Podcast autoédition avec Guy Poursin
Dans ce cinquième épisode, Guy Poursin, auteur et éditeur a la gentillesse de m’accueillir. Nous parlons autoédition, livres pratiques, prix et techniques marketing.
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Vous pouvez retrouver Guy et ses livres sur
les-secrets-des-mentalistes.com
Et vous pouvez retrouver ses publications sur Kindle ici :
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Cyril. – Bonjour Guy et merci d’avoir accepté cet entretien.
Guy. – Bonjour Cyril ! Je t’en prie, c’est bien normal !
Cyril. – Alors, pour les gens qui ne te connaissent pas, est-ce que tu peux te présenter un petit peu ? Présenter ton travail d’auteur, puisque je crois que tu as écrit un nombre assez important de livres, mais aussi ton travail d’autoéditeur, à la fois en circuit classique papier et sur Kindle ?
Guy. – Oui. Écoute, d’abord, je ne suis plus de première jeunesse puisque je suis né le 9 janvier 1943, donc ça me fait soixante-douze ans bien tassés maintenant. C’est déjà un premier point : ça explique pourquoi j’ai une longue carrière, une longue expérience, et puis pourquoi j’ai écrit beaucoup de bouquins. Si tu veux, mon point de départ à moi, il a été assez bizarre pour un auteur classique, je dirais, dans la mesure où j’ai commencé par écrire des articles très scientifiques dans des revues qui ne le sont pas moins.
À l’époque, je préparais une thèse de doctorat en géographie et j’ai été repéré par des gens qui travaillaient pour Encyclopædia Universalis, qui m’ont demandé si je pouvais faire des articles, de géographie puisque je suis géographe, pour eux. Moi, j’ai dit OK. Et puis j’ai commencé à faire… Ben, c’est comme ça que j’ai commencé à écrire, en fait. Alors, ça m’a plu. J’ai eu deux choses. La première, c’est que j’ai dû arrêter de préparer cette thèse de doctorat, parce que les données dont j’avais besoin étaient relevées depuis trois ans. Or ce n’est pas pour dire, mais statistiquement parlant, trois ans, ça fait un peu jeune, si tu vois ce que je veux dire…
Cyril. – Oui, je vois bien, oui !
Guy. – Et puis, après cela, comme ça m’avait donné le goût d’écrire, j’ai dit : tiens, je me lancerais bien sur ce créneau-là, mais sur quel créneau ? Alors, j’ai fait une petite analyse un petit peu rapide. Les romans, ce n’est pas la peine : d’abord, ce n’est pas trop trop mon truc. Et puis il y a du monde là-dedans, ça se bouscule au portillon. Et puis je connaissais déjà des éditeurs. J’avais vu un petit peu comment ça pouvait se passer. Et j’ai choisi le domaine du livre pratique. Pourquoi ? Parce que je me suis aperçu que dans ce domaine-là, il y avait un : des gens qui avaient quelque chose à dire, mais qui ne savaient pas du tout l’écrire… Mais quand je dis pas du tout, c’est… Tu ne peux pas savoir ; c’est énorme ! Et puis deux : j’ai pris contact avec des éditeurs de livres pratiques. C’étaient essentiellement d’ailleurs des éditeurs comme faisait ton père, qui vendaient en grande part par correspondance, et j’ai fait… J’ai proposé mes services. C’est-à-dire que mon exemple à moi pour rentrer dans l’édition, il ne peut pas servir à tout le monde ! Parce qu’en général, l’auteur, il est plutôt quémandeur, disons, en fait.
Cyril. – Oui, tout à fait. Mais d’un autre côté, ça t’a permis d’écrire un nombre de livres qui est assez colossal.
Guy. – Écoute, j’ai écrit… Je me suis arrêté de les compter à 214.
Cyril. – D’accord ! Et c’était quand ?
Guy. – Il y a quatre, cinq ans, à peu près. J’en ai écrit maintenant… Mais alors, là, à mon temps, tranquille, avec mon ami Didier pour lequel j’écris beaucoup, et puis… Mais c’est passionnant ! Ça, je peux te dire : le secteur du livre pratique, quand tu t’y attaches, c’est quelque chose de passionnant parce que j’ai appris des choses que j’ignorais complètement. Mais alors vraiment complètement ! Je pourrais te donner par exemple l’exemple des bouquins que j’ai écrits pour ton père. C’était sur le silicium organique. Je ne savais même pas ce que c’était, ni je ne savais pas non plus que ça existait ! Et puis l’autre qu’il m’avait filé, c’était pour je ne sais plus quoi, mais enfin c’était pour quelque chose comme ça. C’était dans le domaine de la santé, parce qu’il s’est beaucoup préoccupé du domaine de la santé, ton papa.
Cyril. – Oui, à une certaine époque, oui. D’accord. Donc ça, c’est tous les livres que tu as écrits. Et tu as aussi été… Enfin, tu es aussi, parce que ce n’est pas fini, autoéditeur.
Guy. – Ah oui. J’ai été… Je suis toujours, d’ailleurs, auteur éditeur. C’est-à-dire que je publie moi-même mes propres bouquins. Alors… Bon, c’est venu… Je ne vais pas te raconter tout ce que j’ai appris, parce qu’il y en a beaucoup, beaucoup, beaucoup, mais c’est un truc qui m’intéressait aussi parce que… C’est d’ailleurs comme ça qu’il y a très longtemps que j’ai fait la connaissance de ton père, quand il a sorti sa fameuse méthode de copywriting en sept tomes énormes, sur pages cartonnées. Tu vois ce que je veux dire…
Cyril. – Oui : Comment écrire une lettre qui vend…
Guy. – Comment écrire une lettre qui vend, tout à fait. Et là, on a commencé à correspondre tous les deux. On n’a jamais arrêté, sauf pendant une petite période où on s’est un peu perdus de vue, mais c’est pareil : tu as des occupations qui t’éloignent plus ou moins des gens que tu connais. Et puis on est revenus tous les deux, mais sur un truc absolument aberrant. Il faudra que je te raconte ça, mais en dehors de l’interview, parce que ça vaut le coup d’être connu !
Cyril. – D’accord. Donc tu as repris contact avec mon père comme ça, mais toi, tu es autoéditeur. Tu as édité quoi comme livres ?
Guy. – Eh bien, j’ai édité d’abord des bouquins de bourse, puisque… Alors, c’est pareil : moi, quand je fais un truc, je veux tout savoir ! Alors j’ai dit : bon… S’est posée un moment, quand j’avais je ne sais pas, entre quarante-cinq et cinquante on va dire, s’est posée pour moi la question de la retraite. J’ai dit : bon, c’est bien, Guy, mais là tu gagnes plein d’argent, seulement cet argent-là, est-ce que tu vas continuer à le gagner quand tu seras en retraite ? Je me suis aperçu que non, alors j’ai dit : bon, il n’y a qu’une solution, il faut que je me fasse ma retraite moi-même. Et j’ai fait le tour de tout ce qui pouvait faire travailler mon pognon. J’ai trouvé la bourse, ça m’a intéressé : hop, j’ai commencé à écrire des bouquins sur la bourse. Mon premier (c’est vraiment mon best-seller, celui-là), il s’appelle Gagner en bourse grâce aux warrants. Alors, les warrants, je ne sais pas si tu connais, c’est un tout petit produit qu’on appelle produit dérivé. Tu peux perdre un pognon fou avec ça, mais tu peux en gagner aussi beaucoup.
Cyril. – Je crois que j’ai fait un mémoire sur les warrants en fin d’école de commerce.
Guy. – C’est fort possible.
Cyril. – Tu sais quoi ? Je crois que j’ai tout oublié !
Guy. – Ça ne m’étonne pas !
Cyril. – Donc tu as écrit ce bouquin-là. Et tu as écrit d’autres livres ?
Guy. – Alors, j’ai écrit donc ce bouquin-là, que j’ai publié moi-même. J’ai eu un certain succès, parce qu’il est passé à la télévision chez Bloomberg France. Donc en faisant connaissance avec des journalistes de Bloomberg France, ils m’ont demandé si je pouvais venir de temps à autre faire des interventions. C’est ce que j’ai fait. Ça me fait de la pub gratuite. Complètement. Et puis, après j’ai écrit un deuxième bouquin, sur l’analyse graphique, c’est-à-dire… Ou l’analyse technique, comme tu préfères. Moi, je préfère graphique parce que tu regardes directement à quoi ressemble la courbe des cours. Et puis ça a été aussi un deuxième beau succès. Bon, beaucoup moins que le truc sur les warrants, parce que mon bouquin sur les warrants, il fait quand même au moins 500 pages je crois. Enfin, entre 450 et 500 pages, on va dire. Celui sur l’analyse graphique, il ne fait que 300 ou 350 pages. Enfin, tu vas me dire, c’est déjà pas mal !
Cyril. – Oui, c’est déjà pas mal, parce que c’est quand même un sujet assez aride !
Guy. – Oui, un peu, oui. Tu ne peux pas rigoler, avec ça, et tu ne peux pas raconter de bêtises non plus, parce que le gars qui achète ton bouquin, il achète pour avoir un renseignement précis.
Cyril. – Oui, tout à fait !
