Episode 41 : Romance, bundles et publicités avec Olivia Rigal

Cette semaine, je laisse tomber les masques et je parle Romance avec Olivia Rigal… euh non, la Romance n’est pas mon genre favori (même si j’en ai lu quelques unes). Pour un mec, ça peut faire bizarre, et vous entendrez peut être d’autres parler de « romans de bonne femmes »,  mais j’ai énormément de respect pour les auteurs et les lectrices de romance. Et évidemment, cela me fascine…

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Et je ne parle pas des pectoraux de ce jeune bellâtre…

Vous le verrez assez vite, Olivia a une importante expérience en marketing, qui dépasse de loin la mienne, car elle a eu l’occasion de faire des choses qui n’existent pas en France, notamment les anthologies. Et avec sa double culture franco-américaine, elle peut avoir le meilleur des deux marchés.

On parle aussi de la promotion au travers des publicités Facebook. Un sujet que j’ai déjà abordé, mais ça va toujours mieux quand c’est quelqu’un d’autre que moi qui en parle.

Parmi toutes les choses que nous n’avons pas en France, il y a la liste des bestsellers USA Today, une liste hebdomadaire qui prend en compte les ventes de livres des indépendants. Dites moi si je me trompe et que les palmarès Edistat, Livres Hebdo ou L’Express prennent en compte les indépendants autoédités, ou même seulement les livres numériques !

Vous pouvez retrouver la retranscription de cette interview ici.

Pour m’aider à améliorer le podcast et faire en sorte qu’il soit suivi par le plus grand nombre d’auteurs, je vous remercie de mettre une note et un commentaire dans iTunes ici.


Cyril. – Bonjour et bienvenue dans le podcast autoédition. Aujourd’hui, je reçois Olivia Rigal. Bonjour Olivia.

Olivia. – Bonjour !

Cyril.Olivia Rigal, qui est best-seller USA Today, qui est américaine, qui parle très très bien français puisque ça fait trente ans qu’elle vit en France et qu’elle a une famille française, et qui écrit essentiellement de la romance. Est-ce que tu peux nous présenter un petit peu tous les livres que tu as écrits et nous parler de ton expérience d’auteur en anglais et en français ?

Olivia. – Alors, j’ai commencé à écrire en… Au début de 2013. Parce que j’avais une copine qui avait commencé à le faire et qui s’en sortait très bien et je me suis dit : tiens, comme elle aussi c’est une ancienne avocate, je peux essayer, on va voir ce que ça donne. Donc en 2013, j’ai écrit trois livres. En fait, c’était une série qui était divisée en trois, que j’ai publiée en trois fois. C’étaient des nouvelles. Et puis ensuite j’ai écrit un roman qui doit faire dans les 50 000 mots en anglais. Et sur toute l’année, sur la totalité de ces bouquins, j’ai dû vendre 700 exemplaires.

Cyril. – C’est bien, déjà.

Olivia. – Non. Non : 700 exemplaires aux États-Unis, c’est rien !

Cyril. – Voilà ! Tu vois, tout de suite, ça devient intéressant, parce qu’on compare tout de suite ce qui se passe en France et ce qui se passe aux États-Unis. 700 exemplaires, en France, c’est pas un succès, mais c’est pas minable.

Olivia. – Non, mais enfin, bon, aux États-Unis, c’était vraiment pas terrible ! Donc à la fin de l’année 2013, je me suis dit : en fait, je suis peut-être nulle. Parce que je ne donne jamais dans la demi-mesure en me disant : c’est peut-être moyen. Non, non, non ! C’était forcément nul.

Et je me suis dit : je vais quand même essayer un truc, je vais le traduire en français. Donc j’ai pris mon roman, qui s’appelle Jade, et je l’ai traduit en français et je l’ai publié sur Amazon France et sur les autres plateformes. Et là, j’ai eu une grande surprise, c’est que ça a été un véritable succès sur Amazon France.

Donc je me suis dit : en fait, peut-être que je suis pas nulle. Ce dont je manque, c’est de visibilité.

Donc la véritable question, c’est : à qualité de bouquin égale, on met dix auteurs sur les starting-blocks, il y en a un ou deux qui vont y arriver et les huit autres, alors que ce qu’ils écrivent est peut-être tout aussi correct, ou peut-être même mieux, personne n’en entendra jamais parler. Parce qu’ils n’auront jamais fait l’effort qu’il faut pour obtenir de la visibilité. Donc j’ai regardé aux États-Unis : que font les gens qui sont visibles ? Les gens qui sont visibles, ils sont très présents sur Facebook.

Cyril. – Ils font beaucoup de concours, de nouveautés, de…

Olivia. – De concours, de nouveautés… Ils ont instauré des relations avec des gens qui tiennent des blogs, à qui ils envoient leurs bouquins gratuitement. Ils ont également entretenu des relations avec des gens qui ont des pages sur les bouquins. Et il y a des pages de plus en plus spécialisées, c’est-à-dire : suspense romantique, histoires de bikers, thrillers, policiers, etc. Donc il faut identifier ces pages Facebook.

Et une autre chose qui avait commencé à être faite dès 2013, c’était de créer des bundles. C’est-à-dire des anthologies, dans lesquelles on se met à dix auteurs ou plus et on met soit le premier épisode de sa série, soit une nouvelle, soit carrément un roman. Et on vend ces dix bouquins dans une anthologie pour 99 cents pendant un mois, voire 2,99 le mois d’après, et ensuite on les retire.

Cyril. – C’est comme ça, d’ailleurs, que tu as dû rentrer dans USA Today.

Olivia. – C’est comme ça que je suis rentrée dans USA Today et… En fait, j’ai regardé qui je connaissais… À l’époque, il y avait un forum qui marchait très très bien, qui s’appelait KBoards.

Cyril. – Oui, qui existe toujours, mais…

Olivia. – Alors, qui existe toujours, mais… Au départ, KBoards était habité par des gens très positifs qui s’entraidaient. Et puis les choses ont un peu évolué. Certains ont très très bien réussi. D’autres sont restés un peu sur place. Et disons que KBoards n’est plus l’outil de référence, à mon avis, qu’il était auparavant. Néanmoins, j’avais repéré que sur KBoards, il y avait quelqu’un qui était dans une de ces anthologies qui fonctionnaient bien. Et j’ai pris contact avec elle en lui disant : j’adore ce que tu écris et je suis prête à te vendre mes enfants, mes chats…

Cyril. – Jusqu’à la septième génération pour…

Olivia. – Jusqu’à la septième génération pour entrer dans un… Dans le groupe qui organise ces bundles. Donc on a m’a invitée dans un autre forum, qui était moins connu que KBoards, parce qu’on n’y rentre que sur option, et là, j’ai fait connaissance de gens absolument extraordinaires qui venaient de l’érotique et qui se sont mis à écrire de la romance, ou de l’espionnage, ou du policier. Et là, on m’a dit : « Olivia, on fait dans trois mois un bundle sur des bikers ». Et j’ai fait : mais oui, bien sûr ! Aucun problème ! Alors que je vis…

Cyril. – Tu connais des bikers.

