Enquête autoédition : Combien de temps…
Cet article est le deuxième d’une série sur les résultats de l’enquête menée sur août et début septembre auprès des autoédités pour mieux connaître les visages de l’autoédition.
Vous pouvez trouver le premier article, avec les premiers résultats, ici.
Aujourd’hui, on va se concentrer sur les efforts effectués par les uns et les autres pour les deux différentes parties de l’autoédition, car on est auteur et éditeur.
Combien de temps consacrez-vous à l'écriture par mois ?
L’écriture est un hobby. Marcel Proust, Gustave Flaubert, des nantis. On fait ça le week-end, le soir, au petit matin. Allo Cognacq-Jay ? On me dit que je dis des conneries ?
Peu d’auteurs vivent de leur activité d’écrivain, et chez les autoédités, ce n’est pas différent. Donc on passe moins de temps à écrire et à s’éditer qu’on voudrait peut-être. Mais combien de temps en fait ?
On voit que le temps est bien distribué. Et si on regarde en tarte, on voit les choses autrement :
La moité des répondants passent plus de 50 heures par mois consacrées à l’écriture. Ce n’est pas une activité principale, mais cela ressemble fort déjà un un quart temps. Imaginez que vous passiez deux jours par semaine à écrire ou à prévoir l’écriture… Pourriez vous dire que ce n’est qu’un hobby ?
Non, c’est une passion.
Les personnes qui y consacrent moins de temps ne sont pas à blâmer. Je suis sûr qu’elles sont prises par d’autres activités. Quant à y passer moins de 5 heures, par contre, c’est soit la marque de grosses difficultés de concentration soit d’une activité principale très prenante.
Combien de temps consacrez-vous à l'autoédition par mois ?
Et l’autoédition, une fois que les livres sont finis ? Est-ce une arrière-pensée ou quelque chose qui prend du temps ?
On voit bien qu’une fois qu’on a écrit un roman ou un livre pratique, il reste beaucoup de choses à faire, et que l’autoédition prend du temps à ceux qui la pratiquent. Moins de temps, mais ce n’est pas négligeable. On verra plus loin que l’autoédition et ses différentes branches sont difficiles à effectuer. Là où il y a difficulté, il faut compenser avec du temps.
Mais les résultats sont là !
Combien de livres pour un autoédité ?
On a vu dans l’article précédent que l’autoédition était quelque chose d’assez récent dans la vie des personnes qui ont répondu. Pour la moitié, plus de 3 ans. Quant à s’y mettre, on parle plutôt de 2 ans. Combien de livres cela donne-t-il au final ?
Environ la moitié des répondants ont déjà publié 3 livres ou plus ! Je ne suis pas statisticien, et je n’ai pas fait de corrélation, donc je ne dirai pas que ce sont les mêmes personnes qui publient depuis plus de 2 ans qui… oh et puis merde, je vais faire comme GfK ou IDC : 3 livres en 2 ans ou plus !
Assurément le rythme de publication en autoédition n’est pas le même qu’en édition traditionnelle. D’ailleurs Dean Wesley Smith a publié un article récemment sur le temps qu’il faut pour publier dans le circuit tradi aux USA (en anglais). Et lui a publié un peu plus de livres que moi (en indé et en tradi).
C’est souvent une clé du succès en ce qui concerne le fait de trouver un large lectorat et de faire des ventes. Donc les auteurs autoédités ou indés ou auteur-entrepreneurs ou… écrivent et publient plus régulièrement ou plus vite qu’un auteur traditionnel ne peut le faire.
On n’a pas tous le rythme d’un Cédric Charles Antoine ou d’un Jacques Vandroux (150 000 mots par an). Mais faire la chasse à l’éditeur prend moins de temps, on peut publier sans encombre (ce qui est un danger aussi).
Republier en autoédition
C’est parfois des livres qu’on avait en papier, avec un éditeur ou un “imprimeur” qui sont ensuite réédités en autoédition. J’avais une question spécifiquement là dessus. Combien de livres avez-vous republié en autoédition ?
