Les réponses aux questions sur les e-books – Jour 1
Je vais tout de suite faire preuve de ma fainéantise en commençant par des questions faciles. Les numéros se rapportent à la liste qui est sur la page générale de présentation des articles.
1. Qui peut écrire et éditer un ebook ?
Tout le monde peut écrire un ebook. Evidemment. Tout le monde peut s’asseoir devant son ordinateur, son cahier, sa machine à écrire et commencer à mettre des mots derrière des mots, donner du style ou répondre à une question. On peut écrire de la poésie, on peut écrire un pamphlet. On peut vouloir faire du roman érotique, ou une histoire pour les enfants.
L’écriture n’est pas réservée aux écrivains.
D’abord personne n’est né écrivain. Ce n’est pas quelque chose que l’on est, c’est quelque chose que l’on devient en le faisant.
Ensuite, et c’est très important, il faut que vous vous rappeliez que vous n’avez pas de limite: vous êtes doté du même cerveau que les autres humains, et c’est cela qui compte.
Donnez-vous la permission. Vous êtes la seule personne qui peut décider pour vous même ce que vous voulez faire. Personne ne le fera à votre place. Ce n’est pas moi qui vais le faire, ce n’est pas à moi. Pour que ça marche c’est à vous de le faire !
On vous a peut être dit que vous ne pouviez pas écrire, que c’était difficile, que c’était sérieux… N’écoutez pas les jeteurs de sorts. Ne croyez pas les gens à l’esprit étroit. Je ne sais pas ce qu’ils veulent : vous condamner à la médiocrité, vous garder sous leur coupe, vous protéger parce qu’eux même ont peur, mais dire à quelqu’un “tu ne peux pas le faire” n’est pas la meilleure preuve d’amour ou d’amitié.
Vous avez fait des études scientifiques ? Et alors ?
Vous n’avez pas fait d’études ? Pas un problème non plus.
Ce qui compte avant tout c’est d’avoir envie de partager : une histoire, un savoir, une expérience. Et de transformer cette envie en désir très fort, qui vous consume.
Vous ne savez pas écrire ? Bonne nouvelle, ça s’apprend. Et voire même vous n’avez pas besoin de savoir écrire. Car vous pouvez vous être simplement éditeur.
Pour l’apprentissage, vous trouverez des formations et des livres sur internet, et ailleurs. Vous pouvez participer à des ateliers de lecture. Regardez autour de vous, intéressez-vous et vous en trouverez probablement un pas loin de vous.
Etre éditeur aussi est possible pour tout le monde.
Il vaut mieux avoir 18 ans et la possibilité de contracter. Mais passé ces deux obligations, vous vivez dans une époque où l’édition est en mutation et, d’un métier technique avec de nombreuses barrières capitalistiques, financières et relationnelles devient un métier que l’on peut exercer en étant (presque) tout seul.
Vous pouvez éditer des livres libres de droit. Il y en a des centaines, des milliers, des centaines de milliers. Et dans cet ensemble, tous les ouvrages ne sont pas publiés aujourd’hui.
Je conseille généralement de commencer par un livre libre de droit pour l’édition. C’est plus facile parce que l’on se détache de l’aspect émotionnel, de la peur qu’on peut avoir à publier quelque chose qu’on a soi-même écrit, ou son premier ouvrage original. En apprenant avec un livre libre de droit vous évitez cette crainte du rejet. Vous êtes plus neutre.
Certaines personnes vont dire que c’est du vil opportunisme. Oui, de l’opportunisme. Mais c’est fait avec respect. Respect de l’œuvre, respect de l’auteur et respect des lecteurs. Sinon, ça n’a pas d’intérêt.
Si vous faites de l’édition uniquement pour gagner du fric, vous n’y arriverez pas, ou vous ne durerez pas.
Si au contraire vous choisissez des ouvrages de qualité pour leur redonner vie, leur prolonger leur vie, faire des lecteurs contents, tout le monde est gagnant.
12. Est ce que c'est le bon moment ?
Pas de suspense haletant, je ne sais pas écrire de romans. Enfin, je ne me suis pas encore donné la permission ;-)
La réponse est oui !
“Tout ce qui peut devenir numérique le deviendra”. Ce slogan publicitaire à l’emporte-pièce est la marque de fabrique des années 80 à nos jours et a vu la transformation et l’explosion de nouveaux marchés : le CD, la photo numérique, la téléphonie, les mp3, la vidéo.
Il est illusoire de penser que l’édition numérique n’est qu’une mode. Le secteur de l’édition a résisté longtemps (plus passivement qu’activement) à cette numérisation, mais elle est inéluctable.
Ca ne signifie pas que le livre papier va disparaître. Si on continue le parallèle avec d’autres industries, dites vous qu’en 2014 c’était la meilleure année pour l’industrie phonographique en 20 ans. Le disque vinyle résiste et gagne encore.
Cette numérisation du livre s’accompagne d’un bouleversement de l’accès à la distribution. Avec un livre papier, les obstacles à franchir pour vendre son livre peuvent être nombreux et coûteux. La numérisation et l’accélération de la micro-fabrication permettent de vendre sans constituer de stocks, et sans avoir de nombreux intermédiaires entre l’auteur et le lecteur.