Olivia. – Depuis trente ans avec un type qui est avocat, qui certes s’est déplacé en scooter quand il avait seize ans, mais qui n’a pas vraiment le profil du biker. Donc j’ai fait deux mois de recherches, où j’ai étudié sérieusement la culture bikers. J’ai aussi regardé tous les épisodes de Sons of Anarchy, parce que même si ça ne correspond sans doute pas à la réalité des bikers, ça correspond à l’attente des lecteurs, puisque c’est la vision… C’est comme Law and Order : ça ne correspond sans doute pas à l’activité des policiers dans la ville de New York, mais c’est l’image que le public a de cette activité.

Cyril. – Tu t’es vraiment concentrée sur la cible, ce qu’attendaient les gens, pour…

Olivia. – Ce qu’attendaient les gens, et puis j’ai poussé un peu plus loin : j’ai aussi recherché d’où venait ce monde de bikers. Et ce qui est intéressant, c’est que ce sont des gens qui, en fait, sont des jeunes hommes qui rentraient du Vietnam, et très attachés à la solidarité qu’on a dans l’armée, étaient désolidarisés de la vie sociale habituelle et qui ont donc recréé cette solidarité, ce groupe d’hommes très particulier, dans les communautés bikers. Enfin, bref ! Donc j’ai écrit mon premier biker et il a été publié avec des gens qui depuis ont fait un chemin où je ne vois que leur poussière tellement ils sont partis loin. Et c’est comme ça que je suis devenue un best-seller USA Today pour la première fois. Dans ce même groupe, on m’a proposé de participer à un bundle de BBW. C’est Big Beautiful Women. Qui sont des livres où… Qui sont des romances où l’héroïne a comme particularité d’avoir des rondeurs. Et ça parle beaucoup aux Américaines, et je pense que ça parle pas mal aux Françaises aussi, puisque même les filles les mieux foutues et les mieux dans leur peau, quand elles se regardent dans la glace, elles ont toujours quelque chose à se reprocher, et c’est souvent quelques kilos en trop. Donc j’ai participé à ce bundle et j’ai aussi atteint USA Today avec ça.

Et dans le même temps, avec un autre groupe d’auteurs, qui étaient tous des transfuges de KBoards, où on ne trouvait plus dans KBoards la solidarité et le soutien mutuel… Parce que c’est quand même très solitaire ! On est seul face à son ordinateur à écrire. Le soutien qu’on peut avoir, d’autres auteurs, sur Internet, est quelque chose de très sympathique. D’autant que s’il y en a un qui pense à quelque chose, il peut l’expliquer aux autres, etc. Donc on a créé un groupe qui s’appelle The Red Hot Bimbos et on a créé plusieurs anthologies qui commencent toutes par Red Hot quelque chose. Donc on a commencé par Red Hot Obsessions en 2014. Et là, on a été pendant quatre semaines de suite sur la liste des best-sellers de USA Today. Donc je suis passée de 700 bouquins en 2013 à m’arracher les cheveux à 2014 où j’ai dû vendre à peu près 20 000 bouquins toute seule, mais je dirais dans les 80 000 avec les bundles. Voilà.

Et… Bon, les gens, ils achètent dix bouquins pour 99 cents. Dix bouquins. Ils en lisent un : le premier. S’ils aiment le premier, ils vont aller rechercher cet auteur et ils vont lire tout ce que cet auteur a déjà écrit. Puis ensuite, ils vont repasser au deuxième et ils vont faire la même chose. Le danger, c’est que si on est le dernier auteur du bundle, il est possible que le temps que les gens aient fini… Les lecteurs aient fini leurs pérégrinations autour des premiers qu’ils ont aimés, ils ne reviennent jamais au bundle et ils n’arrivent jamais jusqu’au dernier bouquin du bundle. Voilà. Mais donc, c’était la façon que j’avais trouvée pour obtenir de la visibilité.

Cyril. – D’accord. Tu as pas du tout trouvé le même terreau d’auteurs en France, aujourd’hui, pour créer des bundles, ou tu fais déjà des bundles en France ? Tu as entendu parler de bundles en France ?

Olivia. – Non, non ! J’ai essayé de… J’ai posté sur ma page Facebook, en disant : qui serait intéressé ? J’ai eu deux-trois personnes qui ont été intéressées. C’était plutôt des Canadiennes francophones que des Françaises. Et donc je profite de la tribune que tu m’offres pour expliquer quelque chose qui me tient très à cœur, c’est que nous ne sommes pas en concurrence. Les lectrices de romance sont des lectrices très avides. Ce sont des gens qui peuvent lire jusqu’à un bouquin par jour, voire dix bouquins par semaine. Donc le seul danger qu’on a, c’est de les voir quitter les bouquins pour aller regarder la télé ou regarder des séries.

Cyril. – C’est l’attrition. Oui, le seul danger, c’est l’attrition. Ne pas leur donner assez de bouquins dans le genre qu’elles aiment.

Olivia. – Même si je passais ma vie à dicter… Et pourtant, tu vois, je suis bavarde ! Si je passais ma vie à dicter à la même vitesse à laquelle je parle, je n’arriverais jamais à avoir assez de bouquins pour satisfaire mes lectrices. Donc lorsque je partage ma liste de lecteurs avec d’autres auteurs, je ne m’appauvris pas ! Je maintiens que le marché de la lecture, c’est pas une pizza dont on aurait chacune une petite tranche. C’est une pizza…

Cyril. – C’est une machine à fabriquer des pizzas !

Olivia. – Voilà, c’est une machine à fabriquer des pizzas, et plus on s’entraide, plus on fait grandir la pizza, et donc on a vraiment tout à gagner à s’unir, à s’organiser pour travailler ensemble, et à faire découvrir les autres auteurs. Comme je n’ai pas réussi véritablement à faire ça avec les Françaises, j’ai poussé pas mal de copines américaines à commencer à se faire traduire et à travailler à développer sur le marché français. Le souci qu’on a sur le marché français, c’est la contrefaçon.

