Aller chercher les lecteurs là où ils sont, avec Patrick Ferrer

Cette semaine, pas de podcast autoédition, et il va vous falloir apprendre à gérer la carence, car pendant le mois de novembre, le podcast sera entre parenthèses.

Par contre, Patrick Ferrer, auteur (entre autres) du Baiser de Pandore, m’a accordé un entretien par email et Word : de vrais outils d’auteur ! Patrick a une approche décomplexée non seulement de son activité d’auteur, mais aussi du marketing. Il a donc su tirer le meilleur des flèches qu’il avait dans son carquois pour mettre en avant son roman et ses autres livres.

ferrerPatrick a aussi été interviewé sur MonBestSeller et sur UnLivreUneToile et il s’y présente un peu plus. Pour éviter les redites, il m’a demandé de lui poser des questions sur des points qui n’avaient pas été abordés ou pouvaient être développés, dont acte :

Tu as commencé à publier toi-même tes livres fin 2014, et cela t’a plutôt réussi, essentiellement avec Le baiser de Pandore que tu as publié en plusieurs tomes avant de faire une intégrale. Ce n’était pas ton premier roman ni ton premier écrit. Où pouvait-on te lire avant ?

Non, il s’agit bien d’un premier roman. La plupart des gens qui le lisent ne me croient pas, mais c’est bien la première œuvre que j’ai écrite. Bien évidemment, ça ne s’est pas fait en un jour, c’est le résultat de plusieurs années de travail. C’est après, quand j’ai compris qu’envoyer mon manuscrit par la poste à des éditeurs était le miroir aux alouettes que j’ai décidé d’écrire d’autres trucs, notamment des nouvelles, pour me faire connaître et établir un lectorat. J’ai eu la chance que plusieurs de mes nouvelles soient sélectionnées pour publication dans différents recueils et magazines et j’ai donc été publié sous cette forme avant de me lancer dans l’auto-édition pour mon roman.

Et depuis ?

Rien d’autre, vraiment. J’ai publié des recueils de mes nouvelles, avec un petit éditeur et en auto-édition mais le genre de la nouvelle n’a pas une cote énorme auprès des lecteurs. Pourtant c’est un genre littéraire à part entière et il y a eu des chefs-d’œuvre dans le genre mais le public boude encore, je ne sais pas trop pourquoi. Je continuerai néanmoins à écrire et publier des nouvelles parce que je trouve ça très enrichissant, ça me permet d’aborder des genres très différents (western, fantastique, humour, horreur, aventure, SF, fantasy) et j’y prends énormément de plaisir. J’ai deux romans en cours d’écriture également, dont le prochain à paraître début 2016 si tout se passe comme prévu.

Ce livre, lui a eu un beau parcours dans la boutique Amazon, soit 3 à 4% du marché du livre, si on en croit les statistiques des uns et des autres. Es-tu à la recherche d’un éditeur papier aussi pour le voir en librairie, ou attends-tu à nouveau qu’un éditeur te contacte ?

Publier chez un grand éditeur n’est pas la panacée qu’on croit. Surtout quand on a goûté à l’indépendance. Par exemple, la plupart des éditeurs vont vous interdire de publier quoi que ce soit sous votre nom pendant un an après la parution de votre livre papier, parfois négociable à six mois. Et comme ils vont prendre au moins six mois entre le contrat et la publication (ça peut également durer plus longtemps), cela veut dire que vous ne pourrez rien publier d’autre sous votre nom pendant un an, voire deux. Il va vous falloir reprendre un boulot si vous voulez survivre pendant ce laps de temps ou écrire en indépendant sous un pseudo (et devoir recommencer à zéro la conquête du public sous un nouveau nom).

