J’écris pour le plaisir

Un nouvel épisode de podcast, et je continue à écumer les lauréats du prix Amazon de la rentrée, avec cette fois-ci Isabelle Rozenn-Mari.

Parmi toutes les choses intéressantes dont nous avons discuté, je retiens d’abord cette phrase d’Isabelle : j’écris pour le plaisir.

Personne ne va cracher dans la soupe, mais les auteurs qui s’autoéditent n’ont pas tous l’objectif d’écrire un best-seller. Elle le dit elle-même, et elle se plaindrait presque (ah ah !) d’avoir eu les projecteurs braqués sur elle après la remise des prix Amazon.

3 Titres aux premières places dans la catégorie Fantastique et terreur 3 Titres aux premières places dans la catégorie Fantastique et terreur

Un autre point que je trouve essentiel et sur lequel je ne me suis pas assez étendu avec elle, c’est la nécessité d’avoir un espace et un moment dédié à l’écriture. Elle a pris le parti de travailler en temps partiel (l’opportunité aussi) pour pouvoir faire ce qui lui plaisait.

Enfin, petite cachotière, elle ne m’a pas parlé de la mise en avant avec l’offre-éclair d’un de ses autres romans que Souviens-toi Rose.

L'effet offre-éclair L’effet offre-éclair

Son roman se vendait déjà assez bien avant l’offre. Elle a donc eu un peu plus de visibilité, donc un peu plus de lecteurs qui seront probablement intéressés par ses autres romans… et restera un peu plus longtemps dans le cercle vertueux des ventes sur Amazon. En tout cas, je lui souhaite.

Isabelle a donc plusieurs livres sur Amazon, que vous pouvez tous retrouver sur sa page Amazon.

Vous pouvez aussi la retrouver directement sur son blog, qu’elle doit mettre à jour…

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Je profite aussi de ce billet pour vous rappeler que la promotion sur l’ebook Comment publier un livre sur Kobo/Fnac s’achève bientôt. Profitez en avant qu’il ne soit trop tard.


Cyril. – Aujourd’hui, j’ai le plaisir de recevoir la damnée des ténèbres et de l’oubli, celle qui dame le pion à Stephen King, Isabelle Rozenn-Mari. Bonjour, Isabelle.

Isabelle. – Bonjour Cyril !

Cyril. – Est-ce que tu peux te présenter pour les auditeurs qui ne te connaissent pas bien encore, s’il te plaît ?

Isabelle. – Alors, j’ai écrit cinq romans jusqu’ici, dans le domaine du surnaturel et de la fantasy, et ça fait un peu plus de trois ans que je les ai mis sur Amazon dans l’autoédition. Donc je ne fais que de l’autoédition. Et là, je suis en train d’écrire mon sixième roman à l’heure actuelle.

Cyril. – Tu es aussi connue pour surfer dans le top des ventes Kindle outrageusement depuis plusieurs mois et avoir gagné le prix des lecteurs de KDP, qui a été décerné au mois d’octobre si mes souvenirs sont bons.

Isabelle. – C’est ça, tout à fait, oui.

Cyril. – Ce qui est quand même une grande marque de reconnaissance, je crois.

Isabelle. – Oui, c’est vrai ! C’est vrai que je n’étais jamais allée jusqu’à la première place, c’était quelque chose de totalement nouveau pour moi, donc forcément assez inattendu aussi. J’avais dû monter jusqu’aux premières places avec certains de mes livres, mais pas très longtemps, et c’était une vraie surprise pour moi d’en arriver là. Et puis après, effectivement, c’est tombé pendant le concours des indépendants de la rentrée, et comme ce concours-là prenait en compte le nombre de ventes, c’est comme ça que j’ai gagné le prix, en fait.

Cyril. – D’accord. Il n’y a pas eu d’effet marketing, comment dire… Je lisais quelque part que tu n’as pas eu beaucoup de retours, de mise en avant par Amazon avec ce concours-là.