Cyril. – Ah oui ? Il y a beaucoup plus de contrefaçon en France que…

Olivia. – Alors, je ne sais pas s’il y en a beaucoup plus en nombre, mais compte tenu du fait que le marché est petit, c’est beaucoup plus douloureux. Ma fille est allée regarder sur les bit torrent : il y a des… Je crois que mes bouquins ont dû être téléchargés quelque chose comme cinquante fois plus que ce que j’en ai vendu. Donc du coup, j’ai mis un petit mot au début de mes bouquins en disant : si vous l’avez volé, au moins payez-moi en mettant une revue. Il y a des gens qui l’ont très mal pris ! Mais je maintiens que si les gens l’ont téléchargé sans le payer sur un site d’échange, la moindre des choses qu’ils pourraient faire, c’est aller sur un site, que ce soit Amazon ou Kobo ou autre chose ou Goodreads et de dire : « J’ai lu et j’ai pensé ça ». Ça les engage à rien parce qu’ils pourraient avoir une copine qui a acheté le bouquin papier, qui leur a prêté, ce qui est parfaitement légal. Et c’est pas parce qu’on met une revue et qu’il y a pas de trace d’achat que je vais aller les poursuivre. C’est pas mon but. Mais bon… Il est aussi possible qu’il y ait des gens qui téléchargent pas mal de bouquins et en fait ne les lisent pas. C’est une espèce de thésaurisation. C’est peut-être ça qui se passe aussi. Bon, enfin, je me console en me disant que les gens qui l’ont téléchargé illégalement ne l’auraient sans doute pas acheté.

Mais en tout cas ce problème est très connu des auteures américaines et c’est une des raisons pour lesquelles on n’a pas plus de développement des traductions en France. C’est que si vous ne faites pas votre traduction vous-même, il faut payer une traductrice. Les traducteurs sont pas donnés, et c’est normal, parce que c’est un boulot, et puis c’est un boulot qui est pas facile si on veut respecter le style de la personne. Et après ça, il faut faire une couverture et puis il faut prendre le temps…

Cyril. – Il faut avoir le public.

Olivia. – Voilà ! Et puis il faut prendre le temps de faire du marketing. Donc voilà…

Cyril. – Donc ça marche pas. Pour le moment, c’est pas encore…

Olivia. – Oui. Et puis on interroge la plupart des Français ; ils sont : « Ah oui, mais moi, le papier… »

Cyril. – Ah oui, le papier ! J’aime l’odeur de la colle fraîche le matin !

Olivia. – Bon, ce que je comprends ! Moi aussi, j’étais une grande fan de la rentrée des classes. J’aime l’odeur de l’encre, j’aime les papiers…

Cyril. – J’adore m’acheter des nouveaux cahiers, j’adore m’acheter des agendas. J’ai quatre agendas. Pour 2017. Je sais pas pourquoi j’en ai quatre, mais j’en ai quatre !

Olivia. – Ah, il faut que je t’invite dans un groupe. On a un groupe spécial des folles d’agendas et de planners !

Cyril. – Ben peut-être… Si elles connaissent des bons imprimeurs, je pourrais peut-être me guérir en faisant moi-même mon agenda. Ça fait partie des choses que je dois faire… Bon, toi, ton objectif, avec l’écriture de la romance, c’était au début juste t’amuser un petit peu et puis, au fur et à mesure, tu es rentrée plus dans une démarche vraiment commerciale où tu t’es dit : je peux en vendre 20 000. Tu en as vendu 20 000 en 2014. Tu en as vendu, j’imagine, plus en 2015. Et tu te dis : « Aujourd’hui, il faut que je fasse vivre ce lectorat et l’augmenter au fur et à mesure » ?

Olivia. – Voilà. En sachant que c’est un équilibre perpétuel, parce que les règles du jeu changent en permanence. En 2014, Amazon a créé Kindle Unlimited.

Cyril. – Oui, c’était l’époque de KU avec de la rémunération à l’emprunt.

Olivia. – Oui, à 10 %. Voilà. Donc en fait, le principe, c’était : on paye 9,90€ et on a accès à tous les bouquins qui sont dans Kindle Unlimited. Et à partir du moment où la personne qui a emprunté le bouquin a lu plus de 10 % du bouquin…

Cyril. – Tu touchais 1,43 € ou…

Olivia. – On touchait 1,50 $… 1,40 $… etc. Donc comme les auteurs sont pas des nouilles, qu’est-ce qu’ils ont fait ?

Cyril. – Tant qu’à travailler, autant travailler de manière efficace !

Olivia. – Autant travailler de manière efficace ! Au lieu de publier un roman de 50 000 mots, ils ont publié cinq épisodes à 10 000 mots. Qu’ils ont mis à 99 cents, mais ça leur était égal puisqu’au lieu de toucher 30 cents, qui est la commission qu’on a sur une vente à 99 cents, ils touchaient 1,40 $ parce qu’il suffisait d’avoir tourné trois pages pour avoir lu 10 %. Et donc si les gens lisaient l’entière série, ça faisait cinq bouquins et donc ça faisait beaucoup plus.

Amazon, c’est pas des nouilles non plus ! Donc ils se sont rendu compte qu’il y avait un véritable souci, et…

Cyril. – Ils ont changé ça en juin 2015, je crois.

Olivia. – Ils ont… Voilà. On a appelé ça la KU Apocalypse. Et donc en juin… Il y avait eu juin, Kindle Unlimited avec 10 %. Juin d’après, Kindle Unlimited, où là, c’était…

Cyril. – Avec le KENPC.

Olivia. – Payé à la page.

Cyril. – À la page. Et donc tous les livres qui avaient été faits, qui étaient courts, avec des épisodes, etc. ça devenait beaucoup moins intéressant et ce qui devenait intéressant, c’était au contraire de faire des bons gros pavés.

Olivia. – De faire Game of Thrones. Trois mille pages. De faire Le Seigneur des anneaux, de faire… Enfin, bref ! Donc là, on s’est… D’abord, on a arrêté de sectionner les bouquins. Et puis on a… On est quand même payés un demi-penny par page. Ce qui est quand même pas cher… Donc là, il y a eu deux choix de carrière qui ont été faits.

Il y a des gens qui ont décidé d’aller à fond dans Kindle Unlimited, parce que quand on va dans Kindle Unlimited, on est exclusivement pour Kindle Unlimited. Et il y a ceux qui ont choisi de développer leur clientèle sur Kobo, iBooks… Et Google. Et…

Cyril. – C’est une chose qui existe, ça, Google Play ? Il y a des gens qui achètent des bouquins sur Google Play ?

