Faire le choix de l’autoédition
Avec cet article, je commence à révéler les résultats de l’enquête sur l’autoédition et les autoédités menée au travers d’un questionnaire public en août 2016. Cette enquête sera reproduite désormais chaque année, afin d’observer les changements s’il y en a.
Mais avant de parler des résultats, un petit point sur la participation. 200 personnes environ ont répondu au questionnaire qui prenait, franchement, à peine 5 minutes. Et pourtant, entre les commentaires Facebook, les articles sur IdBoox, dans les groupes d’auteur etc, il y avait matière à générer du traffic.
Que dire de ce nombre assez réduit de personnes qui ont répondu ? Que la période était mal choisie ? Cela a duré un mois et s’est étendu jusqu’au premier week-end après rentrée. Que les auteurs ne veulent pas en dire plus sur eux-même ? Qu’ils avaient peur que j’envoie des spams après (je demandais de mettre son email) ? Un peu de tout ça. On verra comment avoir plus de réponses l’année prochaine. En Allemagne, Matthias Matting fait la même enquête depuis 2013. En 2015, 906 personnes ont répondu ! C’est une mine de renseignements qui sert tous les autoédités.
Passons maintenant aux résultats !
Faire le choix de l'autoédition : contraint ou forcé ?
Oh oui, je ne suis pas un institut de sondage, et pourtant j’arrive à faire des enquêtes aussi biaisées qu’eux. La première question était donc « J’ai fait le choix de l’autoédition pour », et les résultats dépassent mes espérances.
La liberté et l’indépendance viennent au premier rang des raisons qui poussent les auteurs autoédités à faire ce choix. La récupération des droits, le refus des éditeurs ou les mauvaises expériences viennent bon derniers.
L’autoédition n’est donc pas un choix par défaut ! C’est un soulèvement populaire des auteurs contre une relation souvent défavorable et méprisante. Sortez les drapeaux rouges ! Sus au boulevard saint Germain !
Sérieusement, c’est une bonne nouvelle : l’autonomie, la capacité à prendre des décisions, l’indépendance avec tout ce que cela implique de positif sont des habitudes et des états d’esprit qui rendent les gens plus heureux. Et demandez à des auteurs autoédités ce qu’ils en pensent : la majorité vous diront qu’ils sont contents de s’être autoédités.
La facilité de production est le second facteur qui pousse les gens à faire ce choix. Même si la vie n’est pas un lit de roses, l’autoédition est un parcours simple (sur le papier) et que de très nombreuses personnes pourraient emprunter si elles s’en donnaient la peine. On peut remercier Amazon pour avoir montré la voie avec l’ouverture de KDP au marché français, ce qui a permis à Apple de faire tomber les barrières ridicules qu’il y avait auparavant, et à Kobo de faire les choses de manière un peu différente mais aussi efficace.
Si vous contemplez encore le fait de mettre votre livre numérique sur Kobo ou KDP, je vous le rappelle : c’est quelque chose qui prend 20 minutes, et que toute personne qui sait se servir d’un logiciel de mail peut faire. Le plus long et compliqué, c’est avant (l’écriture et l’édition), et après (la promotion).
Sur le contrôle des droits d’auteur, j’en appelle à l’édition traditionnelle : quand vous cherchez à signer un autoédité, il a goûté à la pomme. N’essayez pas de lui reprendre ses droits numériques. Utilisez vos atouts et devenez meilleurs encore dans ce que vous savez bien faire. Cela m’évitera des discussions déprimantes avec de nombreux auteurs qui veulent vous confier leurs livres, mais qui ne veulent pas abandonner leurs droits numériques (et je les comprends !).
J’ai posé ici une question sur le compte d’auteur. J’ai une opinion majoritairement négative du compte d’auteur, surtout comme il est pratiqué. Donc mon commentaire sera là : 0.
Depuis combien de temps connaissez-vous l'autoédition ?
Même si iBooks était ouvert à l’autoédition auparavant, c’est en décembre 2011 que l’autoédition telle qu’on la connaît maintenant est apparue, avec l’ouverture de KDP au marché français. Cela fait donc un peu plus de 4 ans et demi. Retenez ce nombre.
On voit que parmi les gens qui ont répondu, il y a beaucoup de personnes qui sont « nées » à l’autoédition à la même période. Presque la moitié.
Mais il y a encore de nouveaux arrivants. Ils ne répondent pas encore, et je pense que le camembert (ou la tarte) de l’année prochaine ne sera pas bien différente. Les auteurs sont aussi des lecteurs, et ils découvrent peu à peu des auteurs autoédités, souvent par accident, et se rendent compte que, non, ce n’est pas si nul…
Et ils tentent leur chance, voient une opportunité, etc.
Quand on n’aura que des « vieux de la vieille », on sera dans la mouise. En attendant, continuons à accueillir les primoauteurs et à entretenir l’esprit de camaraderie qui fait qu’il est agréable d’être autoédité indépendant, mais pas tout seul.
Depuis combien de temps vous autoéditez vous ?
Première question proche de la précédente mais pas tout à fait. Et les nuances sont intéressantes. Car entre connaître et sauter le pas, il y a… un précipice. Oh, les deux sont proches, et il n’y a pas forcément besoin de prendre son élan. Mais regardons les résultats :
33% des répondants sont des nouveaux ! Ils ont sauté le pas ou pas. On peut même dire 47% en comptant ceux qui s’autoéditent depuis 1 an ou moins.
A titre personnel, comme j’écris ou édite des livres qui s’adressent aux autoédités, c’est tout bénef ! J’en profiterais pour vous parler et vous envoyer des mails sur tout cela, mais vous les avez certainement vus dans la boutique Kobo ou Kindle. Et vous pouvez aussi trouver dans le menu du haut les autres livres d’autres auteurs que je recommande.
Si vous avez besoin d’une formation… OK j’arrête mon quart d’heure promotionnel.
Mesdames, messieurs, soyez les bienvenus. Vous allez voir, on s’éclate, on déprime, on s’entraide, parfois certains se tirent dans les pattes aussi. Lisez ce que les anciens partagent déjà avec vous (je pense notamment à la seconde édition du livre de Jacques-line Vandroux). Et quand vous ne trouvez pas de réponse, n’hésitez pas à demander des conseils. En général, si on sait répondre, on le fait.
Dans un prochain billet, on commencera à aborder ce que cela représente comme implication pour les uns et les autres, et les résultats obtenus (ne serait-ce qu’en termes de redevances). Vous ne croyiez tout de même pas que j’allais tout vous dire d’un coup, non ?
J’ai partagé les résultats anonymes de l’enquête avec Charlie Bregman qui avait fait une enquête similaire il y a quelques années, et avec Elizabeth Sutton (à prononcer à l’anglaise, ndlr) d’Idboox pour qu’ils puissent exploiter les résultats à leur manière. Voilà, maintenant ils sont obligés de le faire ! Ne vous étonnez pas de voir ces chiffres et ces infos re-publiées ailleurs. Et peut-être en diront-ils plus d’un coup que moi.
Et quand sera publié cet article ? Très bientôt, c’est promis !