Isabelle. – C’est une interrogation que j’avais au tout départ, mais en fait, je pense que c’était un malentendu. J’avais vu sur l’annonce du concours qu’Amazon allait nous mettre en avant (moi et les autres ; il n’y avait pas que moi dans l’histoire) et je leur avais envoyé un mail parce que du coup je n’avais fait aucune opération marketing, en me disant : c’est bon, je lance mon livre, Amazon prend le relais et puis je n’ai rien à faire, tranquille ! Et en fait, les deux ou trois premiers jours, il se passait des choses, mais pas énormément, alors je leur ai envoyé un petit mail pour demander qui, quoi, comment ? Et ils m’ont répondu : « Mais non, on ne fait pas ça, pas de mise en avant, vous avez mal compris ». Donc là, forcément, j’ai commencé à paniquer un petit peu. Je me suis dit : je n’ai rien fait, c’est bon, c’est mort. C’est vrai que le départ d’un livre, c’est quand même important. Le démarrage… Derrière, si on ne fait pas ce qu’il faut, si on n’informe pas ses lecteurs, si on ne fait pas un petit peu d’annonce préalable… Surtout si on a quelques livres derrière soi et qu’on est un tout petit peu connu, ça aide quand même ! Donc là, je me suis dit : c’est mort.

Cyril. – Et pourtant, si mes souvenirs sont bons… C’est le mois d’août, c’était il y a longtemps, dans l’édition !

Isabelle. – Oui, c’est vieux, c’est vieux ! C’était en été.

Cyril. – Tu es quand même montée très très vite dans ce classement. C’est-à-dire qu’en fait, ce livre, il n’a pratiquement pas eu besoin de promotion particulière. J’imagine quand même que tu en as fait.

Isabelle. – Eh bien, non, en fait. Non, je n’en ai pas fait. Mais je pense qu’Amazon a quand même réellement fait quelque chose dans le cadre du concours. Et c’est ce qu’ils m’ont répondu au bout d’un moment. Ils m’ont dit : « Ce qu’on vous a dit au départ, j’étais mal renseigné, c’était un malentendu ; en fait, il y avait quand même quelque chose qui était fait. »

Cyril. – Oui, il y avait quand même une page.

Isabelle. – C’est ça, il y avait une page. Il y avait une page et aussi, il y avait les lecteurs, visiblement, de L’Héritage des Damnés qui étaient intéressés par ce thème-là, qui était… pas pareil, mais un petit peu ressemblant quand même, et je pense que c’est aussi ça qui a fait ce qui est arrivé derrière. Parce qu’Amazon envoie des lettres d’information pour dire : « L’auteur que vous avez lu a sorti un nouveau livre ; celui-ci, s’il vous intéresse, vous l’achetez ! » Je pense que ça a été un petit peu fait comme ça aussi.

Cyril. – En termes de promotion et de marketing, le fait d’avoir eu le prix t’a un petit peu servi, j’imagine, mais en même temps, même avant de l’avoir eu, tu restais quand même très très bien placée et ton roman a trouvé beaucoup de lecteurs.

Isabelle. – Alors, je ne sais pas quelle incidence a eu le prix réellement sur la suite. Effectivement, j’ai… Le prix a été décerné le 6 octobre, donc ça faisait quasiment deux mois qu’il était sorti, qu’il marchait bien.

Cyril. – Bien !

Isabelle. – Oui, très bien, même !

Cyril. – Moi, j’aimerais bien avoir un roman dans le top 100 !

Isabelle. – Donc il marchait très bien, voilà… Et du coup, ça a continué derrière. Je pense que c’est un cycle aussi. À un moment donné, ça va s’arrêter. Parce que là, je dois être à 18 000 ventes. Je sais qu’Amélie Antoine, elle, elle a dû atteindre 21 000, je crois.

Cyril. – Non, elle était à plus de 25 000.

Isabelle. – Elle est déjà à 25 000 ! Parce qu’au moment du concours, elle était à 21 000.