Olivia. – Ah oui !

Cyril. – Parce que moi… Bon, déjà, avoir un compte Google Play, maintenant, c’est impossible.

Olivia. – Oui. Enfin, maintenant, ça y est : ils ont rouvert.

Cyril. – Ils ont rouvert ?

Olivia. – Ils ont rouvert.

Cyril. – Ah, je vais m’y intéresser. (NDLR : Eh non, Google Play n’accepte toujours pas les nouvelles inscriptions. Passez par un distributeur pour y avoir accès !)

Olivia. – Google Play a eu une période où il était fermé parce qu’il y avait des gens qui en fait avaient ouvert des comptes et téléchargeaient les bouquins des autres. Même couverture, même…

Cyril. – Oui, oui ! Je sais, j’ai plusieurs copains auteurs qui ont eu ce problème-là. C’était devenu un petit peu systématique.

Olivia. – Donc ça y est, ils ont fait le ménage, je pense, et Google Play a rouvert. Il y a… Pour la romance, il y a un autre site qui est pas mal, qui est ARE : All Romance Ebooks. Qui est très bien ! Qui est tenu par trois auteurs et qui a une clientèle de gens fidèles. On peut télécharger en mobi, en ePub et en PDF. Voilà. Donc moi, j’ai fait le choix de diffuser large, sauf…

Cyril. – Oui, tu es sortie de KDP Select sur la plupart de tes livres, je vois.

Olivia. – J’ai été… En fait, il y a que Hold Fast (en) qui est sur KDP Select. En fait, les bouquins que j’ai écrits avec Shannon Macallan. J’avais fait ça aussi : j’ai coécrit des bouquins avec Ava Catori. Et l’avantage de KDP Select, c’est que quand on fait la comptabilité à la fin du mois pour savoir qui va toucher quoi…

Cyril. – Oui, il y a un seul compte.

Olivia. – C’est vachement plus simple. C’est déjà assez compliqué !

Cyril. – Oui, j’ai un joint venture avec Joanna Penn sur son livre que j’ai traduit en français et je l’ai mis sur Amazon, Kobo, iBooks. Je le vends en direct. J’ai fait une version audiobook. Chaque fois que je dois prendre les chiffres et regarder, etc. c’est juste un cauchemar !

Olivia. – Oui. Alors, on a trouvé la solution pour les autres versions écrites. Qui est de passer par D2D : Draft2Digital. Et l’avantage, c’est que là, on n’a qu’un chèque. Enfin, on n’a qu’un… Qu’un paiement. Je sais plus où j’en étais, je suis perdue…

Cyril. – On était en train de parler de KDP Select et des livres dans lesquels tu étais…

Olivia. – Ah oui ! Donc en fait, les seules raisons pour lesquelles je suis dans Kindle Unlimited pour certains bouquins, c’est des raisons pratiques, parce que je suis une feignasse et que je m’étais dit que pour ces bouquins-là ce serait mieux. Reste aussi le fait que… Amazon privilégie, pour la montée dans les charts, les bouquins de Kindle Unlimited.

Cyril. – Oui, la visibilité. En fait, ils comptent chaque emprunt comme une vente.

Olivia. – Je sais pas si ça marche comme ça, mais en tout cas je peux te dire que j’ai sorti un bouquin la même semaine qu’un copain qui l’a mis dans Kindle Unlimited et moi, je l’avais mis en large. On a comparé nos ventes et il a été tout à fait… Enfin, on a échangé nos chiffres. Lui n’en a pas vendu autant que moi, mais il a eu des emprunts, et du coup, il m’a laissée…

Cyril. – Dans la poussière.

Olivia. – Sur le bord de la route, oui, oui. Voilà.

Cyril. – Oui, c’est terrible. Le marché américain et le marché français, il y a… Alors, il y a un rapport de population qui est de… Il y a combien de Français ? 60 millions de Français, 300 millions d’Américains, donc un rapport de cinq. Le marché de l’e-book, c’est cinquante !

Olivia. – Ah oui, ça n’a rien à voir ! La disproportion est énorme. D’abord parce que les Français sont attachés au papier. À chaque fois que je publie un bouquin, il y a, sur ma page Facebook, des gens qui me disent : « Quand est-ce que vous sortez la version papier ? » ou « Quand est-ce que tu sors la version papier ? » Donc je me dépêche de le faire sur CreateSpace aussi rapidement que possible. Parce qu’il y a un véritable marché. Enfin, je vends… Allez, je vais dire… Deux cents fois plus de bouquins papier en français qu’en anglais.

Cyril. – Oui. Et en proportion, ça reste quand même un dixième, même dans la romance ? Parce que…

Olivia. – Je sais pas…

Cyril. – J’ai fait une enquête cet été auprès d’un certain nombre d’autoédités. Donc il y a deux cents personnes environ qui ont répondu. Et la majorité disait quand même que le rapport, c’était un à dix. Donc un exemplaire CreateSpace pour dix exemplaires Kindle vendus.

Olivia. – Moi, je dirais même que c’est moins que ça. Quand même. Je sais pas. Je te donnerai des chiffres, mais… Parce que là, je suis sur une… Je suis pas sur mon ordinateur, que j’ai oublié et que j’attends qu’on me rapporte !

Cyril. – Donc tu sais pas.

Olivia. – Donc je ne sais pas. Mais par exemple, ce mois-ci, j’ai dû vendre à peu près 4 000 bouquins en e-book et faire 200 ventes en papier.

Cyril. – Mais le papier reste important, parce qu’il y a quand même un certain nombre de personnes qui ne lisent qu’en papier. Et puis aussi, ça te sert pour ton marketing.

Olivia. – Euh, non, pas trop ! J’ai pas… Non, je sais que je pourrais…

Cyril. – Tu as trouvé des blogueuses qui font du numérique et…

Olivia. – Non. En fait, en France, je n’ai absolument pas de contacts avec les blogueuses. Je me suis… En fait, quand j’ai publié Jade, le premier bouquin que j’ai traduit en français, je l’ai balancé sur Amazon.fr en me disant : allez, ouf ! Voilà. Et puis, c’est tout ce que j’ai fait. Et il est monté tout seul. Mais c’était en début 2014, à une époque où le marché était pas aussi développé que maintenant.

Cyril. – Oh, il est pas beaucoup plus développé maintenant, je te rassure…

Olivia. – Et non, j’ai pas fait le tour des blogueuses. J’ai eu la chance d’être contactée par une femme qui est une des plus grandes… Enfin, qui est une des revieweuses les plus importantes sur Amazon.fr et qui m’a fait une très gentille note sur Jade. Mais sinon, non, j’ai pas… J’ai pas fait le tour des blogueuses comme j’aurais dû le faire.