Guy. – Donc, hors de question de raconter des bêtises, comme je l’ai vu faire chez des gars qui faisaient des ouvrages pratiques, mais qui les faisaient par-dessus la jambe on dira.
Cyril. – D’accord. Donc ces deux livres-là, ils sont toujours édités aujourd’hui. Tu les édites personnellement.
Guy. – Toujours ! J’en ai là, derrière moi, dans ma bibliothèque. Ils sont un peu démolis parce que ce sont les miens ! Mais j’ai trouvé la combine, aussi, justement. À force de faire de la mise en pages, comme je t’ai expliqué, j’ai trouvé la combine pour faire ça presque à l’unité. Pour que ça ne revienne pas cher. Mais comme de toute façon je le vends… Je ne sais pas, tiens. J’ai créé un truc, tu vas dire ça n’a rien à voir, mais ce sont quand même des bouquins.
Cyril. – Ça date de quand, les livres sur les warrants ? Parce qu’il faut aussi replacer ça dans le contexte de l’époque. Aujourd’hui, si on parle d’impression à la demande, tout le monde va dire : « Oh, c’est trop facile ! » Mais toi, tu l’as fait à une époque où c’était quand même un peu plus difficile de faire une impression presque à l’unité.
Guy. – Ah, ben, écoute, je te demande deux secondes : je vais regarder. J’ai les dates. Celui-ci : Gagner en bourse grâce aux warrants, mars 2002. Celui-ci : Gagner en bourse grâce à l’analyse graphique, février 2003. Je te parle des premières éditions. Les autres, je ne les ai plus parce qu’ils sont tous vendus ! Mon premier bouquin autoédité, je racontais mes aventures qui m’étaient arrivées. Ça s’appelle Le Nègre floué. Je l’ai retrouvé quelque part sur Internet, je ne savais même pas qu’il y avait quelqu’un qui s’était passionné pour ça ! Alors là, il date de 1985 ou 1986. Ça remonte !
Cyril. – Oui, ça remonte à très loin.
Guy. – Oui. Mais c’était déjà possible ! Alors, ce livre-là, en revanche, il a été un échec. Je le reconnais. Il m’a coûté cher. Mais j’ai au moins appris quelque chose de cet échec ! Ce que j’ai appris, c’est que si tu veux effectivement être un bon auteur autoédité, il faut d’abord que tu apprennes les techniques marketing. C’est obligatoire ! Tu ne peux pas être un bon auteur autoédité… Enfin, tu peux être un bon auteur : ça n’a rien à voir avec tes qualités intrinsèques d’auteur. Mais si tu ne sais pas vendre ton produit, c’est comme si tu crachais dans l’eau.
Cyril. – Oui, tout à fait. Ou une autre image, avec un violon.
Guy. – Si tu veux !
Cyril. – C’est vrai que c’est une des difficultés, je crois, que rencontrent les gens qui veulent écrire et publier un premier livre.
Guy. – Tout à fait !
Cyril. – Ce qui d’ailleurs fait que souvent ils s’arrêtent au premier livre et qu’ils ne vont pas plus loin. C’est qu’une fois qu’on a fini d’écrire… Enfin, même d’ailleurs avant de commencer à écrire, il faut déjà se mettre dans une position où… Dans un état d’esprit où on doit vendre ce livre.
Guy. – Voilà, exactement. Alors, là, je t’avoue que j’ai admiré le travail qu’avait fait ton père. Et puis, surtout, moi, ça m’a fait découvrir l’histoire d’Amazon. Alors là, j’ai dit : Amazon, c’est fabuleux ! Quand tu es un auteur autoédité, que tu fais du produit numérique, tu fais un bouquin numérisé… Avec Amazon, tu es tranquille ! La partie commerciale, on va dire, elle est réduite… Je ne sais pas ! Je dirais bien… Je ne sais pas, je dirais des bêtises, mais au moins de 75 % par rapport à ce que tu fais si tu fais tout toi-même. Et ça, je crois que l’apparition d’Amazon a été quelque chose de fabuleux pour les auteurs autoédités.
Cyril. – Ça n’empêche qu’il faut quand même qu’ils se mettent dans la position d’un éditeur.
Guy. – Ah, je suis absolument d’accord avec toi : ce sont deux métiers qui sont différents. Quand tu es auteur, tu te contentes d’écrire. Bon, alors, il y en a… Je ne dirai pas de noms parce que je ne voudrais pas les vexer, mais je connais des auteurs autoédités, ils auraient mieux fait d’apprendre à écrire à l’école, tu vois, déjà ! Tu vois ce que je veux dire…
Cyril. – Je vois ce que tu veux dire, oui.
Guy. – D’une part. Et puis d’autre part, surtout, ce qu’il faut dire aussi, c’est que ce sont deux métiers qui sont côte à côte mais qui sont… Qui ont un rapport avec le livre tous les deux, mais qui ont deux objectifs complètement différents. Presque opposés ! Enfin, pas opposés, mais presque. Quand tu es auteur, tu te contentes d’écrire ton texte. Tu écris sur ce que tu connais, en règle générale. Quand tu es éditeur, tu te mets de l’autre côté de la barrière, c’est-à-dire que tu publies un texte. Disons, dans l’absolu, ça pourrait être un texte qui n’a pas été écrit par toi, mais tu ne serais pas auteur autoédité dans ce cas-là, et c’est… Tu as tout le travail d’édition, c’est-à-dire le travail de promotion du bouquin… Enfin, tout ce que fait un éditeur classique. Et là, quand tu es auteur autoédité, tu fais tout tout seul. Et c’est pour ça que j’ai trouvé qu’Amazon, c’était absolument génial, parce qu’ils te donnent un sacré coup de main, sans que tu t’en rendes compte.
Cyril. – Alors, tu as publié des livres sur Amazon Kindle ?
Guy. – Oui, oui, tout à fait, absolument !
Cyril. – Tu en as huit sur Kindle ?
Guy. – Je ne sais pas, écoute !
Cyril. – Tu restes un auteur. Tu n’es pas encore vraiment un éditeur. Si tu ne sais pas combien de livres tu as publié sur Kindle, c’est que tu n’es pas encore un éditeur.
Guy. – Je vais t’expliquer pourquoi ! J’ai écrit un bouquin il y a très très longtemps (ça devait être en 1990, par là) qui s’appelait Écrivez et vendez tous vos écrits. Ça, c’étaient des gens qui me l’avaient demandé. Parce qu’ils me demandaient des tas de renseignements. Moi, je les donnais gratos, et puis au bout d’un moment, je me suis dit : merde, mon vieux Guy, tu es complètement dingue ! Tu te fais payer ; tu fais un bouquin, tu te fais payer, il est édité, point. Tu le vends. Et il s’était bien vendu alors qu’il était sous format papier, donc en 1990 ou 1992. Je ne sais pas… Enfin, dans ces années-là, tu vois. Et puis un jour, je l’ai retrouvé, il n’y a pas très longtemps. Il y a deux ans, je crois bien, ou il y a un an et demi. Et puis j’ai dit : il faudrait peut-être que tu le mettes à jour ! Parce que d’abord ça ne s’appelle plus… Et c’est depuis la fameuse loi de 1954, le code de… Comment ça s’appelle, déjà ?
Cyril. – Code de la propriété
intellectuelle.
Guy. – Et puis, il y a eu quelques changements, mais fondamentalement, par rapport à la loi de 1951, ça n’avait pas changé beaucoup. Ça s’était mis au goût du jour, disons. Mais il y avait toutes les techniques que j’avais expliquées, que j’avais exposées dans mon bouquin papier, qui avaient complètement changé ! La PAO n’existait pas ! Tout du moins, c’était aux balbutiements. Aujourd’hui, tout se fait en PAO ! Aujourd’hui, tu fais de l’impression à la demande. À l’époque où j’ai publié mon bouquin, c’était vachement difficile de faire de l’impression à la demande parce qu’il fallait trouver une combine, avec un reprographe, pour qu’il puisse te faire un petit tirage.
Cyril. – Oui, moi j’avais… Même au début des années 1990, trouver quelqu’un qui te prenait quelque chose d’écrit et qui te faisait 300 exemplaires de cette chose écrite, c’était la croix et la bannière. Je me souviens…J’avais fait des annuaires et des choses comme ça. C’était toujours… Ça, et puis à la limite, les gens pouvaient éventuellement te faire une reprographie, mais ils ne pouvaient pas te faire le façonnage… Enfin, c’était…
Guy. – C’est ça, tout à fait.
Cyril. – Chacun était bien spécialisé et il n’y avait pas vraiment d’impression à la demande. Et puis le résultat final n’était pas… Pour moi, n’était pas…
Guy. – Ce n’était pas fameux fameux, oui.
Cyril. – Voilà ! Ce n’était pas à la hauteur de ce qu’on espérait en impression pour un livre. Un vrai livre.
Guy. – Oui. Alors qu’aujourd’hui, en reprographie, tu fais des bouquins, tu dirais qu’ils sortent de chez un imprimeur, un vrai !
