m’a dit : « C’est bon, on le publie ».

Cyril. – D’accord.

Amélie. – Donc voilà, du coup j’ai laissé tomber avec la première maison d’édition, même si j’étais arrivée à 110 ou 120 exemplaires et qu’eux m’ont dit : « À 120, on peut le faire quand même ». Je leur ai dit : « Non, mais écoutez, ce n’est pas grave, je passe par L’Harmattan » et comme ça… Voilà, j’avais envie que ce soit derrière moi, parce que ça avait été quand même quelques mois assez compliqués. De faire autant de promotion. De contacter toutes sortes d’associations… J’avais envie que ce soit enfin derrière moi.

Cyril. – Fermer… Oui, fermer cet épisode. Passer à autre chose.

Amélie. – C’est ça. Donc du coup, il est sorti chez L’Harmattan en juin 2011 et puis… Et puis voilà, après, je ne me suis pas particulièrement intéressée aux ventes ou à la diffusion parce que ce n’était pas… Ce n’était pas la chose… Pour moi, en fait, le simple fait que le livre papier existe, l’aventure était terminée. Voilà. Alors, je…

Cyril. – Il n’y avait pas de finalité autre que le fait d’avoir écrit ce livre et de l’avoir publié.

Amélie. – Non. Et c’est vrai qu’à l’époque, la question de l’autoédition, je pense que je ne me la suis même pas posée.

Cyril. – Mais par contre, quand tu as publié Fidèle au poste, là, c’est redevenu quelque chose d’important, de reprendre le contrôle de ce livre.

Amélie. – Oui, parce que c’est vrai que quand j’ai publié Fidèle au poste et que ça a commencé à bien marcher, je me suis quand même dit : « Mais Combien de temps, je ne sais absolument pas ce qu’il devient. » Je sais qu’il est disponible sur les plateformes. En librairie, on peut le commander, mais je n’ai absolument aucune idée des ventes. Il est disponible en numérique ; je n’ai jamais autorisé la diffusion en numérique. Et puis voilà : trois ans après (un peu plus, même) j’ai eu l’impression d’être dépossédée de mon texte. Alors qu’il n’y avait pas forcément une raison valable à ça, mais voilà, j’ai eu le sentiment, en fait, de me dire : « Cette chose-là, je l’ai donnée, alors que c’est une partie de moi et en fait je veux que ça m’appartienne ». Sans doute parce qu’il y avait le côté autoédition avec Fidèle au poste et le fait que je maîtrisais tout. Que si j’avais envie de retirer mon livre, je pouvais. Si j’avais envie de changer quelque chose dans le texte, je pouvais… Et là, je n’avais rien. Donc j’ai contacté L’Harmattan et je leur ai dit que je voulais qu’il soit… Que Combien de temps ne soit plus commercialisé. Et savoir s’il était possible de rompre le contrat à l’amiable. Ils m’ont tout de suite dit oui.

Cyril. – Oui, ça s’est plutôt bien passé.

Amélie. – Oui, oui, ça s’est bien passé. Alors, après, ça a mis du temps parce qu’ils n’ont certainement pas que moi à penser ! Mais voilà : deux… Oui, deux mois après, je pense que j’ai reçu le courrier me disant que je récupérais mes droits d’auteur. Il a disparu des plateformes de vente. Moi, je l’ai relu difficilement, retravaillé un petit peu (pour des effets stylistiques qui me faisaient un peu mal au cœur) et puis je l’ai republié sur KDP. Alors, ce n’était pas du tout dans l’idée d’en faire la promotion comme Fidèle au poste. C’était juste… J’avais envie que ça me réappartienne, que ce soit à moi et que si un jour j’ai envie de simplement l’enlever, je puisse le faire.

Cyril. – Donc tu l’as publié. Est-ce que tu publies sur toutes les plateformes ou est-ce que tu publies uniquement sur Kindle ?

Amélie. – Je publie uniquement sur Kindle. Ça a été une réflexion que j’ai eue, forcément, au début. Au tout début, Fidèle au poste, je l’avais mis aussi sur Kobo et sur Smashwords.

Cyril. – Oui.

Amélie. – Et puis… Et puis j’ai changé d’avis, en fait, assez rapidement parce que j’ai lu… Je lis régulièrement le blog de Jacques Vandroux, par exemple, qui donne quand même pas mal de conseils sur l’autoédition, et je me suis rendu compte que pour monter dans les classements, la part des exemplaires…

Cyril. – Donc il est dans KDP Select.

Amélie. – C’est ça.

Cyril. – Et en fait tu as bénéficié de l’accélération de KDP Select.