J’ai enlevé les réponses des personnes qui n’ont pas republié évidemment. On voit que ceux qui avaient beaucoup de livres à publier ne s’en sont pas privés.
Parfois aussi il s’agissait d’un seul livre.
Question non concluante. Je la formulerai autrement l’année prochaine pour qu’elle soit plus pertinenete.
Et alors, ça marche ?
LA question qui va intéresser pas mal de personnes, et c’est bien normal quand je passe mon temps à racoler les gens en disant qu’ils peuvent en faire leur principale activité.
Combien qu’on gagne ?
Peut-on devenir riche et rouler en Porsche ?
Est-ce un miroir aux alouettes (le miroir aux alouettes est un piège pour les alouettes, à ne pas confondre avec un dispositif de guidage des avions en approche au sol) ?
Quels sont vos redevances mensuelles de l’autoédition en 2016 ?
Beaucoup d’appelés, peu d’élus… Ou « Des revenus de l’autoédition qui peinent à se réaliser »… Ou « 11% des autoédités gagnent plus de 1000 € par mois ». Mettez le titre que vous voulez.
Ce qui est intéressant : il y a des gens qui touchent plus de 5 000 € de redevances par mois. Il y a des gens qui gagnent plus de 2 000 € par mois.
Mais aussi : la majorité ne gagne pas assez d’argent pour en faire une activité lucrative. Presque la moitié des gens ne gagnent pas plus que de l’argent de poche.
Cette tendance à une distribution « à la Paretto » va s’accentuer avec le temps qui passe, les efforts des uns et des autres. Les personnes qui gagnent confortablement de l’argent vont en gagner plus, et il y aura plus de personnes qui vont gagner des clopinettes. Et au milieu… il y aura toutes les nuances.
Il y aura aussi tous ceux qui resteront sur le bord de la route, à regarder les autres passer, en se demandant si cela vaut le coup pour eux.
Dans le même registre que dans l’article précédemment, cité, Dean Wesley Smith s’attaque aussi au mythe de l’auteur de fiction qui ne peut pas gagner sa vie (sauf que lui il lui faut 80 000 USD par an). Une lecture toujours en anglais, mais qui met l’accent sur le fait que ceux qui y consacrent leur métier peuvent en vivre dans son pays.
Si la question vous intéresse, j’espère que vous avez lu le livre de Joanna Penn Comment gagner sa vie en écrivant. À 2,99€ c’est un investissement qui a un bon rapport.
Si vous avez besoin de vous convaincre que l’on peut gagner de l’argent sur Kindle seul, relisez le rapport Author Earnings de mai 2016 et la traduction incomplète que j’en ai faite. Encore une fois, il s’agit des États Unis, mais cela montre que c’est réalisable.
Assez peu étonnant : les personnes qui gagnent plus de 1000 € par mois ont publié plusieurs livres, parfois plus de 10 livres. Le fait d’avoir des gains importants sur peu de livres est l’exception plutôt que la règle !
La comparaison n’est pas entre un auteur et quelqu’un de salarié, mais entre un auteur autoédité et un auteur édité traditionnellement. Et sur France Culture, je voyais justement ce samedi cet article pessimiste, qui avait en sous-titre : « En France, seuls 40 auteurs vivraient de leurs ouvrages ».
Alors évidemment, la question a un côté voyeur, mais n’y voyez pas là mon intention. Et elle est à prendre avec des pincettes : on parle là de redevances perçues, pas de revenus (quid des coûts ?).
Une activité prenante
Être auteur autoédité, cela recouvre une gamme très diverse de profils, d’implication et d’activité. Certains y passent du temps pour l’écriture, pour l’édition au point d’en faire une activité majeure. D’autres font cela encore un peu en dilettante, plus comme un loisir.
Certains (rares) peuvent ou pourraient peut-être en faire leur activité unique, la plupart non. C’est quand même un revenu complémentaire qui peut être important rapporté au revenu médian en France.
Dans un prochain article, nous irons voir un autre aspect du travail réel que cela représente, en abordant les outils et les moyens de distribution les plus souvent utilisés. Pour retrouver tous les articles sur cette enquête, cliquez sur la catégorie “Enquête autoédition”.