Ecrire, un vrai métier, avec Fred Godefroy

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Un épisode presqu’entièrement consacré à l’écriture avec Fred Godefroy, qui a créé la formation méthode Godefroy et anime quo-ti-dien-ne-ment  son Club des Ecrivains.

De par son expérience personnelle en tant qu’écrivain de romans populaires de genre, mais aussi en ayant tâté du scénario, Fred a une expérience bien riche. Qu’il partage avec des écrivains dans ses formations.

Pour écouter directement cet épisode :

 

Vous retrouverez Fred sur son site, et les formations à la carte dans sa boutique. Pas de lien d’affiliation, de pub, de sponsoring : cet épisode est avant tout là car je sais à quel point faire une formation est un accélérateur de compétences, un booster pour aller plus loin.

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Vous retrouverez aussi ici la retranscription de l’entretien avec Fred :

Cyril. – Bonjour, et bienvenue dans le podcast autoédition. Aujourd’hui, j’ai le plaisir de recevoir mon petit frère, Frédéric Godefroy, qui n’est pas du tout mon petit frère ! Bonjour, Frédéric.

Frédéric. – Salut, Cyril !

Cyril. – Alors, j’ai dit Frédéric Godefroy parce que c’est ton nom complet, mais on t’appelle Fred.

Frédéric. – C’est ça.

Cyril. – Et on s’appelle tous les deux Godefroy, mais alors ce sont deux branches complètement éloignées l’une de l’autre.

Frédéric. – Ah, je crois qu’on n’a pas de liens familiaux, à ma connaissance.

Cyril. – Peut-être il y a très très très très très longtemps, à l’époque de Godefroy de Bouillon !

Frédéric. – Exactement !

Cyril. – Alors, Fred, aujourd’hui, tu es essentiellement responsable des studios Godefroy, où tu animes le club des écrivains, qui est un club quotidien, et tu fais des formations sur l’écriture.

Frédéric. – C’est ça.

Cyril. – Est-ce que tu peux nous présenter tes deux activités, s’il te plaît ?

Frédéric. – Oui, bien sûr. Donc, les studios Godefroy, c’est une société qui a été créée fin 2014, début 2015, et qui est issue d’un vieux rêve que j’avais depuis une quinzaine d’années, qui était de proposer enfin en France une formation pour les auteurs, pour apprendre leur métier. Parce que, contrairement à ce qu’on pense, le métier d’auteur, comme tous les métiers artistiques du monde, ça s’apprend et il n’y a pas que le talent. Le talent, ça va permettre d’aller plus vite, plus loin, plus rapidement, mais ça s’apprend.

Il y a des tas de techniques pour apprendre à raconter des histoires, à structurer son histoire, à imposer un personnage, à créer l’empathie avec le lecteur… Bref, il existe beaucoup de choses. Et en France il n’y avait rien. Donc c’est ma huitième entreprise et les studios Godefroy, il y a deux choses importantes dedans : c’est le club des écrivains et la méthode Godefroy.

Cyril. – D’accord. Alors, la méthode Godefroy, c’est quelque chose que tu as lancé en décembre et là, tu es en train de le refondre complètement.

Frédéric. – C’est ça, exactement ! Donc la méthode Godefroy, c’est deux mois et demi de cours quotidiens. Trente minutes minimum. Les gens participent : c’est du live. S’ils ne peuvent pas participer, ils ont bien entendu accès au replay, et pendant huit semaines ils apprennent à écrire une histoire de A à Z. Et l’objectif est qu’au bout de ces huit ou neuf semaines de cours, ils aient un manuscrit d’entre cent cinquante et deux cents pages, qui soit prêt à proposer à un éditeur traditionnel. En plus, il y a un accompagnement personnalisé. Je suis chaque personne, je l’accompagne également dans le temps puisqu’il y a beaucoup de monde qui ne va pas écrire en huit semaines, mais en un peu plus. Donc c’est vraiment une formation qui se veut la plus complète possible et qui représente au total 45 heures de vidéo et beaucoup d’interviews en bonus d’auteurs qui viennent expliquer comment ils travaillent, des choses comme ça.

Cyril. – D’accord. Tout ça, tu ne l’as bien évidemment pas sorti de ta botte comme ça. Tu as par ailleurs une expérience assez importante et diverse. Déjà, tu es dans une famille d’écrivains puisque ta maman que tu as interviewée… Bon, je suis désolé, j’ai tué le suspense ! Mais ta maman a écrit elle aussi beaucoup de nouvelles, d’histoires, qui ont été publiées pendant de nombreuses années, et toi-même… Pardon ?