Amélie. – Ben oui ! Je pense que… Je pense honnêtement que ça aide au début. Alors, après, c’est une part infime des ventes, mais je pense qu’au début, vu qu’Amazon compte ces emprunts ou ces… Amazon premium, je ne sais pas exactement comment ça s’appelle, mais en tout cas chaque emprunt est comptabilisé comme une vente, ça aide à augmenter le… À monter dans le classement au début. Quand on n’a pas encore beaucoup de ventes.

Cyril. – Ça, et puis ils sont plus prêts à faire un petit effort pour mettre en avant ton livre s’il est dans KDP Select. Quelque part. D’ailleurs, il y a un peu plus d’une semaine, tu étais… Enfin, il y a deux semaines, presque, tu étais dans l’offre Kindle du jour.

Amélie. – Oui, l’offre éclair, oui.

Cyril. – L’offre éclair. Comment ça se passe, ce genre de chose ? Je n’ai pas relu les conditions de KDP Select là-dessus. Ils font une promo de ton livre pendant une journée…

Amélie. – C’est ça. Pendant 24 heures, oui.

Cyril. – Pendant 24 heures. Tu touches des droits comme s’il était au prix normal, ou…

Amélie. – Eh bien je touche 70 % de 0,99 €.

Cyril. – D’accord.

Amélie. – Puisqu’il était en offre éclair à 0,99 €. Il doit être proposé à moins 70 % si je… J’espère ne pas me tromper, mais je pense que c’était ça. Donc comme le prix habituel est de 2,99 €, l’offre éclair est à 0,99 €.

Cyril. – Et est-ce que ça a un effet sur les ventes, d’avoir ce genre d’e-mail, ce genre de promotion ou d’e-mail qui est mis en avant ?

Amélie. – Oui ! Oui, oui ! Clairement, oui ! C’est vrai que… Au départ, donc, c’est Amazon qui m’a contactée (c’était pendant les vacances de Pâques) pour me proposer d’avoir une offre éclair courant mai et j’avais hésité parce que c’est vrai que je n’avais aucune idée de l’intérêt de la chose. Est-ce que ça valait… Est-ce que ça apportait vraiment quelque chose ? Et puis j’en avais discuté avec d’autres auteurs, et puis je m’étais dit : « Allez, on va faire confiance aux gens d’Amazon, qui doivent quand même savoir ce qu’ils font ! » et donc elle m’avait écrit quelques jours après pour me dire qu’il serait proposé, du coup, le 31 mai. En fait, la question que je me posais au début, c’était… Voilà, j’étais numéro un des ventes toutes catégories confondues ; donc est-ce que ça avait un intérêt, de…

Cyril. – Est-ce que ça sert à quelque chose ? Voilà.

Amélie. –Voilà, c’était ça la réflexion de départ. Et… En plus, je pense que j’ai eu la chance que l’offre éclair soit un dimanche, parce que les week-ends, c’est quand même les jours où il y a le plus de ventes.

Cyril. – Oui, enfin, ils vont faire des offres éclair pendant le week-end sur des ouvrages dont ils savent qu’ils vont avoir une bonne réception.

Amélie. – J’avoue que je ne m’y connais tellement pas en marketing que je me suis juste dit que j’avais de la chance que ça tombe un dimanche ! Mais oui, très très honnêtement, ça… Le jour de l’offre éclair, j’ai eu 900 ventes.

Cyril. – Ah oui !

Amélie. – Donc c’est juste…

Cyril. – C’est autant que le nombre de livres d’un ouvrage qui marche bien, comme on dit classiquement.

Amélie. – Oui.

Cyril. – Puisqu’on dit qu’un livre marche bien à mille exemplaires.

Amélie. – Oui. Non, mais c’était vraiment… Je ne m’attendais absolument pas à ça. Donc…

Cyril. – Et ça a bien reboosté, par ailleurs, ton livre, qui était un petit peu descendu dans le classement, quand même.

Amélie. – C’est ça. Il était arrivé dans les 6 ou 7. Généralement, il terminait 6 ou 7. Donc forcément, avec l’offre éclair, il est revenu numéro un. Et voilà : moi, je pensais vraiment que dès le lendemain, c’était bon, j’allais retomber…

Cyril. – Oui, tu pensais que ça allait disparaître le lendemain. Mais non !

Amélie. – Ça me paraissait logique, mais en fait non. Du coup, c’est vrai que… Là, depuis… Ben, depuis dix jours, ça l’a quand même bien reboosté puisqu’il reste dans le top 3, donc je ne peux que dire du bien de cette offre qu’on m’a faite !