Cyril. – Oui, et là, c’est quand même… Enfin, bon, il y a de nouveaux lecteurs qui arrivent sur Kindle, donc elle continue à avoir de nouveaux lecteurs, mais quand même. Là, je pense que…

Isabelle. – Oui, je pense que quand tu atteins 20 000, ton cycle de livre a atteint son apogée et qu’après, ça commence à décliner. Ce qui est plutôt logique. Mais oui, il a quand même duré longtemps, et c’est vrai que c’est bien. C’est clair !

Cyril. – Ah oui, c’est super. Et donc, comme je disais à demi-mot dans l’introduction, tu es aussi en train de squatter royalement les trois premières places du classement fantasy et terreur de Kindle, avec trois romans sur les cinq que tu as écrits. Alors, là, je ne suis pas du tout dans les Kindle, je suis dans les livres… Excuse-moi. Fantastique et terreur, donc. Avec Souviens-toi Rose, L’Héritage des Damnés, et Avant les Ténèbres et l’Oubli. Tu es devant Stephen King.

Isabelle. – D’accord. Bon, ben, c’est sympa ! À vrai dire, je ne vais pas voir le classement tous les jours, donc je ne me rends pas bien compte, mais c’est vrai que… Mais là, ça fluctue pas mal, en fait. Il y a des jours où ils sont plus ou moins éloignés. Souviens-toi Rose reste premier parce qu’il est bien placé dans le classement général, mais les deux autres vont et viennent. Mais ils sont… Le public qui lit Souviens-toi Rose va après sur ces livres-là, en fait.

Cyril. – Je me posais la question de savoir si quand on avait un livre qui fonctionnait mieux, ça soulevait la barque et que les autres livres bénéficiaient de cette mise en avant. Pour toi, ça fonctionne bien sur ces deux livres-là.

Isabelle. – Oui, oui, ça a bien fonctionné. Tout à fait. Ça a fonctionné. Ça le fait régulièrement. Il y a des ventes très régulières sur les deux autres livres, qui sont à peu près dans le même genre. Ce qui marche moins bien, c’est pour les autres, qui sont dans de la fantasy. Et là, tu n’as pas un énorme public. Surtout que c’est plus pour les adolescents, même s’il y a beaucoup d’adultes qui les lisent. Ce sont des livres qui plaisent beaucoup aux amateurs de fantasy, mais les amateurs de fantasy, je n’ai pas l’impression qu’ils soient très très nombreux, donc c’est vrai que… Ce ne sont pas les mêmes lecteurs, en fait.

Cyril. – Alors, on aborde justement la question du genre et des différents genres, entre guillemets (très gros guillemets !) mineurs, comme ça : fantastique, fantasy, terreur, science-fiction, etc. Est-ce que toi, tu penses que les auteurs de fantasy ou de fantastique sont bien traités en France et qu’on leur donne la chance qu’ils méritent ?

Isabelle. – Alors, non, je n’ai pas l’impression du tout. Au contraire, même ! Je pense que les éditeurs français ne recherchent pas du tout ce genre de livres pour leurs lecteurs. Comme ils le disent je pense assez régulièrement, ça ne rentre pas dans leur ligne éditoriale. Enfin, je pense que c’est ça qu’ils pensent. Ils vont plutôt rechercher des livres traitant de biographies ou de choses peut-être un peu plus terre-à-terre. Je ne pense pas que ce soit leur recherche actuelle.

Cyril. – Et c’est pour cette raison que tu t’es autoéditée directement et que… Tu as cherché un éditeur ? Ou pas du tout ?

Isabelle. – Alors, au début, oui. Mais par exemple, pour Souviens-toi Rose, je ne l’ai envoyé à personne. L’Héritage des Damnés… Il faut savoir que L’Héritage des Damnés, je l’ai écrit à dix-neuf ans, donc ça commence à dater un petit peu. L’Héritage des Damnés, je l’ai écrit et rangé dans un tiroir au bout de quelques mois, puisque je l’ai envoyé à quatre ou cinq éditeurs qui m’ont envoyé des réponses…

Cyril. – Mais en même temps, c’était il y a trois ans ! T’as vingt-deux ans !