Cyril. – Il y a des choses à travailler.

Olivia. – Oui, oui ! Il y a des choses à travailler, le marché…

Cyril. – Il y a plein de choses à travailler. C’est ça le problème, c’est qu’il y a énormément de choses à travailler. Euh… J’ai beau avoir toutes mes antennes sorties, etc. il y a plein de gens à côté desquels je passe et tout à coup, j’ai vu ton nom apparaître dans un forum privé sur Facebook, qui parle exclusivement de publicités, sur Facebook justement.

Olivia. – Oui.

Cyril. – Donc tu t’es lancée dans la publicité sur Facebook. Pourquoi est-ce que tu utilises la publicité Facebook ? Et quels sont les deux ou x intérêts que toi, tu y trouves ou y cherches ?

Olivia. – Alors, comme l’explique Mark Dawson brillamment, quand on fait une publicité Facebook, ça a un avantage extraordinaire, c’est que… Si je mettais une affiche dans le métro ou si j’arrivais à m’offrir une affiche sur un bus RATP…

Cyril. – Un bus RATP dans tout Paris.

Olivia. – Voilà : un bus RATP qui… Voilà ! Avec la petite ceinture, parce que ça…

Cyril. – Oui, c’est long ! Et puis il y a les embouteillages, comme ça, donc les gens le verraient mieux !

Olivia. – J’exposerais ma marque, mon nom, mes bouquins, à tout le monde, y compris des gens qui…

Cyril. – Ne sont absolument pas dans la romance bikers.

Olivia. – Pas intéressés par la romance… Ah, il y a une chose que je voulais dire ! Je reviendrai aux publicités Facebook après. Ce qui est intéressant, dans les notations qu’on a en France, c’est qu’on a l’impression qu’en France, il y a un système de notation. C’est-à-dire qu’on ne dit pas entre un et vingt, mais c’est de la romance, donc on peut avoir une très bonne romance à qui on met 18/20. Et puis après ça, on a Dostoïevski, Victor Hugo, qui sont eux des classiques à qui on peut mettre 20/20, mais parce que ce sont des classiques.

On a l’impression en France que les lectrices, elles ont une seule grille de lecture et qu’on compare Victor Hugo et Olivia Rigal. Alors évidemment, Olivia Rigal, c’est pas Victor Hugo ! Et j’ai aucune prétention littéraire et je sais bien qu’à côté des grands classiques, ce que j’écris c’est quand même pas fabuleux. Ça n’a pas de prétention littéraire, ça a des prétentions de distraction…

Cyril. – C’est de la littérature commerciale, pour du loisir.

Olivia. – Voilà. C’est comme une série télé : c’est pas un grand chef d’œuvre du cinéma. Donc on pourrait mettre cinq étoiles en disant : c’est cinq étoiles pour une bonne série ! Mais en France, j’ai des revues de gens qui disent : « J’ai adoré ce livre, il m’a fait rire, il m’a fait pleurer, il m’a fait réfléchir, vraiment j’adore ! » Trois étoiles.

Cyril. – Ben… Pourquoi ?

Olivia. – Pourquoi ? Mais oui : pourquoi ?! Et alors, j’en discutais avec une copine qui s’appelle Brenna Aubrey, qui a traduit ses bouquins en français, et qui de son métier, avant d’écrire à plein temps, était prof de français dans un lycée à Los Angeles. Et elle me disait : « Mais venant d’un pays où 12/20, c’est une bonne note, c’est peut-être pas étonnant ! »

Cyril. – C’est très difficile, la notation sur les commentaires Amazon. Parce qu’en plus, quand tu mets un commentaire sur Amazon, si tu mets trois étoiles, ils te disent que c’est encore bien.

Olivia. – Oui, oui, c’est ça ! C’est-à-dire que c’est bien, fabuleux, ou extraordinaire. Alors on a l’habitude, sur Goodreads, où les gens… Sur Goodreads, il y a une espèce de… Je sais pas : de recherche intellectuelle ou de genre « ça n’est pas assez bien pour moi »… Qui… Dont on a l’habitude sur Goodreads. Mais sur Amazon, c’est quand même dommage, quand quelqu’un prend la peine de mettre une gentille revue, qu’il la casse en mettant trois étoiles.

Cyril. – Il y a une autre… Puisqu’on est dans les digressions, là… On parlait aussi des genres et des problématiques Amazon France, Amazon États-Unis… En France, et je viens de lancer une pétition sur Change.org pour en parler, il y a une seule catégorie pour la romance, c’est Littérature sentimentale. Basta !

Olivia. – Oui. Alors, une des raisons pour lesquelles… Enfin, autant tous mes amis aux États-Unis savent que j’écris, autant la plupart de mes amis en France ne savent pas que j’écris. Et la raison pour cela, c’est qu’il y a un snobisme intellectuel qui est assez français, qui est : il y a la littérature et puis il y a la romance. Et la romance, ceux qui en lisent s’excusent presque d’en lire.

Cyril. – Les libraires ne prennent pas beaucoup de romance dans leurs rayons. Pourtant, il y a plein de lectrices de romance. Et ce sont des lectrices qui consomment beaucoup, en plus.

Olivia. – Oui, voilà ! Et une autre chose : je suis allée… Quand Jade était dans les cinq premiers de la boutique Amazon France, je suis allée à la librairie où j’allais tous les samedis matins avec mes enfants pour leur acheter des bouquins. Un type à qui j’ai sans doute payé une maison de campagne ! À force de lui acheter des bouquins. Et je lui ai dit : est-ce que vous me les prendriez en dépôt ? Je ne vous demande pas d’avance. Je ne vous demande pas de consignation. Je vous en mets dix. Je vous les dédicace. Si vous les vendez, vous les vendez. Si vous les vendez pas, je les reprends. Et il me dit : « Qui est votre éditeur ? » Je lui dis : c’est CreateSpace. Et il me dit : « Ah, vous êtes autoéditée ! » J’ai eu l’impression de lui proposer de mettre une grosse merde dans la vitrine de sa librairie !

Cyril. – Mais tu es lépreuse !

Olivia. – Voilà, j’étais lépreuse. Mais c’était… Donc ça aussi, ça fait partie des handicaps qu’on a en France. C’est-à-dire que si vous allez… Ou si tu vas dans la petite ville aux États-Unis, qui est Palm Beach Gardens… Pas Palm Beach, Palm Beach Gardens. Il y a deux, trois librairies indépendantes.