Cyril. – Oui, j’en ai fait, on a vraiment l’impression…
Guy. – Et ça a un bel aspect. Moi, je vois, le dernier que je fais… Ce n’est pas vieux, je vais en chercher dix exemplaires demain, à 10 h, avant d’aller chercher mes petits-enfants au collège et au lycée. Tu dirais vraiment des bouquins qui sortent de chez un imprimeur classique. Normal. Alors, évidemment, tu vas dire, il y a tout un tas de trucs aussi qu’il faut connaître, qui sont de la technique, comme prendre un numéro ISBN et des choses comme ça. L’ISBN, d’ailleurs, j’ai écrit beaucoup avec la BNF et ils ne sont encore pas au courant, ils ne savent pas si on va être obligé ou non de mettre un numéro ISBN sur les ouvrages électroniques. Tu vois ? Il y a plusieurs versions. Alors, ça, c’est vachement sympa ! C’est comme par moments, quand tu t’adresses aux impôts, que tu apprends une chose, et puis que le lendemain, on te dit le contraire !
Cyril. – Le lendemain, tu vas voir quelqu’un d’autre et il te dit autre chose.
Guy. – C’est affolant !
Cyril. – C’est assez affolant. Donc tu as écrit… Tu as repris ce bouquin-là, tu l’as remis au goût du jour, et puis tu en as fait quoi ?
Guy. – Je l’ai remis à jour, je l’ai divisé en sept, et puis ça me fait sept petits bouquins. Tu vois… Après, qu’est-ce que j’ai fait encore comme… Ah, ben, j’ai repris mon… Ça, c’est l’histoire marrante ! J’ai écrit un bouquin en 1992, tiens ! Qui s’appelle Sacré Christophe ! Et dire que ce n’est même pas lui qui a découvert l’Amérique ! C’est authentique, hein ! L’Amérique a été découverte paraît-il la première fois par des moines irlandais, qui ont traversé l’océan Atlantique à la rame, sur un bateau qui était un bateau en ardoise. Tu vois le travail ? Quand tu sais ce que ça pèse !
Cyril. – Un bateau en ardoise ?
Guy. – Oui, en ardoise ! Quand tu sais ce que ça pèse, de l’ardoise, je ne sais pas comment ils ont fait ! Bon, une fois dans l’eau, l’eau portait tout. Mais alors, dis-donc, ils ont dû avoir du vent… Je ne sais pas, je n’ai pas suivi et j’aurais bien voulu trouver cette histoire, mais c’est une histoire qu’on m’a affirmée. Des historiens sérieux m’ont dit : « Oui, c’est vrai ». Donc dans… Mettons en 800, 850, tu vois. Donc première découverte de l’Amérique, c’était ça. La deuxième découverte de l’Amérique, celle dont je me suis inspiré, c’est celle qu’ont fait les Vikings : Erik le Rouge et son fils, qui ont vraiment découvert… Enfin, ce n’est pas Erik le Rouge, mais c’est son fils Leif l’Heureux, qui a découvert l’Amérique. Mais bon, il ne savait pas que c’était l’Amérique, bien entendu. Il est tombé dessus par hasard, en cherchant autre chose, comme d’ailleurs beaucoup de choses qui se sont produites. Tu cherches quelque chose et tu trouves autre chose ! Et puis, après, il y a eu la découverte de l’Amérique : celle qu’on a retenue, de 1492, par Christophe Colomb. Simplement, ce qu’on oublie, c’est qu’il y avait déjà plein de gens qui connaissaient l’Amérique avant Christophe Colomb. Parce qu’il y avait des marins portugais, des marins espagnols, qui connaissaient déjà l’Amérique, mais sans savoir que c’était un continent. Ils imaginaient que c’étaient des îles. Ils sont tombés probablement sur les Antilles, tu vois. Donc ils ont eu des échanges commerciaux. Ils ont eu, je suppose aussi, des échanges guerriers, parce qu’à l’époque, ça se tapait dessus… Oh, je ne dirai pas comme aujourd’hui, mais on n’a pas beaucoup évolué dans ce domaine !
Cyril. – Et donc ça, c’est un autre livre, que tu as publié aussi.
Guy. – Oui. Et celui-là… Alors, là, je me suis marré parce qu’il a été publié dans des conditions assez extraordinaires : ce sont des… À la suite d’un pari avec des copains. J’avais des copains, à l’époque, qui travaillaient beaucoup dans l’édition. Et puis ils m’ont dit : « Tu n’en as pas marre, de lire toutes les découvertes ? » Déjà, il y a quatre histoires, qui sont des histoires sérieuses, qui sont faites pour la jeunesse de Christophe Colomb, tu vois. Quatre trucs complètement différents ! Alors moi, j’ai repris les quatre trucs, j’en ai ajouté un cinquième. Parce que pourquoi se gêner quand tu écris quelque chose à propos d’un type comme ça ! Et je me suis marré. Je me suis vraiment marré ! Tu ne peux pas savoir. Je me suis éclaté ! J’ai fait un truc… La première découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, au moment où il était… Avant même qu’il pense en partir… J’ai fait un récit en vers ! En alexandrins, si tu veux. Crevant ! Je me suis éclaté, tu ne peux pas savoir à quel point ! Pour un gars qui est… Vraiment, qui connaît le français, qui sait écrire, c’était… Mais je me suis marré, mais marré, marré, marré ! Et puis alors, c’est bourré de réflexions à ma manière. Donc c’est assez rigolo. Alors, c’est toujours vendu. Sur Amazon aussi, et ça s’appelle toujours Sacré Christophe ! Et dire que ce n’est même pas lui qui a découvert l’Amérique !
Cyril. – D’accord. Donc ça, c’est un des premiers livres que tu as publiés sur Kindle. C’est le premier…
Guy. – Je crois que c’est le premier, oui. Et peu de temps après, j’ai publié donc les autres. Et puis, j’en ai encore. Mais je n’ai pas le temps. C’est pareil. Et puis, avec l’histoire qui m’est arrivée, là, je te jure… Tu vois ce que je veux dire !
Cyril. – Oui, tu as perdu… Enfin, tu as eu des problèmes d’ordinateur et tu as perdu pas mal de choses.
Guy. – J’ai perdu… J’avais à vue de nez 1,8 Go de données. Tu vois ce que je veux dire !
Cyril. – Oui, ça fait beaucoup de…
Guy. – Quand tu sais qu’un bouquin, ça tient… Quoi ? Quand ça tient…
Cyril. – Quand ce n’est pas dans Xpress, ça tient dans 1 Mo.
Guy. – Oui. Ah oui. Et encore !
Cyril. – Et encore.
Guy. – Il faut que tu amènes des illustrations ! Parce que moi, j’ai des…
Cyril. – Il faut qu’il y ait des illustrations, une couverture, des choses comme ça. Moi, j’ai des bouquins qui tiennent sur 200 ko.
Guy. – Oui, exactement, tout à fait, c’est ça que j’allais te dire : c’est plutôt ça ! Le texte en lui-même, ça ne tient pas de place. Alors bon, ben c’est tout. C’est dommage, mais… C’est dommage pour moi. Tant pis ! Je n’en meurs pas.
Cyril. – D’accord. Je vais revenir sur la série de plusieurs tomes que tu as faite. Donc tu… En fait, tu as pris un livre en entier et tu l’as découpé en plusieurs tomes ?
Guy. – Exactement. Parce que c’était un livre qui était au départ, comme je t’ai dit, sur papier. Et puis… Je dois en avoir un exemplaire, mais alors là, il doit être déchiré de partout, le bouquin, à force d’être manipulé. Je l’avais fait en quatre ou cinq grandes parties. C’est-à-dire que… Ce que je faisais, j’avais une partie qui expliquait comment faire pour écrire un bouquin. Je redonnais quelques petites leçons de français, tu vois, au passage. Après, une fois que vous avez votre bouquin, qu’est-ce qu’il va devenir quand vous allez chez un éditeur ? C’est important, parce qu’il faut savoir que quand tu vas chez un éditeur… Quand tu écris un bouquin (roman), moi, je suis parti du principe… Livre pratique, c’est encore autre chose ! Quand tu vas chez un éditeur pour publier un roman, le gars lit la première page, le premier chapitre, il s’arrête, il va à la fin : la dernière page, le dernier chapitre. Et s’il trouve qu’il y a quelque chose, il lit ce qui reste au hasard. Tu vois : il prend une page. Suppose que ton manuscrit fasse 350 pages ; il prend la page 25, il prend la page 48, il prend la page 112, etc. Mais vraiment au pif ! Mais ce qu’il faut déjà savoir pour un gars qui veut réussir à écrire un roman et à être publié chez un éditeur, c’est que… L’importance du premier chapitre, et surtout de la première page, en fait ! Parce que c’est ça qui est lu et c’est là-dessus… Moi, j’ai vu, je me souviens, chez Flammarion… Je m’étais trouvé chez Le Roy Ladurie que je connaissais bien, et j’ai vu comment il procédait. J’ai vu après d’autres mecs qui faisaient la même chose. C’est-à-dire : ils regardent le début, ils regardent la fin, et puis après ils piochent au hasard. Ça te donne une bonne leçon, ça, parce que tu te dis : si jamais ton truc, il a des faiblesses dans le premier chapitre, c’est cuit ! Quelle que soit la qualité de l’histoire !
Cyril. – C’est définitif.
Guy. – Ah oui ! Complètement. Au départ, chez les éditeurs, il faut le savoir, il y a un lecteur et c’est de son avis à lui que va découler tout le reste.