Frédéric. – Plus de 500 nouvelles.

Cyril. – Oui, plus de 500 nouvelles. Et toi, tu es écrivain. Tu as été publié dans le circuit traditionnel… Et tu as aussi eu d’autres expériences autour de l’écriture.

Frédéric. – Oui, tout à fait, puisque j’ai été également producteur. Et lorsque j’étais producteur, bien entendu, j’avais des scénaristes qui travaillaient dans les studios de la production et je les encadrais pour créer des histoires. Donc ça a été une période où je me suis également enrichi en comprenant comment les gens travaillaient en équipe, comment on pouvait dans des formats très courts (puisque c’étaient des courts et des moyens métrages) imposer une histoire, et c’est venu compléter cette première expérience que j’avais. Et pendant trois ans, auparavant, j’avais étudié l’écriture de scénarios et j’étais un peu dans le monde du cinéma. Donc j’ai appris à écrire, en réalité, à travers des scénarios, avant d’arriver au roman.

Cyril. – D’accord. Donc tu avais là deux visions des choses. C’est-à-dire, tu avais une vision à l’intérieur, quand on écrit, et puis tu avais pris de la hauteur et ça t’avait permis aussi de réfléchir à la manière dont on écrit.

Frédéric. – Exactement. Et comment on peut transmettre une certaine énergie d’écriture, et des techniques d’écriture, à des scénaristes qui en connaissent certaines, mais qui n’en connaissent pas d’autres, comment les faire travailler ensemble alors qu’ils vont écrire naturellement sur des genres différents… Et c’est comme ça que j’ai compris un certain nombre de choses sur le métier d’écrire et que c’était un véritable métier.

Cyril. – Oui. C’est un véritable métier. Alors, la raison pour laquelle j’étais vraiment ravi de t’avoir ici, c’était qu’en France, les formations pour écrire, ce n’est pas terrible…

Frédéric. – Il n’y en a pas beaucoup, effectivement !

Cyril. – Il n’y en a pas beaucoup, voilà. Alors, moi, j’écoute beaucoup les podcasts américains, anglais… Je suis les auteurs américains et anglais, et dans le monde anglophone, trouver une formation pour faire de l’écriture commerciale, transformer son activité d’écrivain en une activité pas seulement littéraire, mais où on gagne de l’argent régulièrement, on ne trouve pas ça à tous les pas de porte, mais on trouve ça quand même assez fréquemment.

Frédéric. – Il y en a énormément. Énormément ! Et tous les grands auteurs ont leur atelier d’écriture. Chaque université a des cours d’écriture. On trouve également sur Internet tout un tas de cours divers et variés pour écrire des thrillers, pour écrire des choses comme ça. C’est très très très riche ! Parce que les Américains, qui sont très professionnels dans leur démarche, ont compris depuis plus d’un siècle que c’était un métier. Et ils proposent aux auteurs d’apprendre leur métier ! Et d’ailleurs, 90 % des auteurs édités aux États-Unis ont suivi un cursus de formation ! Donc on voit bien que le fait de se former a un impact direct sur le succès et sur la réussite.

Cyril. – Ça, de toute façon… Enfin, bon ! La formation, le fait d’apprendre quelque chose, d’apprendre à faire quelque chose, c’est toujours… Entre donner cinq euros pour jouer au loto et donner cinq euros pour une formation…

Frédéric. – Exactement.

Cyril. – Tu parlais de trucs aux États-Unis. Là, j’ai vu récemment (c’est MarieBo qui l’a mis sur la page Facebook) il y a une masterclass de James Patterson par exemple. James Patterson, c’est quelqu’un de très connu. En France, il n’y a pas grand-chose.

Frédéric. – Je crois qu’on n’est que deux à en faire, concrètement. Il y a Anaël Verdier qui le fait, et moi-même.

Cyril.Anaël Verdier, qui avait déjà écrit un livre qui est disponible sur Kindle, avant toi, même. Après, il y a quelques choses qui se lancent un petit peu dans un circuit plus universitaire, un peu plus parisien.