Isabelle. – C’est ça ! Donc j’ai laissé tomber pendant très longtemps en me disant : bon, ben, OK, ça ne plaît à personne, tant pis ! Et j’ai repris l’écriture longtemps après, par de la fantasy, et j’ai eu… Donc en 2012, j’ai mis mon premier bouquin de fantasy sur Amazon, et ensuite L’Héritage des Damnés. Et là, ça a marché assez vite. Mais pour autant, j’ai dû envoyer à quelques éditeurs, mais je n’ai pas vraiment insisté, si tu veux. Parce que je n’ai pas le sentiment que ce soit vraiment quelque chose qui les intéresse.

Cyril. – Donc ce n’est pas par dépit et après de multiples refus que tu t’es autoéditée, c’est… Qu’est-ce qui a fait naître en toi cette… Tu as essayé parce qu’on t’a dit : « Il faut essayer » ? Ou tu t’es dit : « C’est vraiment ça qu’il faut que je fasse » et « Ça, ça pourrait marcher » ? L’autoédition.

Isabelle. – Écoute, j’ai essayé totalement par hasard, parce que j’avais ce deuxième livre que je venais de finir. Et j’ai appris totalement par hasard qu’il y avait cette chose qui existait, qui s’appelait l’autoédition via KDP Amazon. En deux clics, en fait, je l’ai mis sur Amazon. Au préalable, j’étais passée par un forum qui permettait de faire des échanges de bons procédés, avec lequel j’avais obtenu une couverture avec un dessinateur, fort sympathique ma foi ! Donc j’ai mis tout ça bout à bout et je me suis lancée comme ça, sans vraiment avoir de projet bien défini et de but quelconque. J’ai essayé ! Après, j’ai fait pareil pour L’Héritage des Damnés. Pour voir ce que ça allait donner, tout simplement ! Et voilà, L’Héritage des Damnés a fonctionné assez vite, et je ne me suis pas forcément rendu compte. Moi, j’écris vraiment pour le plaisir ! Je n’avais pas forcément de grand projet de devenir écrivain, de forcément faire une carrière ou autre. Donc voilà, je me suis lancée comme ça, sans vraiment avoir de stratégie, marketing ou autre.

Cyril. – Et maintenant, après cinq romans, est-ce que l’envie d’être plus écrivain qu’autre chose, puisque tu as encore une activité par ailleurs me semble-t-il… Est-ce que cette envie est plus présente ?

Isabelle. – Alors, forcément, tu y penses ! C’est automatique. Parce que malgré tout, moi, être écrivain, c’est un truc auquel j’aspirais. Enfin, j’aspirais… J’y pensais depuis que j’étais très jeune. J’avais dit à mes parents, à huit ans, que je voulais écrire, que je voulais être écrivain plus tard. Donc c’est clair que c’est une chose à laquelle je pense depuis longtemps, mais tu te dis tellement que c’est improbable d’en vivre, surtout en France, que ce n’est pas quelque chose… Ce n’est pas une chose très concrète, si tu veux, pour moi. Maintenant, écrire, évidemment, c’est quelque chose que j’adore. Donc si je pouvais en vivre… On y va. Banco ! Mais c’est vrai que je ne me laisse pas trop d’espoirs à ce niveau-là pour ne pas être déçue, si tu veux. À moins peut-être d’être traduite, et ensuite qu’il y ait des choses qui se passent, mais il y a tellement peu d’auteurs français qui en vivent… Il faut être honnête, il n’y en a pas beaucoup ! Donc autant j’aime bien rêver dans mes livres et faire rêver les gens, autant je suis assez pragmatique dans la vie réelle.

Cyril. – Terre-à-terre.

Isabelle. – Voilà. Du coup, je sais que mon travail m’apporte de la sécurité et que… Je me lancerai vraiment si je suis sûre que ça peut le faire sur le long terme, si tu veux. Et oui, dans ce cas-là, pourquoi pas ? Bien sûr. Avec plaisir, même !

Cyril. – KDP et Amazon Crossing ne t’ont pas encore approchée… Tu n’es pas obligée de répondre ! Amazon Crossing ne t’a pas approchée, encore, pour faire de toi une auteure à renommée internationale.