Cyril. – Oui, c’est son avis à lui qui va faire passer le livre en comité de lecture s’il y a un comité de lecture, ou pas, etc.
Guy. – Exactement ! Donc tu as intérêt à plaire à ce gars-là !
Cyril. – Oui, oui, bien sûr ! Donc tu as pris ce livre. Tu as fait plusieurs tomes que tu as publiés sur… Pour revenir aux livres que tu as publiés…
Guy. – Sur Amazon, oui, oui. Chaque tome, en fait, correspondait à une des parties du livre, c’est-à-dire : comment écrire, comment être publié, comment discuter avec son imprimeur (parce que les imprimeurs, ils ont leur langage à eux). La première fois que j’ai entendu parler de BAT, c’était il y a longtemps… BAT, BAT ? Qu’est-ce que ça veut dire, ce truc-là ? Quand tu ne sais pas, tu es bête, quoi ! Ça veut dire bon à tirer, mais encore faut-il savoir ce que ça signifie !
Cyril. – Oui, tu oublies surtout de prendre un billet de train et un billet de bus (et de car) pour aller retrouver l’imprimeur chez lui et signer le BAT avant qu’il fasse partir tout ça.
Guy. – Exactement, oui. C’est sûr ! Et puis il y a des trucs qu’il faut savoir, aussi. Comme par exemple, j’ai expliqué : il y a un moment à partir duquel tu ne peux plus faire une seule modification. Ou alors, dis-donc, ça te coûte cher ! Donc il vaut mieux corriger avant, anticiper, et puis fournir un truc propre.
Cyril. – Donc tu as fait sept tomes. Est-ce que tu as pensé à faire un omnibus, c’est-à-dire reprendre la démarche inverse de ce que tu as fait, où tu as pris ton livre et tu l’as coupé en plusieurs morceaux, et maintenant qu’il est disponible avec les différents tomes, refaire une version où tu mets tous les sept tomes ensemble et tu vends ça comme un lot ?
Guy. – J’avais pensé, mais je t’avoue que c’est le temps qui va manquer ! Parce qu’on est quand même vachement tributaire du temps, malheureusement.
Cyril. – Oui, bien sûr. Mais… Parce que ça, c’est quelque chose que je vois assez souvent aux États-Unis, surtout quand il y a une série. Quand il y a plusieurs tomes, pour faire rentrer les gens dans la série, pour leur donner envie de lire la série, ils prennent par exemple les deux premiers épisodes, les trois premiers épisodes, ils font un omnibus, puis ils laissent les autres après en exemplaires uniques.
Guy. – Oui, tout à fait.
Cyril. – Et ça a bien marché, ces ventes des deux grands… Enfin, des deux livres ?
Guy. – Ah oui ! Complètement ! J’en suis très très content. Je ne sais plus les chiffres parce que finalement… Et puis, je te dis, avec toutes les histoires qui me sont arrivées après, je n’ai plus tellement fait attention, mais je crois que mon Sacré Christophe ! il a dû se vendre à peu près dans les mille exemplaires. Ce qui est pas mal !
Cyril. – Ce qui est bien, oui.
Guy. – Et puis, les autres… Alors, ça dépendait parce que… C’est oui et non, de l’avoir coupé comme ça. Il y a des gens, ce qui les intéressait, c’était la partie des relations avec l’imprimeur, par exemple, donc ils n’achetaient que ça.
Cyril. – Oui, et puis d’autres, ce qui les intéresse, c’est la rédaction, donc ils vont plutôt s’intéresser à cette partie-là.
Guy. – Voilà. Exactement.
Cyril. – D’autres qui s’intéressent aux questions de propriété intellectuelle…
Guy. – Par exemple, oui, tout à fait.
Cyril. – D’accord. Donc ça a bien marché. Et tu continues à en vendre, aujourd’hui ?
Guy. – Ben oui, parce qu’à partir du moment où tu es sur Amazon, tu es tranquille. Parce que tu n’as rien à faire, en fait ! C’est pour ça que… On en parlait tout à l’heure, c’est pour ça que j’ai trouvé qu’Amazon, c’était complètement génial ! Évidemment, tu vas dire, c’est américain… C’est un modèle… Tiens, justement, j’ai reçu un truc qui s’appelle Amazon Digital Services. C’est écrit tout en anglais. Ce qui m’arrange beaucoup, pour moi qui n’ai jamais appris l’anglais de ma vie ! Je pense que c’est pour une question… US Income Tax Filing Requirement. Tu vois ce que je veux dire ?
Cyril. – Oui, c’est parce que tu… Probablement, tu as eu des ventes aux États-Unis et tu n’as pas rempli le formulaire spécial…
Guy. – Si, si, j’avais rempli le formulaire fiscal, justement. Et c’est pour ça que je ne comprends pas.
Cyril. – On verra ça après. Si tu le scannes et que tu l’as sous la main, tu me l’envoies, je pourrai te le traduire rapidement.
Guy. – OK, merci, c’est gentil.
Cyril. – Je t’en prie. Mais ce qui peut arriver, c’est qu’on ait fait des ventes aux États-Unis ou des ventes qui sont rattachées à Amazon.com et comme c’est Amazon.com, on est censé avoir une retenue à la source parce qu’aux États-Unis c’est… Les revenus, c’est… Il y a une retenue à la source. Et en même temps, il y a une… Il y a un accord de non double taxation entre les États-Unis et la France.
Guy. – Tout à fait, oui. Absolument.
Cyril. – On doit normalement pouvoir se débrouiller pour ne pas être taxé aux États-Unis sur des ventes…
Guy. – Réalisées aux États-Unis.
Cyril. – Réalisées aux États-Unis ou dans d’autres pays, parce que…
Guy. – Oui. Pour le Japon aussi. J’ai vu que j’en avais vendu au Japon.
Cyril. – Oui, il y a des entités différentes suivant les territoires. Ils ont mis des entités uniquement aux endroits où c’était vraiment indispensable d’avoir une entité juridique.
Guy. – Oui. Complètement.
Cyril. – Bon, on verra ça. Oui, donc, tu continues à en vendre, aujourd’hui, régulièrement…
Guy. – Oui ! C’est Amazon qui fait tout le boulot pour moi ! Ils servent à engranger le matériel, si j’ose dire. Ils le diffusent. Bon, ils te prennent une somme qui est ridicule par rapport à ce que tu sais quand tu fais de l’autoédition. Par exemple. Parce qu’il faut savoir aussi une chose : l’autoédition te rapporte beaucoup. Entre guillemets. C’est-à-dire que pratiquement 100 % de ce que tu gagnes, ça va dans ta poche. Mais quand tu vois tout ce qu’il faut que tu sortes pour payer l’imprimeur, pour payer la diffusion, pour payer tout ce qu’il y a à payer, tu t’aperçois que certes le métier d’éditeur est un métier qui rapporte beaucoup plus que le métier d’auteur, mais ce n’est quand même pas la fortune !
Cyril. – Oui, ils dépensent quand même énormément d’argent pour faire parvenir ton livre papier aux gens.
Guy. – Complètement. Absolument.
Cyril. – Alors que sur tes autres livres, qui sont eux uniquement en papier… Quand il y a quelqu’un qui t’achète le livre sur les warrants, tu dois l’envoyer par la poste…
Guy. – Exactement. Bon, ça ne me coûte pas énormément cher : je l’envoie en colissimo, ce qui n’est pas le plus cher. Mais ce qu’il y a, tu comprends, c’est que je peux me permettre, moi, de vendre… Je vais te raconter une histoire à propos de la fixation du prix de vente. Parce que ça aussi c’est important ! Et les gens ne se doutent pas à quel point ça peut être important. Quand j’ai écrit ce bouquin, donc c’est dans les années 1990, par là, s’est posée à moi la question de combien je vais vendre ce bouquin. J’ai compté le nombre de pages, j’ai regardé, j’ai dit : bon. À l’époque, ça devait faire… J’ai fait l’équivalent depuis, ça devait faire dans les… Une vingtaine d’euros, tu vois. Et comme je travaillais beaucoup avec des gens qui ne faisaient que de la vente par correspondance (on en avait discuté), ils m’ont dit : « Vous êtes malade ! » J’ai dit : pourquoi je suis malade ? Ils m’ont dit : « Un bouquin comme ça, vous n’allez pas le vendre vingt euros ! » J’ai dit : ah bon, pourquoi donc ? « Essayez 69 €. » J’ai dit : vous vous foutez de ma gueule ? Je ne vais avoir personne qui va m’acheter mon bouquin ! Eh bien si, contrairement à tout ce que je pensais, à 69 € c’est parti comme des petits pains.
Cyril. – Oui. Il y a une différence assez importante entre des livres de fiction et des livres pratiques.
Guy. – Tout à fait.
Cyril. – Comme c’est un livre pratique, les gens sont prêts à payer le prix que ça va leur rapporter. Enfin, pas forcément le prix que ça va leur rapporter, mais en proportion de ce que ça va leur rapporter.
Guy. – Oui, tout à fait.
Cyril. – Tu apportes une solution, tu n’apportes pas un loisir.
Guy. – Exactement.