Ça devient très compliqué pour un indépendant qui se retrouve pieds et poings liés avec un éditeur. On n’a plus l’habitude. Les gains aussi risquent d’être bien moindres et plus espacés puisque vous ne serez payé qu’une ou deux fois l’an et si votre livre ne vend pas plus de 50,000 exemplaires par exemple, ce qui est déjà inespéré pour un nouvel auteur sachant que la moyenne dans le milieu est bien en dessous de ça, vous allez perdre beaucoup d’argent. Donc, oui, c’est très chic d’avoir son bouquin en librairie mais si c’est pour ne plus écrire qu’un bouquin par an et toucher peau de chagrin, ça peut refroidir un indépendant qui a goûté à la liberté de publier ce qu’il veut, quand il veut et à être décemment payé pour ça.

Quant à mon premier roman, Le baiser de Pandore, il est pratiquement impubliable. Il est trop gros, il ne rentre pas dans un catalogue bien précis parce qu’il touche à différents genres qui vont du polar à la politique-fiction en passant par le roman d’espionnage, la poésie, le fantastique et le roman initiatique. Il a même un côté purement expérimental puisque, pendant les deux tiers du bouquin, le protagoniste principal ne prononce pas une ligne de dialogue et il y a un long passage au milieu qui est construit en écriture automatique à la façon des surréalistes, un long rêve sous la mer qui fait penser à l’Immaculée Conception de Breton et Éluard, sauf que je l’ai écrit seul, à partir des rêves que j’ai faits en écrivant ce bouquin. La fin, une amie me l’a tirée au Tarot, pour dire. Personne d’ailleurs ne s’en est plaint, comme quoi on peut être expérimental et faire passer le message. Personnellement, j’ai compris, longtemps après l’avoir écrit, que c’était en fait un long poème au mystérieux féminin. C’est pour cela qu’il touche un peu à tout. Peut-être que ça intéressera un éditeur de poésie mais je ne pense pas qu’il en reste beaucoup. Mais la plupart des éditeurs traditionnels ne savent pas trop comment gérer un monstre hybride de la sorte.

Donc, effectivement, je ne prospecte plus les éditeurs, j’ai même refusé une proposition qui m’avait été faite. Je ne veux plus me prendre la tête avec les discussions éditoriales sur mon roman, les coupures à faire pour le rendre acceptable aux commerciaux et autres. Si un éditeur que je respecte me propose de le publier tel quel, juste en corrigeant les fautes, et en me laissant la liberté de publier ce que je veux quand je le veux, alors je dirai oui. Mais j’ai encore beaucoup de ventes indépendantes à faire avant d’en arriver là, pas seulement pour impressionner les éditeurs mais également parce que, se lancer dans l’aventure papier sans avoir un fort lectorat derrière soi, c’est du suicide littéraire pur et simple.

Toujours pour parler du Kindle, c’est essentiellement sur cette plateforme qu’on trouve tes livres aujourd’hui. Bon, quand vas-tu enfin tâter des eaux moins profondes des autres vendeurs de livres numériques (ou bien dis-je une bêtise) ?

Amazon est la seule plateforme actuellement qui soit intéressante pour un auteur indépendant, les autres vendent surtout des auteurs connus ou des livres qui ont la marque de grands éditeurs. J’éprouve un peu de remord envers les gens qui ne lisent que sur Kobo par exemple, si ça existe, mais j’ai déjà eu affaire à la FNAC dans mon boulot précédent et ce ne sont pas des gens qui ont la moindre considération pour les petits éditeurs ou les indépendants. Ils changeront peut-être, mais pour l’instant, je suis très heureux de ma collaboration avec Amazon, ils paient bien, sont honnêtes en affaires, et font toutes sortes d’actions pour aider les indépendants. Je les soutiens à 100% parce que sans eux, il n’y aurait pas de littérature (et donc de culture littéraire) indépendante en France aujourd’hui.

Tu es sur KDP Select d’ailleurs, j’imagine qu’en publiant une intégrale conséquente, tu as profité de Kindle Unlimited. As-tu une idée de la proportion de lecteurs qui utilisent ce mode de consommation plutôt que l’achat direct pour ce livre (malgré la difficulté à le savoir réellement) ?