Si on arrive avec ses bouquins en disant : est-ce que je peux vous déposer mes bouquins, ils seront ravis, ils organiseront une séance de signature… Bon, le fait que Hugh Howey vienne de cette ville aussi,  Elle Casey vienne de là aussi, a sans doute réussi à ouvrir les esprits.

Cyril. – Ça aide !

Olivia. – Donc, pour en revenir à Facebook… L’avantage de la pub Facebook, c’est qu’on peut cibler son public et donc ne montrer son annonce et ne payer pour montrer son annonce qu’à des gens qui a priori sont intéressés par ce qu’on a à vendre. Et l’avantage qu’ont les publicités Facebook, c’est que plus on a son public…

Cyril. – Bien ciblé.

Olivia. – Sa cible bien définie, moins la publicité est chère. C’est-à-dire qu’aux États-Unis, j’ai mis un bouquin gratuit sur InstaFreebie. Insta Freebie, on met le bouquin gratuit et les gens, la seule chose qu’ils ont à faire pour avoir le droit de télécharger le bouquin, c’est de me donner leur mail. Donc tous les gens qui ont téléchargé le bouquin 1 d’une de mes séries qui s’appelle The Curve Masters, je les ai pris. Il y en a 3 000. Je les ai donnés à Facebook…

Cyril. – Et tu t’es fait une audience similaire à partir de ça.

Olivia. – Et je me suis fait une audience similaire et ma publicité dirigée vers cette audience similaire m’a coûté 5 cents le clic. Alors que par opposition, quand j’ai commencé à essayer de créer une audience française, un public français, j’ai offert le premier bouquin de ma série gratuitement à… Tu veux que j’explique ce que j’ai fait, ou…

Cyril. – Si tu veux expliquer ce que tu…

Olivia. – Oui ! Donc j’ai créé un site qui s’appelle lestornadesdacier.com. Sur ce site, j’ai une page d’accueil, sur laquelle, quand on arrive, on dit : je suis prête à vous offrir un bouquin gratuit, la seule chose que vous avez à faire pour ça, c’est me donner votre mail et je vous garderai aussi dans ma mailing list. Donc les gens rentrent leur mail. Le mail arrive sur la société qui gère ma boîte de mails…

Cyril. – Mailchimp, j’imagine, ou…

Olivia. – Non, Mailerlite ! Et donc, j’ai créé un système automatique. L’adresse e-mail est enregistrée et Mailerlite envoie un e-mail aux lectrices en leur disant : « Voilà, vous avez un lien pour obtenir la version mobi, un lien pour obtenir la version ePub et un lien pour obtenir la version PDF, donc prenez celle qui vous branche. » Les gens téléchargent ce bouquin. De temps en temps, on a besoin d’un peu d’explication pour qu’ils…

Cyril. – Mettent le bouquin sur le Kindle ou sur Kobo.

Olivia. – Sur le Kindle. Il y en a qui savent, il y en a qui savent pas. Et puis, à partir de là, donc, j’ai une collection d’adresses e-mail. Quand j’ai commencé à faire ma pub pour cette page-là, j’ai mis une pub sur Facebook que j’ai dirigée aux femmes entre 25 et 65 ans, ayant un intérêt pour l’e-book. Donc c’était vraiment très très large.

Cyril. – C’est très large, oui.

Olivia. – Et là, j’ai payé entre 35 et 45 cents le clic. Mais au fur et à mesure que j’avais des noms, j’ai réussi à créer une audience dont j’ai ensuite créé une audience similaire et plus ça va, moins mes clics sont chers. Voilà. Ce qui me permet donc de… Parce que Facebook sait absolument tout de nous : combien on a d’enfants, quel âge on a, qu’est-ce qu’on mange, qu’est-ce qu’on est allé voir au cinéma, qu’est-ce qu’on a lu qui nous a plu, etc. Donc ils sont capables, à partir de la liste des lecteurs qu’on a et qu’on leur donne, de recréer une liste, de trouver des gens qui ont les mêmes caractéristiques que nos lecteurs.

Sauf qu’aux États-Unis, quand je fais ça, j’ai deux millions de personne comme cibles potentielles ; en France, j’ai 350 000 personnes comme cibles potentielles. Maintenant, si ces 350 000 personnes m’achetaient mon bouquin, j’aurais aucun souci et tout irait bien !

Cyril. – Oui, mais les cibles en France, sur Facebook, sont encore pas à la hauteur de ce qu’on a aux États-Unis.

Olivia. – Non. Non, et puis on a plus de… On a plus de choix, parce que quand on fait une… Quand on écrit un bouquin… Imaginons que demain j’écrive une histoire de shifters. Tu sais ce que c’est, les shifters ?

Cyril. – Non, c’est quoi, un shifter ?

Olivia. – C’est quelqu’un qui est mec la journée et qui devient loup-garou la nuit.

Cyril. – Oui, c’est exactement ce que j’allais dire, mais bon…

Olivia. – Mais il y a des dragon shifters, il y a des… Il y a même Celia Kyle qui a écrit un shifter qui est un hérisson, parce qu’il est amoureux d’une fille qui adore son jardin et donc elle le trouve blessé… Il fait semblant d’être blessé entre les haies et donc elle le ramène chez elle et elle le câline et donc lui, il est ravi ! Bref ! (NDLR :  cherché, mais pas trouvé !)

Donc si demain j’écrivais un shifter et que ce soit mon premier shifter… A priori mon audience à moi, enfin les gens qui ont l’habitude de me lire, c’est pas des lectrices de shifters. Peut-être qu’elles en lisent aussi, mais c’est pas ce qu’elles attendent de chez moi. Donc je ferai de la publicité, non pas à mon audience habituelle, mais je dirai à Facebook : montre mon image, montre ma pub, à des gens qui lisent des shifters. Et donc ce que je ferai avant…

Cyril. – C’est repérer les auteurs qui font des shifters.

Olivia. – Voilà, j’irai sur Amazon et je verrai qu’il y a… Ben, il y a Celia Kyle, il y a… Comment elle s’appelle ? J’ai un trou… Donc je mettrai le nom de ces personnes-là, et après, c’est un peu hit or miss.

Cyril. – Oui, ça marche ou ça marche pas.