Cyril. – Quand on vend un livre qui est un livre de loisir, de lecture ; un livre de littérature, un roman… Enfin, un roman policier, de science-fiction, etc. on apporte du loisir. Quand on vend un livre pratique, on apporte une solution. Et donc le prix est complètement différent en fonction de ça.
Guy. – Tout à fait !
Cyril. – Moi, je sais que Comment écrire une lettre qui vend, mon père le vendait près de mille francs.
Guy. – Tout à fait. Je crois me souvenir que quand je l’avais acheté, ça devait être… Je me demande même si ce n’était pas 1 200 francs.
Cyril. – Mais d’un autre côté, c’est un livre…
Guy. – Ah, il était unique !
Cyril. – Qui était unique, voilà. Qui parlait d’un métier qui rapporte quand même de l’argent. Et qui mettait à disposition des gens plein de techniques pour… Soit dit en passant, ce livre est toujours édité ! Mais c’était un livre unique et ça valait largement… Pour les gens qui l’achetaient, ça valait largement le prix que ça coûtait.
Guy. – Ah oui ! Moi, j’en suis l’exemple vivant : j’ai gagné un fric fou grâce au bouquin de ton père ! Bon, tu vas me dire, il a fallu déjà l’acheter, donc investir le pognon, mais ce n’est pas du pognon perdu, là, vraiment !
Cyril. – Oui, et ton livre sur les warrants, c’est du même acabit. C’est-à-dire que quelqu’un qui achète ce livre, même 69 €, s’il fait des warrants et qu’il arrive à trouver quelqu’un qui fait encore des produits dérivés… Puisque c’est un produit vraiment très particulier, le warrant !
Guy. – Oui, tout à fait. Absolument.
Cyril. – Mais il a des possibilités de gains sur des opérations sur les warrants qui sont énormes ! Donc ça, ce sont les livres que tu vends. Et c’est une des raisons pour lesquelles, d’ailleurs, ce livre-là (puisqu’il est… il coûte plus cher), il n’est pas sur Amazon Kindle.
Guy. – Ah non. Je ne le vends que sous forme papier.
Cyril. – D’accord.
Guy. – Parce que je me suis aperçu d’une chose aussi, c’est que… Tu vois, l’inconvénient, en quelque sorte, de l’édition électronique, c’est que les gens, il faut qu’ils aient ou un lecteur ou leur micro-ordinateur si tu veux, mais ce n’est pas… C’est moins pratique que de prendre… Un bouquin sur papier, tu te dis : « Tiens, je sais que c’est à la page 182 » ; tu ouvres à la page 182, voilà. Tu l’as tout de suite.
Cyril. – Bien sûr. Et puis il y a encore quelques personnes qui ne sont pas…
Guy. – Qui ne sont pas sur Internet, tout à fait !
Cyril. – Qui n’ont pas de liseuse… Voilà. Là, tu… Toi, tu as fait tes livres papier séparément. Est-ce que tu as essayé, ou est-ce que tu as pensé essayer à un moment, les solutions de type CreateSpace ou d’autres ?
Guy. – Des choses comme ça, oui. J’ai même essayé avec comment elle s’appelle ? Le premier de tout, qui n’était pas CreateSpace, mais qu’est-ce qu’il y avait ?
Cyril. – Lulu.
Guy. – Lulu. Voilà. J’ai essayé avec Lulu. Bon, ce n’était pas… C’était plutôt pour le faire imprimer, pour voir à combien ça me reviendrait. Je vais te dire franchement. Et puis j’ai dit : non, c’est quand même lourd. Et puis, en plus de ça, j’ai eu une surprise. J’ai dit : merde, si mes clients ont la même surprise que moi… Je l’ai fait imprimer par Lulu en un exemplaire pour moi. Et j’ai reçu la facture chez moi. J’ai reçu deux factures : j’ai reçu une facture en tant que personne qui a commandé le bouquin, et puis en tant qu’auteur pour que je paie ce que je devais à Lulu. Mais j’ai dit : ils l’ont. Alors, après, je me suis renseigné et j’ai appris que Lulu envoyait assez systématiquement… C’était imprimé en Espagne, les bouquins pour la France. Alors, c’était l’imprimeur espagnol qui envoyait. Avec la commande du gars, il envoyait la facture. C’est-à-dire que le type qui recevait ça, il savait… Il se disait : « Il se goinfre, l’auteur ! » Il me demande… Je ne sais pas, mettons 50 €, et lui, ça lui coûte 5 €, tu vois !
Cyril. – D’accord !
Guy. – Ah, j’ai dit bon…
Cyril. – Oui, c’est moyen.
Guy. – Hein, ce n’est pas très… Comme tu dis ! Alors, ils ont dû changer, certainement, parce que… Attends, ça gueulait, par derrière ! Ils ont dû changer leur fusil d’épaule, mais enfin, au départ c’était ça. Alors, j’ai laissé tomber Lulu. J’ai laissé tomber… CreateSpace, je n’ai pas essayé. Si je faisais vraiment un bouquin dont je saurais qu’il éclaterait dans les 10 000 exemplaires, par exemple, peut-être que je passerais par CreateSpace, je ne sais pas.
Cyril. – Il y a eu quelques succès, sur CreateSpace ! J’étais au salon du livre ce week-end. Margot Malmaison. Donc c’est une jeune fille qui a écrit un roman qui s’appelle Un amour de jeunesse, qui est paru en décembre 2014. Et un roman… En fait, elle a rencontré une star (quelqu’un que je ne connais pas, mais qui s’appelle Maxence) et elle a écrit cette histoire et elle l’a publiée. Et en fait, comme ça s’adresse à un public de personnes qui sont jeunes, qui ont son âge, qui sont à la fin de l’adolescence, début de la vie adulte, ces gens-là n’ont pas du tout de Kindle, n’ont pas du tout de moyen de lire des livres électroniques. Et donc son succès, il s’est fait uniquement sur CreateSpace. Donc elle vend la version brochée… Et je crois que c’est un assez gros succès : il y a 141 commentaires en ligne sur Amazon.
Guy. – Ah oui, c’est bien !
Cyril. – Ça veut dire qu’il y a eu beaucoup de personnes qui l’ont acheté et qui l’ont lu derrière ! Donc il ne faut pas considérer que l’autoédition, c’est uniquement l’autoédition d’e-books. C’est aussi l’autoédition avec de l’impression à la demande ou…
Guy. – Tout à fait ! C’est un petit peu le reproche que je fais, moi, à plein d’auteurs autoédités que je rencontre : pour eux, il n’y a que l’e-book. Moi, je dis : attendez ! Moi, depuis le temps que je travaille là-dedans, je commence à connaître à peu près toutes les astuces et je sais une chose, c’est qu’il n’y a pas que l’e-book ! On vend aussi aisément… D’ailleurs, je vais te dire une chose, tiens ! On a discuté avec… Je travaille beaucoup avec un ami qui s’appelle Didier. Et Didier en question, il a un site de développement personnel. Il fait des bouquins. Enfin, il a l’idée des bouquins et moi, je les écris, gentiment. Et puis…
Cyril. – On peut dire tout simplement qu’il s’appelle Didier Pénissard. Comme ça, au moins…
Guy. – Tout à fait. Il s’appelle Didier Pénissard. Il est quand même connu. Il doit avoir une liste de je ne sais plus… Pas loin de 90 000 personnes, sur son truc aweber. Et le Didier en question, donc, il me disait : « Écoute, Guy, il y a une chose que je constate maintenant, c’est que je vends de plus en plus de produits physiques ». Pendant un moment, on ne vendait que par téléchargements. Donc qui dit téléchargement dit obligatoirement… C’est un produit qui n’a aucune matérialité. Il dit : « Aujourd’hui, je vends de plus en plus de CD et de plus en plus de bouquins papier ». Et c’est une évolution qui n’a l’air de rien mais c’est peut-être bien une révolution. C’est-à-dire qu’on revient en arrière, presque. Et tout ça pourquoi ? Parce que les gens, non pas qu’ils n’aient pas confiance dans les gens qui vendent sur Internet, mais je veux dire : ils aiment bien avoir un truc qu’ils touchent.
Cyril. – Dans mon activité d’éditeur sur Internet, pas sur Amazon mais vraiment en e-books, je vends aussi beaucoup d’e-books en version PDF, en version Kindle, en version ePub pour d’autres lecteurs. Je sais qu’il y a beaucoup de personnes qui ne prennent que la version PDF, pour l’imprimer.
Guy. – L’imprimer, oui, tout à fait.
Cyril. – Donc ils prennent un bouquin de 300 pages et ils impriment les 300 pages ! En recto seulement. Bon, je ne te raconte pas la dépense en frais d’impression s’ils ont une imprimante comme celle que j’ai actuellement, qui est une cochonnerie que je ne conseille à personne d’acheter… C’est la marque… La marque quoi ? Epson. N’achetez pas d’imprimante Epson !
Guy. – Moi, j’ai une DCP je ne sais pas quoi. Je ne sais plus ce que c’est, mais elle est incassable, celle-là.
Cyril. – Oui. N’achetez pas… Oui, l’idée d’imprimer un livre en PDF en recto avec… Tout ça parce que les gens veulent lire du papier.