Cyril. – L’avenir, pour toi, c’est quoi ? C’est un nouveau roman ? C’est…

Amélie. – Alors oui, j’ai commencé il y a quelques semaines un nouveau roman. J’avoue que les commentaires…

Cyril. – Oui, parce qu’à l’origine, ce n’était pas forcément une envie de devenir auteur et d’y passer tout ton temps, etc. Tu as un emploi par ailleurs qui est un emploi alimentaire. Tu as une activité différente.

Amélie. – Oui, j’ai un planning bien chargé. Ça, c’est sûr. Et oui, quand j’ai fini Fidèle au poste, je me suis vraiment dit : « Voilà, tu peux cocher ça dans ta liste des choses que tu voulais faire dans ta vie ; écrire un roman, ça c’est fait ». Voilà. Et puis… Et puis c’est vrai que les retours des lecteurs que j’ai depuis le mois de mars… C’est…

Cyril. – Ça donne envie de continuer.

Amélie. – C’est ça : ça donne envie de continuer. Et le fait de se dire que ce qu’on a écrit plaît, qu’il y a des gens qui aimeraient bien en lire un deuxième, qui… Ben oui, forcément, je me dis : « Mais en fait, oui, je pourrais tout à fait en écrire un deuxième ». Pourquoi pas ? Ça me plairait. Et donc voilà : j’ai commencé à réfléchir à une intrigue… Et donc j’ai commencé à écrire une fois encore que le plan était tout à fait bâti. Alors, après, je ne sais absolument pas quand est-ce qu’il pourra sortir parce que…

Cyril. – Oui, tu as un emploi du temps chargé. Tu as un nourrisson, encore…

Amélie. – Oui, et puis surtout, il est probable que Fidèle au poste sorte en librairie.

Cyril. – Ah ! Les éditeurs papier, qui veulent retarder les versions électroniques du deuxième roman pour pouvoir continuer sur le premier roman !

Amélie. – Je ne sais pas. En fait, on n’en a absolument pas… Enfin, de toute façon, je n’ai encore signé avec aucune des maisons qui m’ont contactée. Juste, je sais que j’ai quand même ça dans un coin de la tête de me dire : « Si tout se passe bien et que, effectivement, Fidèle au poste sort en 2016, qu’est-ce qui se passe pour un second roman ? » Est-ce qu’on sature un lectorat si on lui en propose un deuxième ? Je ne sais pas. Et en même temps, je ne me vois pas rester avec un roman qui de toute façon sera écrit à peu près au même rythme que Fidèle au poste. Je ne me vois pas rester un an et demi avec un manuscrit dans un tiroir. Ça me fendrait le cœur. Mais je ne sais absolument pas comment ça peut se passer.

Cyril. – Comme Amélie Nothomb !

Amélie. – Oui, c’est ça !

Cyril. – Un roman tous les 1er septembre !

Amélie. – Oui, non mais c’est surtout… Je pensais… Parce que mon père m’a dit il y a quelques jours : « Mais Amélie Nothomb, moi, j’ai lu plein de fois qu’elle en avait plein ses tiroirs et qu’elle en sortait un tous les ans et qu’elle les avait écrits des années avant ». Donc…

Cyril. – Ce serait bien qu’Amélie Nothomb arrête de travailler avec l’éditeur papier pour la partie électronique et qu’elle sorte un roman tous les six mois pour sortir les romans qui sont dans ses tiroirs !

Amélie. – Voilà ! Mais bon, elle a quand même un grand tiroir !

Cyril. – Elle doit avoir un énorme tiroir. Ou alors elle a une grosse clé USB.

Amélie. – Aussi. Possible !

Cyril. – Oui, oui, c’est vrai que c’est un problème de riche, je dirais, le fait de devoir s’empêcher de publier pour pouvoir s’adapter à la problématique d’un éditeur papier.

Amélie. – Voilà. C’est ça.

Cyril. – Mais ça reste un problème !

Amélie. – Oui ! Après, voilà, c’est un problème que tous… Je pense que des gens rêvent d’avoir, mais…

Cyril. – Mais je… Et puis je sais que c’est un problème qui est difficile à vivre parce que je connais d’autres auteurs qui ont aussi fait le choix d’être hybride et d’avoir une version électronique et une version papier. Et quand ils sont dans la version papier, eh bien la version papier contraint la sortie des versions électroniques. Ils pourraient sortir un roman tous les ans, mais à cause de la version papier, ils ont eu un décalage comme ça d’un an et demi ou un peu plus qui derrière se répercute sur tout le reste.