C’est évident qu’aujourd’hui, avec le changement de rétribution sur KDP Select, il faut viser gros si on veut en bénéficier monétairement. Les petits « bouquins » de 60 pages risquent de disparaître de ce système à moins d’être empruntés en quantité énorme (l’érotique, sans doute, s’en sortira).

Avant que KDP Select ne change son système le 1er juillet 2015, les emprunts constituaient un tiers de mes ventes. 20 livres vendus, 10 livres empruntés. C’était la constante. Maintenant, je ne sais plus du tout parce que mon volume de ventes a beaucoup changé et je ne sais pas si les emprunts ont gagné en pourcentage par rapport aux ventes ou pas. Le mois dernier, pour mon intégrale qui fait 900 pages, j’ai eu une moyenne de 250 pages lues chaque fois que je faisais une vente directe. Ce mois-ci, c’est 350 pages pour chaque livre vendu. Donc ça change, je ne sais plus comment lier l’un à l’autre.

On a eu un échange un peu vivant sur la question de KDP Select. Ton point de vue est tout à fait valable, et je ne renie pas non plus ce que j’ai dit. Faut-il croire que parfois, l’expérience personnelle d’un auteur est différente de celle d’un autre, et qu’il n’y a pas «une taille pour tout le monde» ?

Dans la mesure où je ne publie que sur Amazon, KDP Select est pour moi incontournable. Je ne vais pas refuser ces lecteurs additionnels et les gains qui vont avec, sans compter qu’Amazon ne promeut que les titres KDP Select à ses abonnés, ce qui me donne une avance sur mes compétiteurs dans les grandes maisons d’éditions.

D’un autre côté, si un auteur veut diversifier, c’est son droit (et même un devoir si nous voulons creuser une tranchée dans les autres sites marchands et nous faire reconnaître comme indépendants). Quand j’aurais acquis suffisamment de notoriété et que j’aurais quelques titres publiés chez un grand éditeur papier, il faudra bien que je m’y mette également.

Revenons à ton expérience en termes de marketing. J’ai retrouvé un article sur le blog de Chris Simon où tu expliques aux novices comment exploiter la publicité sur Facebook. Malheureusement, je n’ai pas été dans ta cible semble-t-il, en tout cas, je n’ai pas trouvé tes pubs. Bientôt un an plus tard, utilises-tu toujours des publicités Facebook et comment t’aident-elles ?

Absolument. Tout le monde me dit que la pub ne sert à rien, que ça ne vend pas, etc. mais comme j’ai travaillé vingt ans dans le secteur, je sais que ça fonctionne, pas toujours de la façon dont on le pense. Dernièrement, je voulais tester une nouvelle pub en préparation de ma prochaine offre éclair, donc j’ai mis quatre pubs différentes avec un tout petit budget de 2 euros pour voir laquelle donnait le meilleur résultat et mes ventes ont tout de suite fait un bond en avant. Ce n’était même pas mon intention, je voulais juste tester un nouveau truc pour plus tard et bing ! j’ai gagné trente places dans le top 100 ce jour-là.

J’explique dans mon article ce qu’est le public cible, et comment le trouver. Mes pubs sont ciblées, autant que Facebook le permet, et si tu n’as pas vu mes pubs, peut-être n’es-tu pas dans le public cible pour le genre de livres que j’écris ou alors tu as moins de trente ans.

As-tu des exemples de tes pubs à partager avec les lecteurs, et peux-tu nous révéler tes secrets de ciblage ?