Guy. – Exactement. Tout à fait. Je pense. Et puis, je vais te dire, pour l’auteur, c’est un gros avantage. Tu corriges… Je vais t’expliquer comment je corrige mes versions sur écran. Je grossis au maximum. Tu vois, je mets au moins à 18 points. Alors, quand tu as grossi à 18 points, que tu connais bien la langue française, les fautes, elles te sautent aux yeux littéralement. Mais il n’empêche que tu en laisses toujours passer. Et la seule manière de ne pas en laisser trop passer, c’est de faire un tirage papier et de corriger… Alors, évidemment, il faut être très attentif ! Et de corriger sur ton tirage papier.
Cyril. – Oui. C’est très difficile de se relire, hein ! Ou de relire un livre. D’ailleurs, c’est un métier !
Guy. – Tout à fait. Une petite anecdote… Avec mon ami Pierre, Pierre Dreugy. J’avais mis en pages sa thèse de doctorat. Il l’a soutenue à Genève. C’était sur Aucassin et Nicolette. Je ne sais pas si tu connais. C’est un truc du Moyen-Âge. C’était vachement bien, son histoire. Et on a laissé… On a été quatre à relire intégralement la thèse. Je te jure, il faut quand même se le payer ! Surtout dans les notes qui sont écrites en petits caractères et tout et tout ! Et figure-toi qu’on a laissé… Une fois que ça a été imprimé, on a dit : « Ouf, bien tranquille ! » Eh bien, on a laissé une faute sur la quatrième de couv. On avait mis « du xiiie au xiiie ». Tu vois. Tu vas me dire, c’est une petite faute de rien.
Cyril. – Ça va !
Guy. – Mais ça t’emmerde quand tu as passé je ne sais pas combien de temps à tout corriger et que tu t’aperçois une fois que l’impression est terminée qu’il y a encore une faute comme ça !
Cyril. – Une autre technique pour le faire… Je ne la conseille pas, parce que malheureusement, elle n’est pas très efficace ! Je suis en train de faire un enregistrement d’une version audio d’un livre. Eh bien, je peux te dire qu’en lisant le livre à voix haute, pour quelqu’un, toutes les fautes, on les voit vraiment très bien !
Guy. – Ah oui. Et tu vois en particulier les fautes de grammaire, d’ailleurs.
Cyril. – Oui. Toutes les fautes ! Que ce soit de la grammaire, que ce soient des… Même des phrases qui deviennent illisibles ! C’est-à-dire que c’est une phrase… Si on la lit, on comprend à peu près, mais si on la dit à voix haute…
Guy. – Les fautes de ponctuation, là, ça ne pardonne pas.
Cyril. – Oui, on se dit : mais c’est incompréhensible ! Et donc c’est forcément illisible. Si c’est incompréhensible à l’oral, c’est que… Ce matin, j’ai eu… J’étais en séance d’enregistrement. Il y a une phrase, je m’y suis repris trois fois et puis la quatrième fois, j’ai réécrit. J’ai dit autre chose, parce que ça n’allait pas.
Guy. – Ah oui, d’accord. Ça ne m’étonne pas du tout. Moi, je vais te dire, le pire que j’ai eu… C’est un jour, j’ai écrit un bouquin pour un type. Il s’amène avec cinquante pages manuscrites. C’était bien écrit, heureusement. Bien écrit, je veux dire : très lisiblement. Imagine : cinquante pages manuscrites, pas un point, pas une virgule, pas un point-virgule, pas d’ouvrez les guillemets, pas de… Rien, rien, rien ! Aucun signe de ponctuation…
Cyril. – Pas de signes de ponctuation, pas de paragraphes…
Guy. – Rien ! Rien ! C’était écrit en suivant.
Cyril. – Oui, à la ligne, quoi. Je suis en train de lire un livre où, justement, il n’y a pas de paragraphes. C’est un petit peu…
Guy. – C’est embêtant !
Cyril. – C’est un petit peu difficile ! C’est un petit peu difficile à lire… Bon, c’est… Là où l’auteur s’est rattrapé, c’est que les phrases sont assez courtes en général et que, en soi, elles sont bien écrites. Mais sans paragraphes, je trouve que c’est un peu plus difficile à lire.
Guy. – Oui. Ça aère un peu.
Cyril. – Oui. Et puis ça manque de rythme, quand il n’y a pas de paragraphes. Bon, ça peut aussi être un parti pris !
Guy. – Complètement.
Cyril. – Il y a des poètes qui ont écrit… Enfin, poésie ininterrompue, des choses comme ça, c’est un parti pris.
Guy. – Et puis, il y a des auteurs qui se sont acharnés à faire… Comment il s’appelle, déjà, celui qui a écrit tout un bouquin sans utiliser un « a » ?
Cyril. – Oui !
Guy. – Il faut le faire ! Il faut déjà trouver les mots.
Cyril. – C’est un parti pris artistique. Mais je pense qu’en l’occurrence ce n’est pas un parti pris artistique. C’est l’oubli de faire des paragraphes. Pour en revenir au travail d’auteur, puisque toi, comme tu as écrit beaucoup de livres, et que tu as écrit des livres, vraiment… J’oserais presque dire comme un forçat !
Guy. – Il y a eu une période, oui, c’était ça, tout à fait !
Cyril. – Voilà. Est-ce que tu as des conseils particuliers à donner à des gens qui démarreraient dans l’écriture de livres pratiques ?
Guy. – Ah oui ! Ça, là, oui. La première chose à faire, c’est d’abord de se renseigner à fond la caisse ! Autrement, tu vas au casse-pipe. Il ne faut surtout pas écrire un bouquin sans avoir une connaissance approfondie du sujet du livre. Alors, moi, j’ai trouvé… Personnellement, mais ça me convient parce que… Par caractère, je suis très curieux. Tu ne peux pas… Je ne me lancerais jamais dans l’écriture d’un livre si je ne connaissais pas tout ce qu’il y a comme documentation à propos du livre. Alors, comme documentation à propos du livre, il y a Internet, mais il n’y a pas qu’Internet : tu vas chez un libraire, tu trouves des bouquins ; tu vas dans une bibliothèque municipale… Par exemple, tu trouves des bouquins aussi… Sur le sujet, évidemment, sur lequel tu vas travailler. Mais il faut fondamentalement énormément, quand tu écris un livre pratique, travailler la documentation. Après, le deuxième point, je crois : tu réfléchis. Alors, moi, pour réfléchir, je vais faire la sieste !
Cyril. – Oui, c’est bien ! C’est une bonne technique pour…
Guy. – Ou je fais la sieste, ou alors je vais me balader. Et quand je reviens, j’ai le plan du bouquin, que je n’ai plus qu’à écrire. Alors, une fois que tu as le plan du bouquin, comme tu as toutes les idées qui viennent avec, forcément dans ton plan, tu n’as plus qu’à écrire. Alors, pour écrire, tu fais des phrases courtes. Mais courtes ! Je veux dire, ça m’est arrivé de faire des phrases où il y a quatre mots, par exemple. Plus de douze mots, ça devient une très longue phrase. Tu fais des paragraphes nombreux, de trois lignes, quatre lignes, cinq lignes… Là, ça varie, ça dépend exactement, tu vois, mais c’est… C’est là-dessus qu’il faut se fonder : c’est quelque chose de court. Pourquoi ? Parce que les gens, s’ils veulent comprendre, il faut qu’ils lisent un truc qui les marque. Or il n’y a rien qui marque autant… Je veux dire, personnellement, on m’a parlé de Proust. Je me suis fait… Je ne donnerai pas le qualificatif !
Cyril. – Enquiquiné. Je me suis enquiquiné !
Guy. – Voilà ! Je me suis enquiquiné en essayant de lire Proust. Putain, mais ce mec ! Écoute, tu te rends compte, il écrit cinq pages avec des propositions incises, et le point, tu le trouves à la cinquième page. Le point qui marque la fin du paragraphe que tu as commencé cinq pages avant. C’est de la folie, ça !
Cyril. – Tu as presque l’impression de lire de l’allemand avec le verbe principal à la fin.
Guy. – Exactement ! Tout à fait ! Tu as fait de l’allemand aussi, alors ?
Cyril. – Oui, j’ai fait de l’allemand. C’est mon cauchemar.
Guy. – Moi aussi, j’y ai eu droit !
Cyril. – Qu’est ce que tu veux dire ? Qu’est-ce que tu veux dire ? Qu’est-ce que tu veux dire ? Qu’est-ce que tu veux dire ? Ah, c’était ça que tu voulais dire ! C’était ça, le verbe important !
Guy. – Exactement !
Cyril. – Oui, non, c’est vrai que… Notamment dans les livres pratiques, forcer sur la lisibilité et…
Guy. – Tout à fait. Ça, il faut. Alors, éviter d’utiliser… Ça, c’est un truc que j’ai appris avec ton père : les fameux adverbes en « ement ». Enfin, il y a des jours où tu es bien obligé parce qu’il n’y en a pas d’autres. Mais éviter les adverbes. La structure de la phrase, ça doit être le plus simple possible. Ce que tout le monde apprend à l’école ! Enfin, apprenait à l’école, parce que maintenant, j’ai l’impression que ce n’est pas tout à fait ça… Tu fais une phrase avec un verbe (indispensable, quand même), un sujet, un complément. Point !
Cyril. – Oui. Pas de forme passive…
Guy. – Du tout !
Cyril. – Au minimum, en tout cas.