Amélie. – Ben oui et c’est vrai que ce n’est pas forcément… Après, moi, il y a le fait aussi que je l’ai écrit… Fidèle au poste, je l’ai écrit à l’été 2014 ; je l’ai publié en mars 2015. Donc voilà : moi, déjà, quand je l’ai publié, il était très loin. Pendant tout ce temps, je n’ai pas écrit. Donc là, je recommence à écrire. Voilà ; il y a ce décalage en plus. C’est vrai que quand j’ai… Les commentaires qu’on me… Parfois… Par exemple, des fois, quand j’ai des amis qui le lisent, ils me disent : « Là, dans ce chapitre-là, il se passe ça… » et je les écoute et je me dis « Ah bon, j’ai écrit ça ? » parce que c’est très loin et je ne le connais pas par cœur.

Cyril. – Oui, c’était il y a longtemps.

Amélie. – Même si tous les gens avec qui j’en parle ont l’air de penser que comme je l’ai écrit je le connais par cœur… Alors, je connais par cœur mes personnages. Par exemple, je sais ce qu’ils feraient ou ce qu’ils ne feraient pas, dans une situation. Par contre, les anecdotes que j’ai pu raconter, je ne les ai pas forcément toutes en tête. Bon, maintenant, un peu plus parce que je l’ai relu il n’y a pas longtemps parce que j’avais envie de le retravailler un petit peu, mais voilà. Donc c’est vrai que le fait qu’il ait été écrit déjà il y a quasiment un an… De la même façon, celui que j’écris là (je pense qu’il sera terminé à l’été), à un moment il sera loin derrière moi. Aujourd’hui, les gens qui me parlent de Gabriel, Chloé et Emma… Ben, moi, mes personnages, ce ne sont plus ceux-là, en fait. Voilà : il y a cette sorte, un peu, d’anachronisme. Mais c’est comme ça !

Cyril. – Oui, je comprends. Bon, si je peux me permettre de te donner un conseil (ce qui n’est pas vrai du tout : je ne peux pas me permettre !) : il ne faut quand même pas oublier que l’édition électronique aujourd’hui malheureusement ne représente encore que 4-5 % du marché du livre. Donc il y a encore énormément, énormément de lecteurs dans le papier qui vont certainement être ravis de lire Fidèle au poste. Donc tu aurais probablement tort de ne pas succomber aux sirènes de l’édition papier.

Amélie. – Après, c’est une aventure encore complètement différente que de voir son livre en librairie.

Cyril. – Oui, bien sûr. Il est aussi disponible sur Createspace ?

Amélie. – Oui. En papier, du coup, oui.

Cyril. – D’accord. Ça tourne ? Ou c’est…

Amélie. – Par rapport aux ventes électroniques, c’est…

Cyril. – Il ne faut pas comparer par rapport aux ventes électroniques, mais en soi, est-ce que ça se vend, par ailleurs ?

Amélie. – À peu près une centaine d’exemplaires par mois.

Cyril. – C’est déjà bien. Très bien !

Amélie. – Moi, je trouve ça bien. Personne ne connaît mon nom ; donc ça veut dire que les gens sont prêts à parier dix euros un peu au hasard.

Cyril. – Oui, parce qu’évidemment, un livre papier, comme il y a le papier, ça coûte beaucoup plus cher qu’une version électronique.

Amélie. – Voilà ! Et j’ai fait le prix le moins cher possible sur le site.

Cyril. – Tu ne gagnes pas un centime.

Amélie. – Peut-être vingt centimes. En fait, je voulais que ça tombe sur un chiffre rond. Je n’ai pas réussi, ça fait 9,97 €. Mais en tout cas, je voulais qu’il soit à moins de dix euros.

Cyril. – Oui, c’est un cadeau. C’est un cadeau, presque, que tu fais.

Amélie. – Oui… En fait, la version papier, je l’ai faite au départ uniquement pour les connaissances qui disaient : « C’est bien beau d’avoir écrit un roman, mais nous, l’électronique, on ne connaît pas. »

Cyril. – Le Kindle, qu’est-ce que c’est que ce machin ?!

Amélie. – C’est ça ! Donc du coup, je me suis dit… Je me suis renseignée et effectivement ce n’était pas très compliqué de le proposer en version papier. Donc je l’ai fait pour ces gens-là, en fait, au départ. Voilà ! Donc moi, ça ne m’embête pas particulièrement. Je trouve que pour un auteur inconnu, ne pas dépasser les dix euros, c’est bien. Donc je n’ai pas l’intention de bouger ça ; ça ne me gêne pas particulièrement.