Isabelle. – Alors, de toute manière, dans le concours que j’ai gagné, il était… Ils étudient le projet, si tu veux. Ils étudient le projet d’une traduction, mais je n’ai pas de retour pour l’instant.

Cyril. – Parce que le marché américain, sur le fantastique, c’est l’Eldorado !

Isabelle. – Ah oui, tout à fait ! Et moi, je ne lis que des auteurs qui sont issus de ce genre. Américains et anglo-saxons. Bien sûr, oui. Moi, c’est vraiment mon truc, et c’est vrai que… Peut-être, oui. Je pense que ça peut fonctionner. Après, il faut voir si ça correspond vraiment à ce qu’ils recherchent, ce que je fais. Mais c’est typiquement la cible qui pourrait effectivement convenir à ce que j’écris. Clairement, oui. On verra.

Cyril. – On verra. On croise les doigts. Est-ce que tu as des techniques d’écriture particulières ? Ou est-ce que tu es vraiment ce qu’on appelle en américain ou en anglais un pantser ? C’est-à-dire quelqu’un qui s’assied et qui écrit une histoire comme ça, qui sort.

Isabelle. – Oui, c’est ça ! C’est tout à fait ce que je fais !

Cyril. – Je t’admire, parce que je n’y arrive pas du tout, moi, à faire ce genre de chose !

Isabelle. – C’est vrai que j’ai essayé de faire avec une trame bien précise, un synopsis complet, quelque chose de très développé, et je m’ennuie terriblement en faisant ça. Je pense que je pourrais le faire, mais ça me… Enfin, je n’y vois pas un grand intérêt, en fait, parce que quand tu écris de cette façon, comme je fais, tu as une idée de départ, évidemment, donc tu cernes tes personnages, tu fais quand même… Il y a un petit travail, quand même ! Ce n’est pas non plus… Tu ne te jettes pas dans l’aventure aveuglément, mais tu as une idée de départ, tu sais à peu près ce qui se passe au milieu, et tu as une idée de la fin. Le reste, c’est open. Et en faisant comme ça, moi, j’arrive à me surprendre moi-même et je ne m’ennuie pas du tout en faisant ça. Et je déteste m’ennuyer, en lisant ou en écrivant quelque chose. Et ça te permet de trouver de nouvelles idées en cours de route, qui te permettent de construire une histoire, qui moi arrive encore à me surprendre aussi. Et c’est… Pour moi, c’est important. De ne pas faire un truc qui soit trop ronflant. Et finalement, tout se recoupe à la fin, bizarrement, donc bon.

Cyril. – Pour le moment, ça marche, tout va bien.

Isabelle. – Oui, pour le moment, il n’y a pas de bug. On verra, ça m’arrivera peut-être un jour, de tomber sur un os !

Cyril. – Et tu arrives à tenir… Alors, un des problèmes que les gens qui veulent écrire des romans, des livres, rencontrent, c’est le fait de trouver le temps, de s’aménager un espace, un espace-temps pour écrire, justement.

Isabelle. – C’est ça.

Cyril. – Et toi, tu as des techniques particulières ? Tu as un arrangement, des habitudes, qui font que tu t’octroies ce temps, ou tu…

Isabelle. – En fait, il y a un truc que moi, je ne peux pas faire, c’est écrire quand il y a du monde autour de moi. Ou quand il y a du bruit. Quand il y a du… Je ne peux pas. Il faut que je sois seule, qu’il n’y ait rien… Parce que moi, j’ai deux enfants qui sont très bruyants. Enfin, comme tous les enfants, on va dire !

Cyril. – Ne m’en parle pas…

Isabelle. – S’ils sont là, je ne peux absolument pas écrire, parce que je sais que toutes les dix minutes, ils vont me dire : « Maman, j’ai besoin de toi », ceci, cela. Donc je ne peux pas. Du coup, j’ai fait un truc que tout le monde ne peut pas forcément faire : je me suis mise à temps partiel. C’est-à-dire que j’ai gardé l’avantage de mon travail, mais j’ai du temps pour écrire. Il y a des vendredis où je travaille, parce que je n’ai pas trop le choix, mais la plupart du temps, je ne travaille pas le vendredi et je ne fais que ça, du matin jusqu’au soir. Et du coup, ça me permet, mis bout à bout, d’écrire un livre. Au bout de six mois, un an.