Guy. – Ça, tout le monde le comprend ! Quand je te dis… Regarde : « tout le monde le comprend », c’est une phrase simple. Je pourrais te la dire autrement, si tu veux, de manière beaucoup plus compliquée, mais ça n’a aucun intérêt parce que les gens ne comprendraient pas. Et ça, je crois que c’est le plus important, dans le domaine du livre pratique. C’est-à-dire des mots courts… Ah oui, toujours ! Pareil : quand tu as un mot long, il faut essayer de trouver le mot qui signifie la même chose (il y a des dictionnaires de synonymes, sur Internet par exemple) qui est plus court que ce que tu as trouvé. Parce que plus le mot est court, plus facilement les gens comprennent. Et tu vois, ce sont des petites combines, comme ça, que je me suis faites au fur et à mesure. Mais ça marche ! Ça marche. La preuve : j’en vis encore, tu vois. Je serais mort depuis longtemps, autrement ! En revanche, ce qu’il faut, ce à quoi il faut faire très attention, parce que ça, moi, j’en ai énormément souffert (tu ne peux pas savoir à quel point, d’ailleurs), c’est au plagiat. Un jour, j’ai vu un lecteur à moi que je connaissais bien. Il m’a dit : « Mais, Monsieur Poursin, je viens de trouver… Vous avez écrit votre bouquin aux éditions Machin Truc Chouette ? » Je lui ai dit : non, je ne les connais même pas, ces éditions-là. « Ah, ben, il dit, attendez, je vais vous envoyer votre bouquin ». Il m’envoie mon bouquin. Donc moi, je savais chez qui je l’avais fait… Le titre, il n’avait même pas été changé, dis ! J’ai dit : merde… Le gars, je lui ai écrit. Je lui ai dit : dis-donc, gars, tu te fous de ma gueule, là ? Tu ne vas pas me dire que c’est toi qui as écrit ce texte-là ! Il me répond : « Mais si, Monsieur, je vous assure ! » Je lui ai dit : attention, là, on va au procès ! Tu y vas tout droit, garçon ! Je suis allé chez un avocat, ça m’a coûté 5 000 balles. Ça, je l’ai encore en travers ! Parce que le mec… Tu sais, pour avoir le droit de t’asseoir en face d’un avocat spécialisé dans le droit d’auteur… Il commence par te faire cracher du pognon ! Il m’a dit : « Vous êtes sûr de gagner ». Je lui ai dit : alors, pourquoi vous me faites… Enfin, bon ! Marchandage. Et finalement, j’ai gagné. Le mec, il a eu tous les frais. J’ai dit : attendez, le pauvre malheureux, il a cru bien faire, peut-être, je ne sais pas… Tu les prends en pitié, les gars qui sont comme ça, tu vois ! Mais ça, le plagiat, j’ai eu des paragraphes complets de bouquins que j’avais écrits que j’ai retrouvés au hasard, en lisant des trucs. Au bout d’un moment… Un jour, bien fâché, j’ai pris ma plume, j’ai écrit sur un forum de webmasters. Parce que j’ai appris aussi que les webmasters ont aussi des problèmes de plagiat. J’ai écrit sur un forum : pour moi, je vais vous dire exactement… Alors, après avoir raconté quelques mésaventures : pour moi, le plagiat, c’est la reconnaissance du nul au génie !
Cyril. – Oui. Malheureusement…
Guy. – Tu perds du pognon !
Cyril. – Oui, tu perds du pognon, tu perds de la crédibilité aussi, d’une certaine manière.
Guy. – Bon, de la crédibilité, au niveau où j’étais, non, quand même, parce que tout le monde savait que je savais écrire.
Cyril. – Pour les gens qui te connaissent, c’est évident, mais…
Guy. – Ah oui, pour les autres…
Cyril. – Pour les autres, ce n’est pas aussi sûr que ça.
Guy. – C’est sûr. Mais enfin, bon, d’un autre côté, étant donné que je travaillais avec des éditeurs, ils savaient ce que je valais. Et puis ils me payaient en conséquence ! C’est ça le… Le fond du problème, il est là.
Cyril. – Il ne faut pas confondre droit de citation et plagiat.
Guy. – Ah oui, tout à fait !
Cyril. – On peut avoir un droit de citation, mais il faut citer ! Il faut bien mettre en avant le fait qu’on cite.
Guy. – Tu mets entre guillemets.
Cyril. – Il faut mettre entre guillemets. Il y a une certaine masse…
Guy. – Tu as le droit de citer, mettons dix lignes (c’est le maximum), mais pas cinquante pages !
Cyril. – Non, pas cinquante pages. Après, c’est plus du droit de citation, c’est du plagiat, en effet.
Guy. – Tout à fait. Et le plagiat… À propos de plagiat, puisqu’on en est à ça, il faut savoir une chose, c’est que le plagiat ne s’intéresse qu’à la forme. C’est-à-dire, si je te dis par exemple : « mon squelette est parfait ». Point. Que toi, tu écris « mon squelette est parfait » sans dire « comme dirait Guy Poursin », deux points, ouvrez les guillemets « mon squelette est parfait », fermez les guillemets, eh bien là je peux t’attaquer pour plagiat. Mais le plagiat ne marche que sur la forme, jamais sur le fond. Et heureusement ! Parce que… J’avais suivi de près, je ne sais pas si tu te souviens, les démêlés de Régine Deforges quand elle a écrit son bouquin La Bicyclette bleue.
Cyril. – Ah oui, bien sûr ! Et qu’elle avait été poursuivie, derrière, par les héritiers de…
Guy. – Par les Américains. Les héritiers de… Comment elle s’appelle ? Margaret Mitchell, pour Autant en emporte le vent. Dans des trucs… Alors là, je m’étais vachement marré parce que j’ai appris beaucoup de choses en lisant ça. Pourtant, le langage juridique, je vais te dire, ce n’est pas trop mon truc ! Mais il y avait un avocat, je crois, qui disait très justement (ou c’était même le juge) : « Si on jugeait sur les idées, il n’y aurait plus de littérature depuis les Grecs, parce que tout a été dit ». Enfin, écrit, en l’occurrence. Et c’est vrai ! L’histoire d’une nana ; elle sort avec un mec, elle en trouve un qui est plus vieux, qui lui plaît davantage (parce que c’était ça, fondamentalement), c’est l’histoire… Attends, ça remonte… Pas à Adam et Eve, mais presque !
Cyril. – Oui. Et puis La Fontaine aurait de sérieux problèmes avec Ésope.
Guy. – Oui, avec Ésope, mais bon, ils sont morts tous les deux !
Cyril. – Ils sont morts tous les deux, d’accord, mais bon, quand même !
Guy. – Non, mais il y a tout un tas de trucs. De toute façon, quand tu écris un bouquin (un bouquin d’imagination, j’entends ! et puis même un bouquin pratique) tu es bien obligé de connaître ce qui a été fait avant toi. Donc tu retiens des choses, tu retiens des idées… Tu n’es pas obligé de copier les formules, mais l’idée, elle est toujours là ! Si tu veux, moi, j’ai vu un gars à qui j’avais corrigé son bouquin. C’était sur la manière de poser des plaques. Il était plaquiste. Tu sais, les plaques qu’on met contre les murs.
Cyril. – Oui, je vois très bien.
Guy. – Je lui avais dit… J’avais vu les fautes d’orthographe qu’il faisait, je lui avais dit : envoie-moi ton truc, je te le corrige gratos, parce qu’il n’y a rien qui m’énerve plus que de voir beaucoup de fautes dans un truc qui était bien. Moi, à mon avis, c’était bien. Je n’y connais rien, je n’ai jamais posé de Placoplatre, mais je me suis dit : ce gars-là, il connaît. C’est son boulot. J’ai corrigé son machin ; je n’en ai pas eu pour longtemps parce que ce n’était pas un bouquin épais, mais j’ai dit : voilà, ça, au moins, c’est un bouquin original. C’est-à-dire pas comme beaucoup que j’ai lus. Et puis, je peux te dire, même dans des thèses de doctorat, parce que j’ai lu… J’ai été assez loin dans mes études pour savoir. Tu as un mec qui a une idée originale ; il fait le truc original. Et puis il y en a 500 derrière qui recopient ses idées ! Ce n’est pas du boulot.
Cyril. – Il y a même des business qui se sont montés comme ça.
Guy. – Complètement. Absolument !
Cyril. – À part Sacré Christophe ! tu t’es essayé un peu, à la fiction ?
Guy. – Oui. Je…
Cyril. – Sacré Christophe ! on ne peut pas… Je ne sais pas si on peut vraiment dire que c’est de la fiction. C’est…
Guy. – C’est… Attends, c’est un livre… Un pastiche de livre d’histoire, avec quand même quelques petites inventions, tu vois. Sacré Christophe ! c’est la cinquième interprétation de sa jeunesse. Parce que quand j’ai vu que les historiens sérieux avaient fait quatre interprétations de sa jeunesse… Si ça se trouve, il n’était même pas né en Italie, mais il était resté au Portugal ou en Espagne. On ne savait pas très bien. Parce qu’à l’époque, c’était quand même un petit peu difficile, disons, de juger. J’ai dit : moi, je vais en faire une cinquième ! Et j’ai pensé… Tu connais The Invaders ?