Olivia. – Ça marche ou ça marche pas. De temps en temps, vous avez des gens qui sont supers, qui se vendent vachement bien, mais qui ne sont pas des noms qu’Amazon a retenus et d’autres personnes qui marchent un peu moins bien sont des gens dont le nom a été retenu. Donc selon les genres, voilà, ce qu’il faut faire, c’est aller chercher les noms. Maintenant, ce qu’il faut faire, c’est aller chercher les noms d’indépendants. Et il faut vraiment des auteurs indépendants, parce que si on cherche des noms… Si on se compare à Sylvia Day, par exemple, qui est une auteure qui se vend de façon extraordinaire, c’est une auteure qui est dans la publication traditionnelle, et on ne peut pas entrer en compétition avec le budget que va mettre son éditeur professionnel. Donc il vaut mieux essayer de se comparer avec des indépendants. Voilà.

Cyril. – Et qu’est-ce que tu fais ? Tu vends tes livres directement, ou…

Olivia. – Non ! Je vends pas mes livres directement, parce que je pense que… Si on les vend directement, certes on gagnerait plus d’argent, mais on perdrait en rang et en visibilité pour les grandes boutiques.

Cyril. – Non, non, c’est pas ça que je voulais dire. Excuse-moi. Tes publicités Facebook sont des publicités qui amènent sur la boutique Kindle ou sur une autre boutique, ou ce sont des publicités qui vont te servir à te créer ton lectorat et avoir une mailing list qui grossit ?

Olivia. – J’ai deux sortes de publicités. Par exemple, quand j’ai lancé Hold Fast, avec Shannon, qui est sur Kindle Unlimited, là c’était pas compliqué : il y avait un lien et le lien, c’était vers la boutique Amazon. Donc là, c’était… Je vendais directement. Il y a aucun souci. Ce qui devient un peu plus tricky… Comment on dit en français ? Un peu plus délicat ! Quand on est sur plusieurs plateformes, eh bien c’est de faire une publicité qui vise la totalité de l’audience.

Bon, il y a certains marchés, comme le marché canadien, où les gens ont des lecteurs Kobo. Donc si on fait une pub qui vise le Canada, on peut envoyer les gens directement à un lien qui est le lien Kobo. L’autre possibilité, c’est de faire un post avec le lien vers chacune des boutiques et ensuite…

Cyril. – Et de sponsoriser ce post-là.

Olivia. – Et de booster ce post-là. C’est une autre des possibilités. Mais sinon, non. Ce qu’il faut… Il faut partir du principe que la cible est paresseuse et qu’il ne faut lui faire faire qu’un seul clic.

Cyril. – Et avoir un seul bouton au milieu de la page, pour être sûr qu’ils cliquent sur ce bouton-là.

Olivia. – Oui !

Cyril. – Et qu’il soit surtout bien rouge pour qu’ils le voient, parce que s’il est pas bien rouge ou orange, ils le verront pas.

Olivia. – Donc il faut faire… Il faut faire les choses le plus simple possible. Si on envoie… Parce que c’est une possibilité ! Moi, j’ai un site. Sur mon site, si on arrive à la page, il y a la page de la série, et puis il y a la page du bouquin. Et sur la page du bouquin, il y a la couverture, la description du bouquin, et en dessous un bouton pour aller sur Amazon, un bouton pour aller à la Fnac, un bouton pour aller chez Kobo, un bouton pour aller chez iBooks… Et j’ai oublié qui ? J’ai oublié NOOK. Et Google. Bref ! Donc je pourrais les envoyer sur mon site, pour ensuite les renvoyer sur la boutique de leur choix, mais là, je pense que je perds 80 % des gens qui ont cliqué.

Cyril. – Oui, bien sûr. Et tu te sers pas de ces publicités, donc, pour faire entrer des gens dans tes séries avec un premier exemplaire gratuit ?

Olivia. – Si ! Si, mais c’est ce que j’ai fait avec la page…

Cyril. – Des tornades d’acier.

Olivia. – Lestornadesdacier.com, où donc je leur offre le premier tome de la série, en disant : voilà, c’est comme les gens qui distribuent un morceau de grillade ou un morceau de jambon ou un morceau de fromage au supermarché. Si c’est bon, on va en acheter plusieurs tranches. Et puis si c’est pas bon, c’est pas bon ! On n’aime pas ça, et voilà ! Et en tout cas, on a essayé. La seule chose qu’on a perdue, c’est le quart d’heure ou la demi-heure qu’on a passé à commencer à lire le bouquin, en se disant : non, ça, ça m’emmerde. Voilà. On ne peut pas plaire à tout le monde. Moi, mes bikers sont assez softs. Je suis en concurrence avec des gens…

Cyril. – Pourtant, ils ont des plaquettes de chocolat, mais alors, c’est…

Olivia. – Ah, ils ont… Voilà ! C’est…

Cyril. – Je suis d’une jalousie ! J’ai fait des pompes tout à l’heure, avant de…

Olivia. – Non, non, il y a Madeline Sheehan, qui écrit les Hell’s Horsemen, qui est une série extraordinaire ! Mais qui est d’une violence et d’une cruauté que… Enfin, moi, c’est le monde des bisounours à côté ! Donc on peut pas plaire à tout le monde. Il y a des gens qui veulent du sang, des choses violentes, etc. Si on veut ça, il faut passer sa route. Moi, il y a peut-être un peu de violence intellectuelle, mais il y a jamais de grosse violence physique.

Cyril. – Il y a une question que je t’ai posée tout à l’heure, c’est… Mais je pense qu’on s’est pas… Enfin, je me suis mal exprimé. En France, si on cherche de la romance sur Amazon, on tombe dans Littérature sentimentale.

Olivia. – Oui, il y en a qu’une.

Cyril. – Ça s’appelle Littérature sentimentale et ensuite, si on veut de la romance fantastique ou si on veut de la romance de vampires ou si on veut de la romance de quelque chose ou autre chose, eh bien on n’a pas du tout ces catégories. Il faut taper dans les barres de recherche ou trouver le bon fil, etc.

Olivia. – Alors, un peu quand même, parce que si tu fais Amazon.fr et qu’ensuite tu fais chaud bouillant, là tu descends et tu vois qu’en fait il y a Romance et Littérature sentimentale / Suspense, Romance et Littérature sentimentale / Contemporain, et après tu as Littérature sentimentale.

Cyril. – D’accord. Mais sur Kindle, la seule chose qu’on ait, c’est Littérature sentimentale. On n’a pas Littérature sentimentale / Suspense. Et si tu vas dans la boutique Kindle et que tu cherches à trouver les livres qui t’intéressent en suivant la classification qui t’est présentée par la boutique Amazon Kindle, tu peux juste avoir de la Littérature sentimentale. Tu peux pas avoir de la Littérature sentimentale / Suspense.