C’est dans des époques comme celles-ci que naissent les futurs géants industriels, et vous pouvez vous aussi en profiter. Parce qu’apprendre de nouvelles choses et prendre de l’avance sert aussi toujours à s’adapter au futur.
C’est aussi quand un marché se développe qu’il faut s’y installer, pour grandir avec lui. Si vous n’avez que 1 million de clients potentiels et que vous vendez à 0,1% d’entre eux, quand le marché a grandi de 100%, votre clientèle aussi.
La technologie détruit la technologie. Je ne suis pas capable de dire si un jour le livre numérique disparaîtra, mais regardez ce qui est arrivé au marché du CD, et dites vous que cela pourrait aussi être le cas pour le livre numérique. Il va y avoir des années fastes devant nous, mais il est fort probable que ces années fastes ne seront un jour qu’un souvenir. Ce jour là, vous serez passé à autre chose.
Je pourrais m’appuyer sur Schumpeter et sa théorie de la destruction créatrice, et je le fais certainement sans le vouloir, tant je pense que c’est un des fondements du progrès technique et économique. La crise bouscule les positions acquises et rend possible l’exploration d’idées nouvelles et ouvre des opportunités. C’est le cas pour l’édition.
On observe majoritairement le cycle suivant dans l’adoption d’une technologie :
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innovateurs : des fans de technologies qui prennent un pari alors que personne n’y croit, ou si peu. Ce sont les gens qui ont acheté la première Ford T, les idiots qui ont fait la queue en novembre 2007 pour acheter un iPhone (mes enfants m’en parlent encore), les gens qui ont acheté une liseuse Sony au début des années 2000.
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adopteurs précoces : ce sont les visionnaires, qui veulent aller de l’avant. Ils sont plus nombreux que les précedents. Aujourd’hui ce sont les personnes qui s’achètent une voiture électrique, une Zoe ou une Tesla. La technologie est là, elle marche.
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la majorité progressiste : ils sont pragmatiques. Les acheteurs de Kindle aujourd’hui font partie de ce groupe, plus aux Etats Unis qu’en France, ou on est encore un peu en retard dans le cycle.
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la majorité conservatrice : je résiste, je résiste. Les choses avancent sans moi, mais j’ai un peu peur d’être laissé sur le bord de la route alors je m’y mets aussi.
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les sceptiques. Généralement, quand ils adoptent une technologie, c’est qu’ils n’ont vraiment plus le choix, par exemple parce que la technologie précédent n’est plus disponible.
Vous voulez être dans quel groupe ?
Maintenant regardez ce schéma :
Licencié sous CC BY 2.5 via Wikipedia
Voyez vous à quel moment le marché est le plus intéressant ? Quand on passe des adopteurs précoces à la majorité progressiste. Non pas parce qu’on est tôt dans la courbe, mais parce que c’est à ce moment que la majorité du marché arrive à maturité.
7. Est ce qu'il faut attendre ?
Désolé, c’est apparemment deux fois la même question. Mais voyons la question du “moment” sous un angle différent.
Le mot est procrastination. Il signifie “remettre à demain ce que l’on peut faire le jour même”. C’est une maladie bien humaine. C’est une maladie du confort ou de l’oisiveté. Ou du stress aussi.
Mais c’est une maladie qu’il vous faut vaincre.
On peut toujours trouver une bonne excuse pour attendre. Par exemple, “je vais attendre que la guerre des formats s’achève pour faire un ebook dans le format qui va gagner”. Ou “je vais attendre que les lecteurs soient plus équipés en liseuses”.
Oh, les bonnes raisons. Sauf qu’elles ne vous font pas grandir, qu’elles ne vous font pas avancer. Elles vous offrent juste un justificatif pour ne rien faire. Et ce serait dommage pour vous de ne rien faire, jamais. Voulez-vous vous retrouver dans 10 ans à regretter ? “J’aurais pu me lancer dans l’édition numérique quand cela a commencé à vraiment décoller, dommage”.
J’en reviens à ce que je disais plus haut : donnez vous la permission. La permission d’essayer. De réussir. D’échouer aussi. Mais vous n’aurez pas ce genre de regret.
La procrastination détruit complètement votre capacité d’agir, et vous met dans une position d’immobilisme.
J’ai un adage personnel qui est “Il vaut mieux un con qui bouge qu’un génie assis”. Je ne sais pas d’où il vient, mais à chaque fois que je suis dans une phase d’immobilisme il me revient. Même si je ne sais pas quoi faire, le fait de faire quelque chose me permet ensuite de savoir ce que je dois faire. Si je passe mon temps à réfléchir, à la fin de la journée, qu’est ce que j’ai ? RIEN.
Admirez vous les gens qui procrastinent ? NON. Admirez vous les esprits libres qui défrichent, qui inventent et qui parviennent parfois à faire des choses géniales, simplement parce qu’ils ont essayé de le faire ? OUI.