Cyril. – C’est bien ! C’est en même temps une bonne façon de se jeter en avant de passer en temps partiel pour s’octroyer, justement, la possibilité d’écrire. Bravo !

Isabelle. – C’est ça. C’est vrai que tous les patrons ne l’acceptent pas, donc c’est vrai que j’ai la chance d’avoir pu le faire.

Cyril. – Le fait de ne pas prévoir, comme ça, les histoires, et de ne pas avoir trop un synopsis, est-ce que ça ne te pose pas aujourd’hui un problème pour le troisième tome de ta série de fantasy ?

Isabelle. – Un petit peu !

Cyril. – Parce que j’ai vu sur ton blog des petits messages qui me semblent dater d’il y a quelques semaines ou quelques mois (quelque temps, en tout cas) où tu parles du troisième tome. Et on sent que là, c’est peut-être un peu plus difficile à sortir.

Isabelle. – Eh bien, ce n’est même pas le problème. C’est que ces derniers mois, j’ai été un peu perturbée (enfin, perturbée dans le bon sens !) avec ces histoires de prix et compagnie, et pendant quelque temps je n’ai pas réussi à écrire, en fait. J’étais… Je n’avais pas la tête à ça, et du coup, je n’ai pas trop écrit. Peu, en tout cas. Et j’ai eu peu de temps en plus avec le travail. C’est vrai que j’ai pas mal de déplacements, ce qui fait que là j’ai un peu buggé là-dessus. Et là, je suis repartie depuis la fin de l’année, là, à fond. Mais ce n’est pas un problème de synopsis.

Cyril. – Oui, parce qu’un des objectifs de 2016, c’est de le finir enfin.

Isabelle. – C’est ça, mais je suis interrogée quasiment tous les jours sur la suite, donc à un moment donné, tu te dis : il faut y aller !

Cyril. – Et tu es interrogée par qui ? Par tes lecteurs, qui te contactent ?

Isabelle. – Oui ! Par les lecteurs, oui.

Cyril. – C’est génial.

Isabelle. – Je suis assez étonnée, parce que Les Enfants de Dana, c’est… Je dois avoir 2 ou 3 000 lecteurs en tout, là-dessus, donc ce n’est pas énorme. Enfin, tout est relatif. Mais c’est sur ce livre-là que j’ai le plus de commentaires et de relances de la part de mes lecteurs. Le plus d’échanges, en fait. Donc c’est vrai que ça rend motivant un petit peu les choses. Et puis j’ai relu le premier. Avec ma fille, d’ailleurs ; j’ai fait la lecture du premier. Et puis le deuxième, je suis en train de le relire. Mais non, je me souviens bien des choses ! Je pense que j’oublierai des trucs et que quand je relirai l’ensemble, je me dirai : non, ça, ça ne va pas. C’est vrai que la façon dont je travaille me pose problème à la correction ! C’est clair que je mets beaucoup de temps à corriger à cause de ça. Parce que je sais très bien que je vais tomber sur des os, sur des choses qui ne veulent rien dire par rapport à ce que j’avais dit au départ.

Cyril. – Oui, des choses qui ne sont pas forcément cohérentes.

Isabelle. – C’est ça. Et quand tu écris une série, c’est là que tu as l’écueil de ma façon de travailler qui se pose. C’est clair. Que tu n’as pas dans un livre normal.

Cyril. – C’est une trilogie ou c’est une série ?

Isabelle. – Alors, ce sera une trilogie. Mais après, je pense que je ferai d’autres livres autour de ça un peu plus tard, mais je vais clôturer les choses sur ce troisième tome et apporter toutes les réponses qui sont en attente, si tu veux. En suspens.