Olivia. – Alors, attends, je regarde…

Cyril. – Tu vas dans Ebooks Kindle…

Olivia. – Si, tu vas sur Livres / Romance et Littérature sentimentale, et dessous, c’est divisé en Comédie / Chick-lit / Contemporain / Fantasy / Gays et lesbiennes / Historique / Paranormal / Érotique / Science fiction / Suspense.

Cyril. – Là, tu es allée dans Livres. Tu n’es pas allée dans la boutique Kindle.

Olivia. – Je suis dans la boutique Livres. Ah… Oui, effectivement.

Cyril. – Si tu vas dans la boutique Ebooks Kindle et que tu cherches un type spécifique de romance, eh bien tu ne le trouveras pas.

Olivia. – Oui. Alors qu’en anglais, on a…

Cyril. – Oh, vous avez… En anglais, il y a des sous-genres et des sous-sous-genres à tire-larigot !

Olivia. – Absolument ! Ce qui m’a fait hurler de rire, c’est… J’ai un de mes bouquins, Lyv, qui se passe, qui commence en 1987. Eh bien, maintenant, je suis dans la Littérature sentimentale historique, parce que le xxe siècle est une catégorie historique. En fait, on a ça par siècle. Et en fait je m’en suis rendu compte parce qu’il y a une jeune lectrice qui l’a lu, qui avait lu les bikers, et comme en fait tous mes bouquins sont liés, elle est allée voir Lyv et elle a mis comme remarque : « Ah oui, pour un bouquin historique, c’est pas mal ! » Et je me suis dit : tiens, pourquoi bouquin historique ? Mais pour des gens qui ont l’âge de ma fille, une vingtaine d’années, une époque où…

Cyril. – Il y avait pas de portables.

Olivia. – Il y avait pas de portables, donc quand on voulait parler à une copine, on était dans le téléphone… Il y avait le téléphone dans la cuisine et on devait raconter nos trucs à côté de notre mère qui faisait la cuisine ou de notre frère qui faisait les devoirs à table, ou de…

Cyril. – On n’avait que cinq chaînes. Ou six.

Olivia. – Voilà. Et on rencontrait quelqu’un pendant les vacances, ou quelqu’un partait en voyage, ben s’il envoyait pas des cartes postales, on n’avait pas de nouvelles ! Il y avait pas de mails, il y avait pas de textos, il y avait pas de téléphones portables…

Cyril. – Il y avait pas de pages Facebook ! Donc tu es dans Romance historique aussi, maintenant.

Olivia. – Voilà.

Cyril. – Génial ! Mais uniquement aux États-Unis.

Olivia. – Voilà.

Cyril. – Olivia, merci beaucoup pour cet entretien. Je pense qu’il y a plein d’autres choses dont il faut qu’on parle, parce que justement… Mais on les gardera pour plus tard ! Parce que tu as cette double culture américaine et française, mais on en parlera plus tard. On en reparlera à l’occasion. Merci encore ! Où est-ce qu’on peut te retrouver ? Donc Lestornadesdacier.com. Tu as une page Facebook ? Auteur. Française.

Olivia. – J’ai une page Facebook. En fait, j’ai pas… J’ai peut-être fait une erreur, mais j’ai une page qui est… Où je communique aussi bien avec les Américaines qu’avec les Françaises qu’avec les Québécoises. Je sais pas. Parce que je suis traduite en espagnol, en allemand, en italien aussi. L’allemand, ça marche du feu de Dieu ! Si vous avez la possibilité de vous faire traduire en allemand, c’est le message à toutes les autres auteures, faites-vous traduire en allemand. J’ai remboursé mes traductions en allemand en deux mois.

Cyril. – Ah oui !

Olivia. – C’est un marché qui est extraordinaire ! Les lectrices sont très fidèles. Elles achètent. Je dis pas qu’il y a pas de contrefaçon en Allemagne, mais il y a beaucoup moins de contrefaçon en Allemagne. Et même si a priori… J’ai fait des traductions en espagnol. J’ai fait faire des traductions en espagnol, où j’ai payé la moitié du prix en espagnol que j’ai payé en allemand…

Cyril. – Mais t’es pas encore remboursée.

Olivia. – Ah, et puis dans une petite vingtaine d’années !

Cyril. – Mais je crois que l’Espagne, c’est un des pays où il y a le plus de contrefaçon et de piratage.

Olivia. – Oui, mais il y a pas que l’Espagne. Il y a toute l’Amérique du Sud. Et pourtant, les bouquins sont à 99 cents. Et j’ai fait la même chose avec ma traductrice brésilienne.

Cyril. – Oui, moi, j’allais faire des livres en espagnol et en portugais. Là, tout d’un coup, tu me fais changer d’avis.

Olivia. – Enfin, bon, d’un autre côté, il y a des gens qui s’en sortent mieux, peut-être ! Mais moi, vraiment… Autant les audiobooks, je me dis que je vais mettre deux, trois ans à rembourser mes frais, autant espagnol c’est fini, quoi. J’ai traduit les deux premiers et je m’arrêterai là.

Cyril. – D’accord. Bon. Donc page Facebook. Je mettrai le lien de la page Facebook dans l’article.

Olivia. – La page d’auteure, pas le… Je te mettrai le lien. Ah, et j’ai créé une page où toutes les auteures françaises qui pourraient être intéressées pourraient venir me rejoindre, qui s’appelle Amour, Aventure et Romance.

Cyril. – C’est une page ou c’est un groupe ?

Olivia. – C’est une page. À partir de laquelle on peut faire de la publicité et faire grandir…

Cyril. – Ah, il y a 3 100 likes ! C’est pas mal pour démarrer. ( NDLR : 3900 une semaine plus tard )

Olivia. – Pour démarrer, oui. Et ça fait… Je sais plus… Ça doit faire un mois et demi que j’ai créé la page.

Cyril. – Amour, Aventure et Romance.com ?

Olivia. – Oui, alors j’ai créé une… J’ai acheté le nom Amour, Aventure et Romance.com, mais j’ai rien mis sur le site encore. J’ai créé cette page-là le 25 juillet.

Cyril. – Ah oui ! Ça démarre bien.

Olivia. – Oui, voilà.

Cyril. – On continue comme ça.

Olivia. – Voilà ! Et quand tu veux. C’est comme tu pourras. Je suis intarissable ! Et un peu monomaniaque.

Cyril. – Écoute, pas de souci, avec plaisir ! Merci.

Olivia. – Je t’en prie ! Au revoir.

Cyril. – Au revoir.

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