Le livre numérique est une opportunité pour l’édition, point barre.

Comme le NY Times s’y met aussi, comme l’a remarqué Jean-Philippe Touzeau, je vais passer la seconde par rapport à ces grands titres de la presse traditionnelle et moins traditionnelle.

L’accroche principale utilisée ces derniers jours par la presse après avoir lu (ou pas) le communiqué de presse de l’ Association of American Publishers est : « les ventes d’ebook baissent et le numérique était juste une mode. Les lecteurs reviennent au livre papier ».

Je rappelle que la conclusion tirée de cette étude de chiffres est un exemple typique de biais statistique. Les chiffres proviennent d’un association qui représente 1200 éditeurs américains, dont les 5 principaux. Mais cela ne représente pas ni tous les ebooks, ni même tous les livres papier. Parmi les 1200 éditeurs en question, les “big five” représentent 80% du chiffre d’affaires, donc il y a déjà un biais statistique.

Mais même, ces 1200 éditeurs ne représentent que 50% des ventes sur Kindle, et 35% à peine des titres.

Voyez-vous le biais ?

Par contre, je salue le développement des livres papier. Même si pour appuyer cet argument, l’article utilise l’exemple d’UNE librairie.

Disons-le avec un autre angle : l’autoédition et le numérique sont une opportunité pour l’édition en général. Une opportunité de se moderniser, de trouver de nouveaux lecteurs, de faire plus de livres aux personnes qui lisent déjà régulièrement. Bref, de faire grossir la galette et le choix pour le bénéfice de tous, éditeurs, libraires, auteurs et lecteurs.

Modernisation qui passe par l’utilisation des Expresso Book Machines , machines qui permettent d’imprimer des livres à la demande en quelques minutes.

Modernisation qui passe par une meilleure connaissance des lecteurs par les éditeurs. Peut être, un jour. Car disons-le : les éditeurs ne connaissent pas les lecteurs. Ils connaissent les diffuseurs, les vendeurs et les libraires. Cela fait beaucoup d’intermédiaires entre un auteur et son lecteur. Il n’est pas rare qu’un éditeur aille demander à un auteur indépendant comment il fait pour toucher des lecteurs aujourd’hui, car ils n’en savent rien : ils utilisent les même recettes qu’il y a 10 ans ou 20 ans.

Modernisation qui passe par l’amélioration des espaces de vente, qui fonctionnent aujourd’hui essentiellement avec des gros stocks des livres qui marchent. Et pas avec beaucoup livres qui se vendent un peu.

Modernisation de la rémunération des auteurs. Ne commencez pas à me chatouiller là dessus.

Et les autoédités sont aussi une opportunité pour l’édition : plus de lecteurs, plus de livres, plus de talents dans des niches qu’ils ne peuvent pas exploiter ou qu’ils n’exploitent pas mais qui sont voisines des genres qu’ils publient.

Et dire que j’avais encore de l’estime pour le travail des journalistes du NY Times…