Cyril. – Parce que les autres romans que tu as écrits, ce sont des stand alone. Ce sont des livres, des romans, qui sont vraiment complètement séparés les uns des autres et il n’y a aucun fil…

Isabelle. – Oui et non, parce qu’en fait L’Héritage des Damnés, je l’ai écrit forcément avec à la fin… J’avais laissé une porte ouverte. Je l’ai exploitée dans Avant les Ténèbres et l’Oubli. Donc c’est une sorte de suite, mais tu peux les lire indépendamment. Et dans Souviens-toi Rose, tu vois le personnage de Avant les Ténèbres et l’Oubli qui intervient à un moment. Voilà. Pour autant, ça n’a rien à voir avec Avant les Ténèbres et l’Oubli, mais tu as le personnage qui intervient à un moment donné.

Cyril. – D’accord. Donc tu es en train de construire un monde, en fait. Tu construis carrément un monde.

Isabelle. – Si bien que certains me disent : « J’ai lu Souviens-toi Rose et sa suite ». Je dis : mais quelle suite ? Je n’ai pas écrit de suite sur Souviens-toi Rose. Pas encore, en tout cas ! Et en fait, les gens voient ça comme une trilogie : Les Damnés, Avant les Ténèbres et l’Oubli et Souviens-toi Rose, ils voient ça comme une trilogie, du coup. Alors que bon, dans ma tête ce n’en est pas une.

Cyril. – J’ai vu sur ton blog, sur d’autres sites et sur Amazon que les couvertures avaient changé. Enfin, surtout sur L’Héritage des Damnés. Qu’est-ce qui t’a poussée à le faire ? Et comment l’as-tu fait ?

Isabelle. – Alors, pour L’Héritage des Damnés, j’aime beaucoup l’image de la première couverture, mais elle est trop sombre, elle n’attire pas tellement l’œil, et plein de monde m’avait dit que ce n’était pas terrible. Donc je me suis dit : bon, je vais essayer autre chose. Et du coup, j’ai travaillé sur Corel pour faire cette couverture-là et voilà… Je me suis un petit peu amusée à assembler différents éléments pour constituer la nouvelle.

Cyril. – C’est toi qui fais tes couvertures ?

Isabelle. – Alors, celle-là oui. Je me fais aider, mais celle-là, oui. C’est toujours moi qui décide, de toute manière, de la couverture ou de l’illustration. Enfin, je choisis, si tu veux, parce qu’il y a quand même pas mal de sites où tu peux acheter des choses très sympathiques. Souviens-toi Rose, comme j’avais expliqué, elle existait déjà, cette couverture-là, donc je n’ai pas eu grand-chose à faire. Et puis, pour les autres… Les Dana, je les ai refaites aussi. Pareil, en piochant sur des images existantes. Il n’y a pas d’intervention extérieure, si ce n’est que j’achète des choses, parfois, qui sont toutes faites.

Cyril. – Bon, la vidéo nous pose des soucis. De temps en temps, je ne t’entends plus, je ne te vois plus… Je pense que c’est l’heure où tout le monde est sur Internet et on a du mal à se parler.

Isabelle. – Je pense, oui. C’était mieux il y a une demi-heure, effectivement !

Cyril. – La prochaine étape pour toi, c’est donc continuer à écrire, continuer à trouver du plaisir à écrire, et publier… Est-ce que tu t’es fixé un échéancier, un objectif de… Je ne sais pas : publier un roman par an ou quelque chose comme ça ?

Isabelle. – Je pense que je vais essayer un par an, oui. Je pense que c’est quelque chose qui est réalisable. Maintenant, tu peux avoir des impondérables qui peuvent se produire, mais oui, ça doit être faisable, je pense.

Cyril. – Oui, il ne faudrait pas gagner le prix KDP tous les ans, parce que sinon, si ça te perturbe pendant deux mois après à chaque fois, ça pose un problème !