Cyril. – Oui, enfin, il fait quand même 312 pages en version papier. Moins de dix euros, c’est… C’est vraiment pas cher.

Amélie. – Après, c’est parce que…

Cyril. – Si ça avait été 12 ou 13… Après, c’est difficile de choisir…

Amélie. – Je ne suis pas non plus une professionnelle du… Moi, je sais que je fais partie des gens qui attendent toujours la sortie des livres en poche, donc voilà. Je sais que je suis plus dans ces prix-là quand j’achète moi un livre.

Cyril. – Oui. Ce serait bien, d’ailleurs, que Createspace se mette à faire du poche au lieu de faire seulement du broché.

Amélie. – Oui, parce que moi, au départ, je m’étais dit : « Je vais le sortir dans le plus petit format possible, comme un poche » et puis après, en fait, je me suis rendu compte que ce ne serait qu’en broché et du coup le prix minimum ce serait ça. J’ai préféré ne pas me prendre de marge, en me disant : « Mon objectif, ce n’est pas particulièrement de gagner de l’argent ; c’est que des gens aient envie de me lire ».

Cyril. – Non, mais il ne s’agit même pas de par rapport à toi et gagner de l’argent ! Là, c’est… Quand je te parlais d’un prix un peu plus élevé, c’est vraiment le rapport entre la quantité et le prix. 312 pages, moins de dix euros, c’est… Sur un livre neuf, ce n’est pas possible.

Amélie. – Après, c’est vrai que je n’avais pas spécialement de références en la matière. Autant le prix de 2,99 € pour la version Kindle, j’ai découvert assez rapidement que c’était le prix…

Cyril. – Oui, c’est un bon prix. Enfin, c’est dans les clous.

Amélie. – Voilà. Autant, pour celui-là, je n’avais pas spécialement… Et puis quand je l’ai mis, c’était vraiment pour des connaissances qui allaient le prendre en papier. Et après, je ne l’ai pas bougé, en fait.

Cyril. – Toujours pour parler du futur, est-ce que tu as déjà réussi à t’organiser un petit peu pour pouvoir reproduire pour un deuxième roman, peut-être pas le même succès, mais au moins essayer de continuer, garder ta fan base, ton groupe de fans et ton groupe de lecteurs ? Est-ce que tu collectes des adresses e-mail ? Est-ce que tu prends contact avec… Est-ce que tu réussis à avoir le contact des lecteurs ? Ce genre de chose.

Amélie. – Pas particulièrement. J’ai une page Facebook auteur.

Cyril. – Oui. C’est déjà bien !

Amélie. – J’ai une sorte de blog, que j’alimente… Enfin, ce n’est pas un blog dans le sens où je ne l’alimente pas en écrivant tous les jours quelque chose. C’est plus un site.

Cyril. – Plus un site de référence, pour savoir où te trouver.

Amélie. – C’est ça. Mais non, sinon, je ne fais rien de plus pour le moment. C’est vrai que je suis un peu tiraillée en ce moment entre l’écriture du deuxième et la promotion du premier. Parce que j’essaie toujours de réfléchir à comment je pourrais en faire parler davantage, qu’est-ce qu’il serait encore possible de faire pour que d’autres lecteurs le découvrent… Ce sont deux choses différentes, et pas sur le même ouvrage en plus. Donc je ne suis pas encore du tout dans la possible promotion du deuxième, qui n’est même pas encore terminé !

Cyril. – D’accord. Mais bon, si tu as déjà au moins un site, une page Facebook… On peut te contacter aussi sur ta page… Sur ton blog. Et puis on peut s’abonner, quand même, j’ai l’impression, pour recevoir des nouvelles ?

Amélie. – Oui, je pense qu’on peut s’abonner et qu’on reçoit une notification quand il y a un nouvel article qui est mis. J’avoue que je n’y connais pas grand-chose en fait, je maîtrise plus Facebook ! Il y a aussi une adresse mail à la fin du texte.

Cyril. – En tout cas, merci beaucoup pour cet entretien. J’espère qu’on rediscutera ensemble en entretien du deuxième roman.

Amélie. – Avec plaisir !

Cyril. – Et que ce sera en tout cas… Pas forcément un succès de la même manière, mais en tout cas pour toi un succès personnel, dans le sens où tu auras atteint tes objectifs. Et merci d’avoir pris le temps de partager cette expérience avec tout le monde.

Amélie. – Merci beaucoup à toi de m’accorder la chance de pouvoir discuter de tout ça. Au revoir !

Cyril. – Au revoir.