Frédéric. – Oui, effectivement. Il y a Gallimard, par exemple, qui lance des formations. Je crois que ça coûte 1 500 euros les vingt-quatre heures, qui sont étalées sur plusieurs semaines. Mais ça reste un peu théorique. De ce que j’en ai vu et lu, c’est quelque chose qui est très théorique et où on ne rentre pas dans : comment est-ce qu’on crée une fiche de personnage ? comment est-ce qu’on crée une intrigue ? de manière très factuelle, pratique. Voilà, ce sont des auteurs certes très connus, certes qui ont un bagage intellectuel très important, mais ça reste très universitaire dans l’idée. Et ce n’est surtout pas ce que moi, je voulais faire. Parce que ça existe déjà, en France, ce genre de chose. Il y a régulièrement des choses comme ça qui se lancent. Mais ce n’est pas avec ça qu’on apprend à écrire un roman, à se mettre devant sa feuille et à structurer des phrases, à créer des récits.

Cyril. – Le club des écrivains, c’est donc du quotidien ?

Frédéric. – Exactement. Le club des écrivains, c’est vingt-cinq lives par mois. Vingt-cinq directs par mois, tous les soirs. Chaque soir, j’aborde un sujet qui est autant lié aux techniques d’écriture qu’au marketing, qu’à l’édition, qu’à la gestion de son lectorat, par exemple. Donc c’est quelque chose qui est relativement varié, même si au moins 50 ou 60 % sont liés aux techniques d’écriture. Mais effectivement, les membres demandent aussi que j’élargisse ça pour qu’ils puissent avoir une vision complète du métier.

Cyril. – Oui, parce qu’une des choses importantes dans ta formation, c’est que toi, ta… Alors, moi, le podcast s’appelle autoédition e-book, mais on n’est pas vraiment… En fait, on ne se croise pas, parce que toi, ta politique, c’est : « Écrivez, trouvez un éditeur papier, et après ce sera bon » !

Frédéric. – Écrivez de la fiction, trouvez un éditeur traditionnel, et après vous faites ce que vous voulez. Vous pouvez aller vers l’autoédition si vous en avez envie, mais commencez par l’édition traditionnelle, et tout est fait pour ça, effectivement.

Cyril. – D’accord. Donc tu as aussi, pour cet aspect-là du travail d’auteur et d’écrivain, des techniques pour…

Frédéric. – Bien sûr ! Il existe des techniques pour trouver le bon éditeur et pour court-circuiter un petit peu ce long chemin qui doit normalement amener vers l’édition. Il y a des techniques. Alors, il faut un petit peu… Il faut oser des choses, il faut s’autoriser à essayer certaines choses, mais bien entendu il y a des techniques qui existent. On peut se créer un réseau d’auteurs. On peut se créer un réseau d’éditeurs traditionnels, relativement facilement aujourd’hui, mais effectivement il faut se bouger. Il faut aller dans les salons, il faut aborder d’une certaine manière, il faut connaître le pitch de son histoire, l’avoir préparé, savoir ce qu’on va dire déjà d’avance, et on se crée un réseau. Il existe des tas de moyens ! Par exemple, le premier conseil que je donne, c’est : « N’écrivez pas un roman avant de savoir à qui vous l’adressez ».

Cyril. – Oui, ça, c’est du marketing.

Frédéric. – Ce n’est pas obligatoirement du marketing, ça correspond à des lignes éditoriales. Le nombre d’éditeurs…

Cyril. – Non, mais c’est du marketing…

Frédéric. – Oui, c’est l’esprit marketing. C’est ça.

Cyril. – C’est le marketing de l’auteur qui cherche un éditeur.

Frédéric. – C’est ça. C’est du marketing d’auteur, exactement. Parce qu’une fois qu’on sait chez qui on va, ça ne va pas transformer son écriture, mais au moins on sait qu’on correspond à une ligne éditoriale existante. Alors que la plupart des jeunes auteurs qui se lancent, ils écrivent leur bouquin, ils vont l’envoyer à plein d’éditeurs, et la plupart des éditeurs chez qui ils vont le lancer, de toute façon ne les éditeront pas parce qu’ils n’éditent pas ce genre-là. Donc l’auteur se retrouve au fond du trou parce qu’il a reçu des réponses négatives, alors que c’est juste dû à un mauvais ciblage et à une mauvaise réflexion en amont de ce qu’était son texte et de à qui il était destiné.