Cyril. – Ça me dit quelque chose, oui.
Guy. – C’était une série américaine en noir et blanc, dans les années 1950, par là, entre 1950 et 1960, avec Roy Thinnes.
Cyril. – Avec la main un peu particulière.
Guy. – Voilà : c’étaient des gars qui avaient le petit doigt tout raide ! Donc j’ai fait un mélange. Pour la cinquième vie de Christophe Colomb, j’ai fait un mélange de ces gars-là…
Cyril. – Excuse-moi ! J’imagine…
Guy. – Et puis d’un film que j’avais vu. Attends, comment il s’appelait, le film ? Je ne me rappelle plus du film, mais c’était le gars qui quittait sa peau, comme font encore aujourd’hui les serpents, tu vois. Et l’esprit de Christophe, en l’occurrence, n’allait pas dans la peau… Il changeait de peau, mais il changeait de cerveau, en fait. Et il influençait le cerveau du type dont il s’emparait du cerveau. Ah, je te dis : je me suis marré ! Mais j’étais écroulé ! Et ça s’est vendu ! Et ça se lit ! Et c’est marrant, en plus !
Cyril. – Et tu as fait d’autres romans ? Enfin, romans ou ouvrages, plutôt de fiction ?
Guy. – Oui. J’étais en train de te dire, j’ai fait un roman, un peu plus sérieux quand même, que j’ai appelé Le Maître de l’eau. Et puis malheureusement, il a disparu dans mon naufrage, là.
Cyril. – Ah, il a disparu dans ton naufrage !
Guy. – Là, ça me fait chier, parce que j’avais 250 pages d’écrites…
Cyril. – Ah oui, c’est horrible !
Guy. – Là, oui, parce que je m’étais quand même un peu creusé la tête.
Cyril. – Et ton disque, il est mort de chez mort ? Tu ne peux rien faire ?
Guy. – Ah oui, il est mort de chez mort. Fusillé ! Fusillé complètement. Je suis allé chez mon fournisseur d’informatique. J’ai mon pote Philippe Souperon, qui est un super connaisseur dans ce domaine ; il m’a dit : « Écoute, Guy, j’ai tout essayé : ton disque dur, pas possible de le rattraper ». J’ai un fils, aussi, mon deuxième fils, qui est informaticien. Je lui ai refilé mon disque dur, mais il m’a dit : « Tu sais, papa, apparemment, comme il est arrangé, je vais essayer de te retirer quelque chose de là-dedans, mais… » Alors bon, voilà, moi, je suis réduit à tout refaire.
Cyril. – Oui. Donc, quand vous écrivez, pensez à faire des impressions.
Guy. – Ah oui, sur papier !
Cyril. – Sur papier de ce que vous faites, au cas où.
Guy. – C’est le gros tort que j’ai eu, de ne pas imprimer ce que j’avais fait. Et je t’ai dit, j’avais fait cinq lettres de vente, là, qui m’ont bien rapporté, parce que c’était pour de grosses boîtes, quand même. Et j’ai eu le nez, je ne sais pas, de les imprimer. Alors, maintenant, ça y est : elles sont reparties, tranquilles. Mais en revanche, j’avais un bouquin que j’avais fini, que je n’ai plus qu’à refaire de A à Z. Et puis j’ai le mien, mon roman, que ma foi il faut que je recommence de A à Z.
Cyril. – C’est dur…
Guy. – Ah oui, c’est dur.
Cyril. – Je sens… Ça me fait mal ! Rien que d’y penser, ça me fait mal.
Guy. – Ça, c’est sûr, mais qu’est-ce que tu veux, ça arrive ! C’est la vie. D’un autre côté, je ne vais pas me tirer une balle dans la nuque, d’abord parce que je ne suis pas assez souple !
Cyril. – Non, bien sûr… Merci beaucoup, Guy, d’avoir répondu à toutes mes questions et d’avoir fait ainsi le tour de tout ça.
Guy. – Je t’en prie !
Cyril. – J’espère qu’on se reparlera bientôt, pour parler de tes autres publications, si tu recommences à publier quelque chose sur Kindle.
Guy. – Je vais en avoir, ça, c’est sûr. J’avais envisagé… Attends, je vais te dire, parce que j’ai écrit des tas de trucs ! J’avais commencé à écrire un bouquin qui s’appelait Le Dicogag à Guy. Déjà, rien que son nom, tu comprends tout de suite que c’est du vachement sérieux !
Cyril. – Oui, bien sûr !
Guy. – Et je me suis dit : après tout, Larousse, il a fait le sien, Robert, il a fait le sien, pourquoi Guy ne ferait-il pas le sien ?
Cyril. – Exactement !
Guy. – Et d’une manière beaucoup plus rigolote. Mais bon, c’est pareil, il faut avoir du temps. Et moi, c’est le temps qui m’a manqué. Parce que quand tu as ton temps…
Cyril. – Qui est partagé entre une activité plutôt alimentaire et une plutôt d’investissement, tu passes plus ton temps à faire de l’alimentaire qu’à faire de l’investissement.
Guy. – Exactement. On est bien d’accord.
Cyril. – Juste avant qu’on se quitte, où est-ce qu’on peut retrouver tes livres ? Je vais mettre les liens vers les livres que tu as publiés sur Kindle, mais est-ce que tu as d’autres endroits où on peut te retrouver, sur Internet ?
Guy. – Oui. Par exemple, j’ai écrit un bouquin sur la Luminopédagogie. Ça, je n’en ai pas parlé, mais c’est un truc que j’ai fait à partir du moment où j’ai entendu parler des travaux d’un certain Docteur Lefebure, qui a inventé une technique qui s’appelle le phosphénisme, qui est en fait une très très vieille technique, qui est fondée sur la lumière. Et quand j’en ai entendu parler, j’ai dit : tiens ! J’ai mis ça de côté dans un coin de ma tête, mais j’ai dit : ça, ça doit être intéressant. J’ai repris ses travaux, mais maintenant il est mort depuis longtemps, le pauvre homme. Et j’ai inventé un truc qui s’appelle la Luminopédagogie. C’est un truc qui sert à faire progresser des gamins. Je suis assez content des résultats ! Ce n’est pas moi qui les ai obtenus, ce sont les gamins eux-mêmes, si tu veux, parce que c’est d’une part une technique qui ne leur demande pas… Ce ne sont pas des cours particuliers que tu fais en plus. Tu vois, c’est le gamin : il utilise la lumière pour faire des progrès, quand il fait ses devoirs, quand il apprend ses leçons. Donc ça ne lui demande pratiquement pas d’efforts, mis à part celui d’allumer une lampe et de la regarder. Ça, ce n’est pas… Ce n’est pas un effort considérable, je veux dire. Et j’ai du coup lancé un autre machin, qui s’appelle le Lumino-développement-personnel, auquel je crois beaucoup, mais je n’ai pas le temps de faire beaucoup de pub pour ça, tu vois. Parce que c’est pareil, c’est ce qu’on disait tout à l’heure, il faut savoir, quand tu es auteur autoédité, que tu fais tout. Donc il faut avoir le temps de faire la pub, etc.
Cyril. – Il faut avoir le temps de tout faire. Il faut avoir le temps de créer un fichier de prospects, et puis ensuite de se publier, et trouver… Enfin, voilà.
Guy. – Et ça, je peux t’envoyer… Attends, ça s’appelle les-dossiers-secrets.com. Autrement, mes trucs de bourse, c’est succes-bourse.com. Alors, celui-là, j’y tiens beaucoup, à ce site, parce que c’est un des plus vieux sites de bourse qu’il y a sur Internet. Je l’ai créé en 1998 et il est toujours en vie. Et j’en ai vu passer… Tu ne peux pas savoir le nombre de trucs… Et puis autrement, j’ai un petit truc sur lequel je vais de temps en temps, mais je n’ai pas le temps non plus : ça s’appelle guypoursin.com. Et puis, j’en ai un autre… Ah oui, un autre, pas mal, d’ailleurs ! Ça s’appelle les-secrets-des-mentalistes. C’est avec Didier qu’on a fait ça et… Tu sais ce que c’est qu’un mentaliste : ce sont les gars… Il y a un feuilleton de télévision, je crois que c’est sur TF1. À notre grande surprise… Didier m’a dit : « Tiens, Guy, est-ce que ça t’intéresserait de m’aider à distribuer ce machin-là ? » Je lui ai dit : je veux bien, mais je n’y connais que dalle. Alors j’ai fait comme d’habitude : j’ai lu. Et j’ai dit : ça a l’air intéressant, ce truc-là ! Et en fait, c’est… Ça explique le bourrage de crâne que te font les soi-disant mentalistes. Ce sont des gars qui sont très psychologues. Et ça sert à beaucoup de vendeurs, ce truc-là.
Cyril. – Ça sert à beaucoup de vendeurs, et puis c’est un des fondements du… Enfin, c’est un des fondements des tours de prestidigitation ou de magie.
Guy. – C’est ça. C’est-à-dire que tu occupes l’esprit des gens en leur montrant un truc, et puis par derrière tu leur fauches leur portefeuille, si tu veux !
Cyril. – Oui, voilà. Merci, Guy.
Guy. – C’est moi qui te remercie !