Je n’ai pas d’exemple type, tout est une question de test. Il faut tester ses pubs, ses accroches, les images choisies, la couleur, etc. Très souvent, ce qui marche n’est pas forcément ce que l’on aurait choisi nous-mêmes : c’est l’avis du public qui compte, pas le nôtre. J’ai travaillé sur une campagne de pub avec une auteur qui voulait redresser ses ventes et nous avons testé 4 approches très différentes, dont une qu’elle détestait, et bien sûr elle a dû se rendre à l’évidence que cette dernière marchait très bien, a dû l’adopter et délaisser la pub qu’elle pensait meilleure mais qui avait fait un four.

Pour faire une pub efficace, il faut procéder par élimination, parfois par tâtonnements. Facebook nous offre la possibilité par exemple de tester 5 images différentes pour une même pub. Vous concevez cinq pubs différentes avec des accroches et des images différentes et au bout de deux, trois jours, vous avez votre réponse. Ce ne sera peut-être pas la meilleure pub au monde, mais ce sera la meilleure des cinq. Vous avez progressé dans votre approche du public. Vous continuez comme ça et bientôt vos pubs seront nommées pour le Clio (l’équivalent des Oscars, pour la pub).

Le ciblage, c’est un peu la même chose, quand on ne connaît pas son public cible. Le public se définit par constantes démographiques (principalement lieu d’habitation, âge et sexe en ce qui nous concerne – éducation et catégorie socio-professionnelle sont les deux autres paramètres mais on n’a pas ça sur Facebook France) et par intérêts exprimés. Si vous n’êtes pas certain du profil démographique de votre public en regardant le profil de vos fans Facebook, faites une pub bien spécifique pour votre livre et ratissez large, de 8 à 88 ans. Après une semaine de pub, vous saurez exactement qui sont les gens qui cliquent sur votre pub, au niveau âge, sexe et pays.

Tu es aussi sur Monbestseller et d’ailleurs tu y publies ton dernier roman qui sortira en 2016. Peux-tu nous expliquer ta démarche, ce que Monbestseller t’apporte et ce que toi tu leur apportes ?

C’est grâce à MonBestseller et à ses lecteurs que j’ai pu survivre après la terrible désillusion de l’édition traditionnelle. Ce sont eux qui ont accueilli mon texte, l’ont aimé, et m’ont redonné espoir. C’est même grâce à un des partenaires de MonBestseller, qui avait beaucoup aimé la moitié de manuscrit que j’y avais mis, que j’ai pu entrer en contact direct avec des éditeurs parisiens (ce qui n’a rien donné parce qu’ils voulaient mutiler mon texte pour le faire rentrer dans leur catalogue). J’ai posté aussi sur d’autres plateformes mais MBS est la seule qui ait un visage humain, des gens qu’on peut rencontrer et avec lesquelles on peut travailler. Ils font un travail extraordinaire et pratiquement bénévole (ils fonctionnent majoritairement grâce à de généreux sponsors) pour aider les auteurs débutants à trouver un public.

Je pourrai dire que je n’ai plus besoin d’eux actuellement mais j’ai pour principe de toujours soutenir ceux qui m’ont aidé. Je ne romps jamais le contact avec ceux qui m’ont aidé à devenir ce que je suis. Dans dix ans, quand ils me fileront le Prix Nobel de Littérature, je continuerai à remercier MonBestseller, Amazon, Jean-Philippe Touzeau et tous les autres. Je plaisante bien sûr mais si ça devait arriver, ils feraient partie de mon speech de remerciements.

En ce qui concerne mon nouveau roman, je n’en suis encore qu’au premier jet et les retours de lecteurs me sont très utiles. C’est assez différent du premier, donc j’attends les réactions. Est-ce qu’ils aiment ? Qu’en disent-ils ? Qu’est-ce qui leur a plu dans l’extrait que j’ai posté ? Qu’en ont-ils retenu dans leurs commentaires ? C’est un peu mon pool de béta-lecteurs, sans compter que ça me permet de les chauffer à blanc pour le jour du lancement, s’ils accrochent.