Cyril. – Alors, comme tu as fondé les studios Godefroy en 2014 et que tu as déjà eu le temps d’écumer la formation, j’imagine que tu as des gens qui en sont sortis et dont on peut parler ici.

Frédéric. – Alors, effectivement, il y a… Alors, c’est très long ! Il faut être conscient que dans l’édition traditionnelle, c’est très long. Ce n’est pas comme l’autoédition, qui peut aller très vite : on prépare son livre, on le met sur Amazon et plouf on voit tout de suite si ça fonctionne. Il y a le processus de lecture, de… Il faut franchir un certain nombre d’étapes, etc. Donc c’est très très long. Aujourd’hui, sur les quarante premiers étudiants, il y en a dix qui ont terminé un roman. Les premiers manuscrits commencent à circuler chez les éditeurs. Et je pense que je saurai à peu près dans un an si cette formation… Enfin, quel taux de cette formation a eu du succès.

Cyril. – Mais il y a déjà d’autres personnes qui t’ont suivi pour des conseils sur l’écriture et tout ça. En témoignage, tu as Romain Godest.

Frédéric. – Oui, c’est ça. Donc Romain a commencé il y a deux ans maintenant. Il a commencé dans l’autoédition et en fait on s’est rencontré au moment où il préparait la sortie de son premier roman. Je lui ai donné pas mal de conseils. Il est venu chez moi, on a discuté de nombreuses fois, et aujourd’hui il a arrêté l’autoédition. Il se retrouve avec huit livres (enfin, huit romans, je crois) qui sont édités de manière traditionnelle. Donc les éditeurs ont racheté ce qu’il avait fait en autoédition et d’autres l’ont contacté pour qu’il écrive de nouveaux textes. Il commence même à créer… Enfin, il devient… Il commence à créer des collections chez certains éditeurs également. Donc c’est allé très très vite. Effectivement, il fait un témoignage dans lequel il dit : « Sans Fred, je serais toujours en train d’envoyer mes manuscrits à travers la France dans l’espoir d’être édité ».

Cyril. – Donc tu as Romain Godest et tu as aussi Guy Poursin en témoignage. Guy que j’ai interviewé il y a quelques épisodes.

Frédéric. – Oui, tout à fait. Guy est quelqu’un que j’apprécie beaucoup. Lui, il est dans le livre pratique. Il a toujours voulu écrire un roman et il était très frustré qu’il n’existe pas de formation en France. Et dès, comme je le connaissais, que je lui ai annoncé que j’allais faire ça, il a effectivement trouvé ça vraiment génial. Il a dit que c’était la meilleure chose qui…

Cyril. – Il est très enthousiaste, oui.

Frédéric. – Oui, tout à fait. Et il est en train d’écrire son premier roman.

Cyril. – Ah ! Génial !

Frédéric. – Enfin, son deuxième. Il en avait écrit un, mais sans technique il y a une vingtaine d’années. Maintenant, il a toutes les techniques, il a compris. Il savait qu’il y avait des techniques, mais maintenant il les connaît. Il est très content de pouvoir les appliquer à son histoire.

Cyril. – Il serait temps, quand même, après deux cent et quelques livres pratiques, qu’il passe au roman et à la fiction !

Frédéric. – Oui, 214, je crois.

Cyril. – Je ne suis pas sûr qu’il réussisse à tenir un compte…

Frédéric. – Non, moi non plus !

Cyril. – Ta formation,, c’est donc commercial. Du roman de genre, populaire.

Frédéric. – Exactement. C’est très très important. Je ne suis pas là pour vous apprendre à écrire des livres qui vont être par exemple des autobiographies, ou alors des livres qui s’adressent… Soyons francs : à Gallimard, par exemple. Ce qu’on appelle la blanche. Non, je suis là pour vous apprendre à écrire des thrillers, des polars, de la SF, de la fantaisie. Là où il y a des codes. Des codes de genre. C’est destiné aux gens qui veulent passer un bon moment, pas du tout aux gens qui veulent faire des splendides phrases et rentrer dans l’histoire de la littérature. Alors c’est vrai que c’est un parti pris. C’est le mien. Tout simplement parce que moi, j’écris comme ça, et c’est ce que je connais et je serais totalement incapable d’expliquer à quelqu’un qui veut faire de la grande littérature comment le faire. Donc j’explique comment on fait de la bonne littérature populaire, qui a des chances de fonctionner et de trouver un éditeur.