Isabelle. – C’est vrai ! De toute manière, je sais que ça ne va pas être le cas avec le tome 3 des Enfants de Dana parce que je n’ai pas un panel de lecteurs énorme, mais bon, je le fais beaucoup pour le plaisir, celui-là. Et puis après, peut-être un titre on va dire, entre guillemets, plus commercial derrière. Mais bon, on verra. Pour 2017, celui-là ! Et 2016, en tout cas, ce sera le tome 3 des Enfants de Dana. Après, on verra.

Cyril. – Et rester, par contre, dans un seul genre, ou dans des genres proches : fantastique et fantasy ? Ou tu as envie de toucher à d’autres domaines ?

Isabelle. – Écoute, pas pour le moment, parce que c’est un domaine dans lequel tu peux vraiment déployer ton imagination. Un peu plus, on va dire, que dans des livres de… Enfin, la vie quotidienne, entre guillemets, parce que les thrillers, c’est quand même… Tu as besoin de beaucoup d’imagination malgré tout, mais quand même, tout ce qui est fantasy, surnaturel, tu peux aller très loin dans ce que tu vas imaginer, en fait ! C’est ça qui m’intéresse, moi. La création, pour moi, est plus intense dans ce domaine-là et puis, c’est ce qui me plaît, moi. Donc je n’ai pas encore envisagé de faire autre chose pour le moment. Maintenant, ce que je trouve dommage, c’est ce que je te disais tout à l’heure, c’est que ce n’est pas encore suffisamment prisé et mis en avant par l’édition française. Maintenant, ça peut encore évoluer ; on ne sait jamais.

Cyril. – Il y a une chose dont on n’a pas parlé, quand on a parlé de Kindle et de KDP, et c’est une question que je pose assez souvent aux autres auteurs qui ne sont que sur KDP : pourquoi n’es-tu que sur KDP ?

Isabelle. – Eh bien, je suis sur KDP parce qu’ils ont leur programme qui est très intéressant au niveau de la location. Si tu pars de chez eux, tu n’as plus cet avantage-là. C’est-à-dire qu’avec eux, tu n’as pas que les ventes de possible, tu as aussi leur système d’abonnement.

Cyril. – Oui, Kindle Unlimited.

Isabelle. – C’est ça. Qui permet de te lire. Et tu es rémunéré à la page et c’est un complément de revenus qui n’est vraiment pas négligeable. Donc bon… Je ne suis pas sûre de percer ailleurs, en plus. Pour moi, c’est une prise de risques, alors qu’il y a des revenus qui sont là avec ce système-là. Tout simplement. Je ne dis pas que ce sera tout le temps comme ça, mais pour le moment, écoute, je me laisse un petit peu porter sur cette vague-là, et puis on verra derrière. C’est essentiellement pour ça. Parce qu’il y a pas mal d’outils, aussi, de promo et autre, qui sont accessibles par ce biais-là.

Cyril. – Oui, par exemple les offres éclair.

Isabelle. – Oui, c’est ça ! Tout à fait.

Cyril. – Le 5 juin 2015, tu étais deuxième du top 100 d’Amazon. C’était à la faveur d’une offre éclair ou c’était…

Isabelle. – Oui, c’était une offre éclair. Tout à fait. C’était L’Héritage des Damnés, je crois. C’est ça ?

Cyril. – Je suis désolé, je n’ai pas noté ! Mais c’est possible que ce soit L’Héritage des Damnés.

Isabelle. – Non, mais ce n’est pas grave ! Je crois que c’était L’Héritage des Damnés. Il me semble.

Cyril. – Donc ça lui a donné à ce moment-là beaucoup plus de visibilité. Et même si, dans les jours qui ont suivi, il est redescendu dans le classement, les jours qui ont suivi encore il y a eu des ventes régulières… Écoute, merci beaucoup, Isabelle, pour avoir partagé avec nous ton expérience et tes aventures !

Isabelle. – Mais de rien, avec plaisir !

Cyril. – J’espère qu’on pourra bientôt lire le troisième tome de ta trilogie fantasy. Et puis je te dis à bientôt.

Isabelle. – OK. Merci beaucoup, Cyril, en tout cas. À bientôt.

Cyril. – Merci. Au revoir.

Isabelle. – Salut !