Je crois que c’est important, de mon expérience et de par ce que j’ai observé, de ne pas avoir peur de diffuser gratuitement une partie de vos écrits, ou vos nouvelles, au plus large public possible. En dehors des retours critiques, qui peuvent être très précieux, vous établissez un lien avec vos lecteurs. Si les gens aiment ce qu’ils lisent, s’ils apprécient votre style, vous établirez un lien avec eux et ils seront là quand vous aurez besoin d’eux.

Et quand j’ai publié le premier tome de mon roman, je l’ai mis au prix minimum, en dessous d’un euro. Ça aussi c’est important. C’était virtuellement gratuit. Ça permet aux gens de se faire une idée de ce que vous valez et, s’ils aiment, ils vous suivront.

Ton actualité d’auteur et ton rythme de sortie a l’air de s’accélérer : Les glaneuses de temps en octobre, La mort de Prométhée. Vas-tu passer le pas de l’activité principale, ou est-ce un but avoué ? Quelles sont les garanties que tu attends avant de le faire ? Comment comptes-tu précipiter ce changement ?

En fait, je pourrai dès à présent passer le cap. Me mettre à écrire à temps plein et en vivre. Mes revenus Amazon dépassent déjà largement le salaire de mon emploi actuel et j’ai suffisamment confiance, grâce à mes lecteurs, en mon aptitude à écrire pour savoir que je peux continuer à produire des trucs intéressants pendant un bout de temps (hors incapacité physique). Mais les démarches administratives que cela incombe me freinent beaucoup. Je n’ai pas envie de batailler avec le fisc et l’Ursaff et autres, ça me barbe et je ne fais jamais les trucs qui me barbent. Tant qu’il s’agit de signer une fois par an un document numérique et les laisser se débrouiller avec ma banque, ça me va.

En plus, j’arrive à produire beaucoup par je ne sais quel miracle parce que je n’écris vraiment qu’une dizaine d’heures par semaine en moyenne. Écrire est devenu de plus en plus facile et productif. J’ai écrit neuf versions de mon premier roman, maintenant c’est du premier jet en continu et je n’ai pas grand-chose à corriger. Si j’étais à plein temps, je ne suis pas certain que mes lecteurs pourraient suivre.

Donc je vais probablement terminer ma présente carrière, prendre ma retraite dès que possible et ensuite passer à plein temps. Bien sûr, tout cela peut changer rapidement si je signe avec un gros éditeur etc., mais c’est mon projet actuel.

As-tu d’autres approches pour développer ton lectorat et te faire découvrir ?

J’en ai eu énormément avant d’atteindre un certain niveau dans mes ventes Amazon. Je crois que je dois avoir des textes sur toutes les plateformes de lectures en ligne, dans quatre ou cinq webzines, j’ai publié un feuilleton dans un magazine national, je suis sur tous les sites de lecteurs, Babélio, et autres, j’ai accumulé une liste de bloggeurs qui aiment ce que je fais et à qui j’adresse tous mes nouveaux bouquins, et je continue à l’augmenter régulièrement, j’essaie de construire ma liste d’abonnés (plus difficile), etc. Je crois que j’ai tout fait.

Maintenant, je suis plus relax, je n’écris plus de nouvelles pour les concours et autres, mais je reste à l’écoute de ce qui se passe et si je trouve une nouvelle plateforme où je pourrais glaner un ou deux nouveaux lecteurs, je suis partant. Chaque lecteur compte, même si après un moment on joue un peu les blasés parce qu’on fait mille nouveaux lecteurs ou plus par mois sur Amazon sans trop se démener, pour moi chaque lecteur est important, même ceux qui n’aiment pas ce que je fais. L’écriture est un monstre à deux têtes, il faut comprendre que l’on n’écrit pas seulement pour soi, pour son propre plaisir ou son enrichissement personnel, mais qu’on a également un devoir de nourrir l’autre tête, parce que c’est elle qui vous donne la force et le courage de continuer.