Cyril. – Oui. Trouver un éditeur, trouver des lecteurs aussi, parce que si on trouve un éditeur mais que derrière, l’éditeur ne trouve pas de lecteurs…

Frédéric. – Tout à fait !

Cyril. – Parce que c’est trouver l’éditeur, et ensuite, c’est transformer l’essai. L’objectif, c’est ça.

Frédéric. – Normalement… Jusqu’à aujourd’hui, en France, c’est l’éditeur qui s’occupe de tout. C’est-à-dire qu’une fois qu’on a signé, c’est lui qui va faire le marketing. Mais les choses sont en train de bouger. Et beaucoup d’éditeurs, aujourd’hui, demandent à leur auteur de faire du marketing d’auteur. Y compris chez les éditeurs traditionnels. Certains imposent d’avoir un blog, certains imposent d’utiliser les réseaux sociaux… Sauf les très très grosses maisons d’édition, qui sont encore un peu frileuses avec ça parce qu’elles ont l’impression qu’elles perdent un peu le contrôle. Mais dans l’ensemble, 70 ou 80 % des maisons d’édition, aujourd’hui, sont dans un mouvement d’évolution, où l’auteur devient responsable, également, des ventes. Entre guillemets. Parce qu’il doit avoir une image, il doit travailler son image, en plus de ce que fait l’éditeur. Ce qui n’était pas encore le cas il y a même dix ans.

Cyril. – Donc c’est la raison pour laquelle il y a 60 % de ta formation qui est vraiment sur l’écriture et 40 % qui est sur tout le reste : éditeurs, marketing, autoédition pourquoi pas…

Frédéric. – Oui, tout à fait, j’en parle un petit peu, même si… J’ai eu un livre autoédité, donc je sais le faire. Même si moi, je ne le préconise pas. En tout cas pas au premier livre. Il faut savoir que ça existe et il faut savoir comment ça se passe.

Cyril. – Oui. Ne nous leurrons pas, l’autoédition, surtout l’autoédition électronique, aujourd’hui, c’est une toute petite partie du marché du livre.

Frédéric. – Oh oui ! Même si ça évolue.

Cyril. – Même si ça évolue. On espère que ça va évoluer… Moi, j’espère que ça va évoluer plus vite ! Mais on est quand même sur 4-5 % du marché du livre seulement qui est en édition électronique.

Frédéric. – Oui, tout à fait.

Cyril. – Donc aller sur du papier et du traditionnel, si on veut avoir plus de ventes, c’est indispensable.

Frédéric. – L’intérêt du traditionnel, c’est qu’une fois que vous êtes édité chez un éditeur traditionnel, toutes les portes s’ouvrent pendant vingt ans, trente ans, quarante ans. Vous avez fait ce que personne ne croit possible de faire. Vous avez réussi l’impossible ! C’est comme gravir l’Everest et avoir son nom sur le panthéon des grimpeurs de l’Everest. Quand vous êtes édité, vous avez réussi quelque chose qui est incroyablement difficile. Et surtout… Alors, on ne gagne pas beaucoup quand on est auteur, à moins de faire un best-seller, mais votre nom est désormais associé à un métier qui est écrivain. Et ça, ça n’a pas de prix.

Cyril. – Dans le travail d’écriture, quand on écrit… Enfin, il y a tout le travail aval, mais il y a aussi du travail de préparation, et du travail en amont. Est-ce que tu peux nous en parler un instant ?

