Les réponses aux questions sur les ebooks – Jour 12

Cet article fait partie d’une série sur “les 100 questions de l’édition d’ebooks”. Vous pouvez retrouver la liste complète des questions ici.

Je crois que j’ai assez dit de mal de l’édition traditionnelle, des éditeurs papier et des gens qui profitent de l’édition à compte d’auteur pour brûler trente fois en enfer. Il est temps pour moi de dire du mal de l’auto-édition de livres numériques.

Enfin, d’essayer, car les ebooks, ou livres numériques, sont un débouché absolument génial pour les auteurs qui veulent s’auto-éditer, et les éditeurs indépendants aussi. Mais tout n’est pas rose, il n’y a pas de bouton sur lequel il est écrit “succès automatique”, et il faut évidemment beaucoup de travail pour durer dans cette activité.

Alors je vais commencer par parler de l’auto-édition et de l’édition indépendante. Pour moi les deux sont liées. Car ce que l’on apprend avec l’une sert à l’autre. Il y a une différence de volume, de taille, mais pas de moyens, ni de stratégie. Si vous êtes auto-éditeur, vous devez aussi vous voir comme éditeur indépendant, avec un seul auteur, vous. Le mot important ici, c’est “éditeur”.

Dans les articles qui vont suivre, je vais parler de votre rôle d’auteur. Mais ne vous leurrez pas : je ne vais voir le travail de l’auteur que comme le travail de quelqu’un qui fournit de la matière à éditer. Ce qui compte maintenant c’est l’édition, la transformation d’un manuscrit imparfait en produit vendable.

Désolé…

37. Quelle est la plus grande erreur à commettre par un auto-éditeur ?

La plus grande erreur d’un auto-éditeur ou d’un éditeur indépendant est de se considérer ou de de se comporter comme un amateur.

Amateur.

Ce ne doit pas être le cas. Il faut au contraire respirer le sérieux, la qualité, l’expérience. Du premier regard sur la couverture au moment où le lecteur referme le livre ou le fichier, il faut qu’il ait le sentiment de s’adresser à quelqu’un de professionnel, pas un dilettante.

Vous comprenez, si vous vous considérez ou vous comportez comme un amateur, votre lecteur va aussi le faire. Il ne va pas vous prendre au sérieux, et en fait il ne va pas s’intéresser à vous et à votre ouvrage.

Si vous vous dites : je vais publier cet ouvrage, mais je vais faire un couverture avec un dessin de ma petite nièce, je vais demander à mon beau-frère qui est boulanger (un bien beau métier, mais aucune qualification pour la lecture) de le relire et de le corriger, et je vais envoyer à Amazon Kindle un fichier Word en espérant que le formatage passe à peu près, si vous vous dites ça, comment voulez-vous que qui que ce soit vous prenne au sérieux ?

C’est aussi bien valable pour les livres de fiction que pour les livres pratiques. Le caractère sérieux et professionnel de votre livre de fiction se verra rapidement, ou au contraire son caractère amateur.

S’il y a bien des choses que les lecteurs n’aiment pas, c’est l’amateurisme. Ils ne veulent pas qu’on leur donne un travail mal fini, mal présenté, quelque chose qui n’est pas passé déjà par un premier filtre de vérification et de correction. Ils ne veulent pas une couverture mal faite, une description réduite à peau de chagrin, un extrait insuffisant.

Ils veulent quelque chose de qualité, et une apparence d’amateurisme ne porte personne à penser qualité.

Et quand je dis apparence, je ne parle pas que de la couleur de votre couverture…

Qu’est-ce qui peut faire la différence pour un lecteur entre un titre auto-édité et un titre édité par une maison d’édition “normale” ? Posez vous la question, et vous verrez tous les domaines dans lesquels vous devez assurer la même qualité que vos prestigieux et établis concurrents.

Dès le premier regard, faites en sorte que vos lecteurs soient contents de leur choix, soient confiants quant à leur choix. Ainsi ils seront préprogrammés pour considérer votre titre comme de qualité et ils ignoreront de petites erreurs.

Parce qu’après tout, les lecteurs se moquent de savoir si le livre est édité par Tartempion de Tarascon (le beau frère de Tartarin), ou par un des grands éditeurs de la place de Paris quand ils le lisent, non ? A l’achat, c’est différent, mais après ?

La deuxième erreur, c’est d’oublier qu’un livre qui se vend dans une librairie, virtuelle ou non, est un produit. Il y a marchandisation de l’œuvre.

On ne vend pas une œuvre, on vend un livre. Et un livre est un produit.

Ne vous attachez donc pas à l’œuvre elle même trop sentimentalement, ne fondez pas dans l’œuvre des espoirs inouïs. Pensez au produit final que les gens vont acheter. Je sais, c’est parfois difficile de se mettre dans cet état d’esprit.

On voudrait que la qualité de l’œuvre soit suffisante à assurer le succès du produit. C’est parfois le cas, mais plus souvent, c’est l’emballage, l’aspect extérieur qui va décider d’une vente. Or pour que les gens apprécient l’œuvre, il faut d’abord qu’ils achètent le produit.

Donc quand vous en serez à publier et mettre en vente votre livre, pensez d’abord à faire un produit et un produit de qualité. Cette qualité sera bien évidemment une conséquence de la qualité intrinsèque de l’ouvrage, mais aussi de la qualité extérieure de ce produit. N’agissez donc pas comme un amateur.