L’affaire All Romance eBooks

En plein milieu de la trêve des confiseurs, entre Noël et le jour de l’An, il s’est passé un mini cataclysme aux États-Unis dans le monde des livres numériques. Le service All Romance ebooks a annoncé le 28 décembre 2016 qu’ils fermaient soudainement le 31 décembre.

Cette fermeture soudaine n’a pas étonné tout le monde, notamment pas les personnes qui avaient eu des soucis avec ce diffuseur/aggrégateur d’ebooks de romance par le passé. La santé financière et opérationnelle de l’entreprise n’était pas idéale, et des signaux pouvaient être observés, comme les retards de paiements, le fait que leur plateforme n’évolue pas, et des difficultés de communication avec les employés.

En annonçant la fermeture, ils proposaient 10% de rémunération sur les commissions dues. C’est à dire que s’ils vous devaient 100 USD, ils étaient prêts à vous donner 10 USD. Et vous passiez le reste en pertes et profits.

Le quotidien The Guardian a relayé l’information, qui touche plusieurs milliers d’auteurs et plus d’un million de titres.

Pourquoi mettre en avant cette histoire de fermeture d’une société américaine ? Parce que ce genre d’affaire peut très bien se produire dans les mois et les années qui viennent, avec des entreprises françaises. Tout le monde n’a pas la chance de trouver un Kobo/Rakuten pour reprendre son activité…

Un des moyens les plus fréquemment utilisés par ce genre d’intermédiaire de l’édition pour financer les opérations est de payer ces opérations avec l’argent d’hier, c’est à dire avec les redevances perçues dans les périodes précédentes, tout en retardant au maximum le paiement des redevances aux auteurs.

On a ainsi vu pas mal d’éditeurs disparaître sans avoir payé en temps et en heure leurs auteurs (je ne dis pas qu’ils le font, ni que c’est la seule faute commise).

Cette situation est bien évidemment dramatique pour les auteurs pour lesquels ARe était leur éditeur et leur seul distributeur. Et franchement, ils n’ont pas intérêt à essayer de poursuivre la société en faillite, sauf s’ils sont eux-même avocats. Cela leur coûterait plus cher en procédures que ce qu’ils pourraient récupérer.

Croyez-vous qu’Amazon soit indestructible ? Je vous rappelle, si vous ne le savez pas, que cette entreprise gigantesque ne fait pratiquement pas de bénéfices, ou plutôt fait systématiquement des pertes, depuis sa création. Ils ont subi des échecs et fermé des divisions (Fire Phone), ils ont changé de politique du jour au lendemain (KU apocalypse).

Donc, première mesure à mettre en œuvre : diversifier ses canaux de distribution et faire en sorte de faire grandir tous les canaux de distributions.

Toujours avoir un matelas de plusieurs mois pour pouvoir se retourner si une telle chose se produit avec vos partenaires.

Surveiller ses partenaires, et noter les signaux d’alerte (difficulté de contact, retard de paiement, manque d’investissements).

Pour en lire plus sur cette sombre histoire et en tire les enseignements pour votre propre situation, et pourvu que vous lisiez en anglais, je vous conseille de lire ce billet de The Passive Voice.

Avoir le contact direct avec les lecteurs : si tous les intermédiaires disparaissent, vos lecteurs pourront toujours acheter vos livres.

PS : si rien n’a changé depuis mes cours sur les liquidations d’entreprises en école de de commerce, les auteurs seraient les derniers à être rémunérés dans un tel cas, et leurs contrats pourraient passer à d’autres sans possibilité de récupérer leurs droits, pour ceux qui sont édités par ARe (au lieu de simplement leur avoir confié leurs livres pour diffusion sur Amazon et al).