Frédéric. – Ah oui, effectivement, ça, c’est très très important. Contrairement à ce qu’on pense, écrivain, ce n’est pas qu’écrire ! D’abord… Alors, j’ai créé une structure, qui s’appelle la structure IPRV et qui permet aux jeunes auteurs de comprendre comment un écrivain travaille. Le « I », ce sont les idées. D’abord, il faut avoir des idées. Par exemple, on imagine que votre livre s’écrive sur dix mois ; pendant un mois, vous allez chercher la bonne idée. Parce que neuf idées sur dix ne vont pas faire de bons romans. Neuf idées sur dix ne vont pas vous permettre de déplier deux cents, trois cents, sept cents pages. Donc pendant un mois, on travaille sur les idées. On se met devant son bureau, à la même heure, et on travaille les idées, les idées, les idées. On recherche la bonne idée, on malaxe l’idée et on en fait une idée qui a un potentiel de roman ! Deuxième étape : IPRV ; c’est le « P » de préparation. On va préparer son roman. Et ça, ça va durer quatre mois. C’est l’étape la plus longue. C’est là où on va se documenter. C’est là où on va commencer à concevoir ses personnages. On va créer la structure du roman. On va connaître tous les pivots dramatiques. On va préparer son roman, tout simplement. Une fois que la préparation est faite, on passe à la phase d’écriture, qui va durer deux mois, deux mois et demi, dans laquelle, cette fois, là, on est dans le pur processus créatif. Mais c’est un processus créatif qui est encadré par les bornes créatives qu’on s’est imposé auparavant. Parce que sinon on peut partir n’importe où, dans toutes les directions, et c’est comme ça qu’on ne termine jamais son roman. C’est pour ça qu’il y a tant de gens qui viennent me dire : « Je n’arrive pas à le terminer ». C’est simplement parce qu’ils n’ont pas préparé leur roman. Une fois que cette phase d’écriture est terminée, il y a à nouveau deux mois ou deux mois et demi de réécriture. Et il y en a au minimum trois pour l’orthographe, pour les détails, et pour l’histoire. Et une fois qu’on a terminé ça, il reste quinze jours pour préparer son roman. On le maquette, on en fait des manuscrits, on prépare les envois pour les éditeurs et on les envoie. Donc sur dix mois, on a réellement deux mois et demi d’écriture pure.

Cyril. – Oui, mais on a une écriture qui est très encadrée. Le mot cadre et le mot que tu as utilisé, encadrer, sont très très importants.

Frédéric. – Oui. Les bornes créatives, ça permet vraiment de délimiter un terrain de jeu, dans lequel on peut faire absolument tout ce qu’on veut, mais il ne faut pas sortir du terrain de jeu, sinon plus personne n’est là pour le regarder.

Cyril. – Il faut a minima avoir un début, un milieu, une fin, quand on commence.

Frédéric. – À grand, grand minima, oui.

Cyril. – Oui, à grand minima. Non, mais après, on part de ça et on remplit les trous.

Frédéric. – C’est ça. Et puis, il y a des pivots. On sait qu’à certains moments de l’histoire, il faut des pivots dramatiques, qui sont plus importants que d’autres. Ces structures, elles ne sont pas nées de l’imagination d’auteurs ou de gens comme moi. Ça existe depuis les Grecs. Les Grecs avaient déterminé comment on racontait une bonne histoire, et depuis, ça n’a pas changé ! On est toujours dans cette même culture, qui descend de la culture grecque, et tout s’est imposé très naturellement à nous. Moi, je n’ai rien inventé. J’ai juste mis en forme des choses qui préexistaient, et je les ai structurées de manière à les rendre le plus pratique possible pour les auteurs. Mais tout ça, ça existe depuis l’aube des temps presque. Il y a une manière de raconter des histoires.

Cyril. – Alors, ta formation, la formation du studio Godefroy, avant… Enfin, la première fois, tu l’as faite vraiment comme un lancement complet. Là, tu es en train de changer les choses, de faire quelque chose qui est un petit peu plus à la carte, je dirais.

Frédéric. – Exactement. Alors, la méthode Godefroy, je la relancerai fin août pour une deuxième promotion, mais à côté de ça, c’est vrai qu’aujourd’hui je me retrouve avec plus de 150 vidéos de formation (en cinq mois) et je me suis aperçu… Tout le monde ne peut pas mettre obligatoirement mille euros ou 1 500 euros dans une formation qui va durer deux mois et demi quotidiennement, etc. Donc j’ai pris une grande partie de ces vidéos qui existent et je les ai mises dans un espace où, effectivement, les gens peuvent aller piocher ce dont ils ont besoin. Si c’est créer un personnage, créer le bon lieu, créer un pivot dramatique… Donc on peut faire son assemblage comme ça, à la demande. On y a accès en une heure ou deux, directement, et on peut se former comme ça, petit à petit, progressivement, en fonction de ce dont on a besoin. Et l’idée, c’est que les tarifs soient très faibles, puisqu’ils commencent à quatre euros la formation.

Cyril. – Oui. C’est très avantageux et ça permet donc d’aller vraiment sur les choses qui nous intéressent le plus. Avec évidemment un effet de levier très important, puisqu’une formation, ça permet d’aller beaucoup plus loin.

Frédéric. – Ça va très très vite. Si vous arrivez… Par exemple, le premier problème des jeunes auteurs, c’est l’assiduité. Si vous savez que c’est votre problème, vous allez chercher le module de formation qui va vous apprendre à être assidu ou à vous créer un programme de motivation personnel pour aller jusqu’au bout du roman. Ou si vous avez compris que c’est la préparation qui est importante, vous vous attaquez à la préparation et vous regardez, vous prenez les modules qui sont liés à la préparation du roman. Comme ça, c’est vraiment… C’est par rapport à votre difficulté de l’instant que vous pouvez aller chercher la solution. Il n’y a pas besoin d’attendre la nouvelle promotion de la méthode, il n’y a pas besoin de travailler deux mois et demi de manière intensive. Ce sont des modules qui durent généralement dix minutes. Dix à quinze minutes. Et comme ça, vous avez directement la solution sous les yeux. C’est très rapide, très cadré, vous avez une méthode. Vous savez comment on doit créer un chapitre, comment créer des personnages, etc.

Cyril. – Est-ce que tu as quand même créé une espèce de formule de base ? Un pack…

Frédéric. – Alors, il existe différents packs complémentaires. Par exemple : comment créer des personnages fascinants ? À l’intérieur, ce sont dix heures de vidéo. Donc bien entendu, là, ce n’est pas quatre euros, c’est 149 euros, mais vous avez dix heures de vidéo à l’intérieur. Et là, par contre, vous avez toutes les vidéos liées aux personnages. Vous avez la même chose pour les idées et vous avez la même chose pour la structure. La structure des récits.

Cyril. – Donc c’est bien parce qu’on couvre vraiment…

Frédéric. – A priori la quasi-totalité de ce dont a besoin un auteur ! Et ça continue, puisque chaque semaine…

Cyril. – Oui, tu continues avec le club des écrivains, etc. Tout ça, c’est vraiment une activité… Le club des écrivains nourrit la formation et inversement.

Frédéric. – Exactement. Et derrière tout ça, il y a une énorme communauté d’auteurs, puisque tous les auteurs qui passent par les studios Godefroy sont incroyablement soudés. Ils s’entraident et il y a… Pour vous donner une idée, sur le forum qui est l’outil principal de communication de cette communauté, ils ont échangé 11 000 messages en cinq mois. Ils étaient 45. C’est énorme ! Et ils s’entraident. Ils montent des projets à côté, ils se refilent des tuyaux pour les éditeurs, ils valident leurs idées de roman entre eux, donc c’est un aspect très important. Et il suffit d’acheter une formation pour rentrer dans la communauté. Alors certains décident de ne pas s’impliquer, mais celui qui décide de s’impliquer se retrouve avec une réelle communauté. Et cette communauté est tellement forte qu’aujourd’hui, ils sont en train de se structurer en association d’auteurs, que moi je soutiens financièrement. Et cette association d’auteurs est là pour aider tous les membres à être édités. C’est l’objectif de l’association. Donc ils vont faire des rencontres avec les éditeurs, ils vont monter des évènements… Et c’est la communauté des auteurs des studios Godefroy, qui est aujourd’hui une association loi 1901.

Cyril. – C’est aussi une chose très importante, c’est que quand on est dans l’édition, quand on est écrivain, on n’est pas en compétition, on est en « co-pétition ».

Frédéric. – Complète. Il n’y a pas de concurrence dans l’écriture. Il n’y a pas de concurrence ! Moi, ce que j’écris, ce n’est pas ce que vous, vous écrivez. Et de toute façon, il y a des lecteurs pour tout le monde. Il y a de la place pour tout le monde. Et plus votre réseau d’auteurs est développé, plus vous avez de chances d’avoir du succès et de trouver un éditeur. Donc se construire un réseau d’auteurs, ça fait partie du métier.

Cyril. – Quand est-ce que je peux m’inscrire ? Parce qu’il faut que je me mette à la fiction, moi aussi !

Frédéric. – N’hésite pas, tu es le bienvenu !

Cyril. – Merci beaucoup, Fred. Je te propose qu’on se revoie plus tard et qu’on discute d’autres sujets plus tard, parce que tu as énormément d’expérience et énormément de choses à raconter. Mais qu’on s’arrête pour cette fois-ci.

Frédéric. – Écoute, en tout cas, c’était avec grand plaisir que j’ai participé à ce podcast. Merci beaucoup à toi, et à vous.

Cyril. – Merci. Merci de m’avoir écouté. À bientôt.