Les réponses aux questions sur les ebooks – Jour 6
Cet article fait partie d’une série sur “les 100 questions de l’édition d’ebooks”. Vous pouvez retrouver la liste complète des questions ici
Aujourd’hui, nous allons explorer un autre sens que la vue, et voir comment profiter aussi de votre ouïe. Et je vais faire quelque chose d’un peu suicidaire : je vais rajouter des questions aux questions déjà posée (jamais je ne vais réussir à en finir avec cette liste !).
Que penser des audio-book? (Jean)
Du bien…
Mais cela ne suffira malheureusement pas. Car l’audiobook est en France le parent pauvre de l’édition. Enfin, en tout cas, il n’a pas le succès qu’il mérite auprès du public et son usage n’est pas très important.
Déjà, qu’est-ce qu’un audio-book ? C’est tout simplement la version lue d’un livre correspondant. Elle peut être lue par une seule personne ou par plusieurs. Elle peut se limiter à la lecture ou contenir aussi un habillage sonore (avec l’atmosphère).
Cette version lue est ensuite disponible sous plusieurs formats techniques (mp3, AAC, CD) : vous pouvez vendre l’audiobook comme un objet physique avec le CD ou comme un produit numérique seulement avec des fichiers à télécharger.
Ce format est pour tout le monde : enfants et personnes mal voyantes sont souvent considérés comme les deux seuls publics cible, mais c’est faux. Tous les gens peuvent être intéressés par les audiobooks.
C’est un des trois facteurs qui expliquent la faible part du livre audio dans l’édition en général.
Le deuxième facteur est le manque de nouveautés. Il est en effet rare qu’un éditeur fasse une version audio d’un livre. Avec 300 sorties de livres audio par an, la France est très loin des 74 000 titre parus en 2013. Ce n’est qu’après un succès de la version écrite habituelle d’un livre que sa version audio est considérée, avec plusieurs mois de retard.
Aux Etats-Unis notamment, il n’est pas rare de voir la version audio d’un livre sortir en même temps que la version papier ou e-book. Cela explique sans doute que le livre audio ou audiobook représente un secteur qui fait près d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires.
Il y a du mieux depuis quelques années : certains éditeurs majeurs se sont rendu compte de l’intérêt de l’audiobook et ont créé ensemble une maison d’édition dédiée à ce format, Audiolib. Mais leurs livres audio n’arrivent qu’après le succès de la version papier, et uniquement pour les “gros” titres
Le troisième facteur est le prix : un audiobook coûte plus cher qu’un livre électronique et souvent plus cher qu’un livre papier. C’est un fait qui peut être pris dans les deux sens : cela est moins intéressant pour les lecteurs, cela permet aux éditeurs de faire plus de marge.
Pour en connaître un peu plus sur les livres audio, je vous invite à aller sur le site de Librium
Avez-vous des exemples de livres audio auto édités ?
J’en ai plusieurs. Déjà, un très grand nombre de livres du Club Positif sont des livres multi formats, dont des livres audio. Si vous prenez par exemple “Les Secrets de l’attraction” ou “Lecture Éclair”, ces livres sont disponibles à la fois sous forme d’ebook à télécharger et d’audiobook avec des fichiers mp3.
J’aurai donc du mal à jeter le livre audio aux orties !
Quelle est la réflexion qui est à l’origine de cet usage systématique du livre audio ? Et bien les livres du Club Positif sont essentiellement des livres-outils des livres pratiques dont l’intérêt est dans la solution qu’ils apportent, plus que dans l’histoire qu’ils racontent, ou la qualité littéraire… Il faut donc faire en sorte qu’ils soient utilisables par tous.
Pour le roman, j’ai moins d’exemples, mais on peut citer la version audio du livre “Un palace en enfer” d’Alice Quinn qui est disponible sur iTunes. Ce livre est réalisé en collaboration avec un studio/éditeur. Bon, là aussi il a fallu attendre un peu de temps avant de voir le livre audio sortir après le succès de la version ebook. Mais pas tant de temps que cela, et il faut aussi voir la question du financement.
Car réaliser un livre audio prend du temps d’enregistrement : 8 heures pour Alice in fine dans l’audiobook, donc au moins 3 fois plus pour l’enregistrement, et x fois plus pour le nettoyage, l’habillage sonore, etc.
Pourquoi moins d’exemples ? Il y a la question de la production et de l’enregistrement, il y a aussi la question de la distribution. Distribuer un livre audio est plus difficile qu’un ebook.
Si vous écrivez un ebook, en le mettant dans le bon format vous pouvez le vendre sur Kindle, iBooks, Kobo et directement. Ce n’est malheureusement pas le cas aujourd’hui pour les audiobooks. Il n’y a qu’un moyen de distribution facile : votre propre site.
La difficulté pour vendre un livre audio, c’est que vous devez le vendre tout seul.
Avoir votre propre boutique, gérer le support, livrer de manière correcte (avec la problématique du poids des fichiers). Ce n’est pas aussi “simple” qu’avec les plateformes de vente d’ebooks.
Un des principaux acteurs de la vente d’audio books aux États Unis pour les audiobooks numériques, c’est Audible. Dans ce pays, Audible est tellement développé qu’ils ont développé un site similaire à KDP qui permet à de nombreux indépendants de mettre en vente sur la boutique Audible, mais aussi sur iTunes d’Apple leurs livres audio numériques.
En France, Audible a connu un parcours plus difficile, et a même été un temps racheté par France Loisirs avant de revenir dans le giron d’Amazon comme aux États Unis. Ils n’ont pas les mêmes outils. Ils n’ont pas non plus le même public.
Si vous voulez passer par eux, il faudra donc les contacter manuellement, avoir un contrat spécifique, être capable de leur fournir les fichiers avec un serveur FTP, etc. Plein de petites barrières qui ne sont pas insurmontables mais qui peuvent vous ralentir ou vous empêcher d’accéder à leurs lecteurs.
106. Peut-on introduire à un ebook le récit de l’histoire complet en audio ? (Je pense par exemple aux malvoyants) (Edith)
Cette question me permettra de rebondir sur ce que j’évoquais précédemment.
Oui, il est possible de faire des ebooks hybrides avec à la fois du texte et de la lecture audio de celui-ci. Cela s’appelle le format “Read Aloud”, ou lecture synchronisée. Car cela va plus loin que le livre multimédia qui contient du texte et du son. Avec ce format, la lecture audio est synchronisée avec la lecture du texte.
J’ai réalisé un livre gratuit à partir de “Formules magiques pour exaucer vos vœux” que vous retrouverez sur iBooks. Il n’est lisible que sur iBooks à ce jour à ma connaissance. En effet, c’est un ebook dans un format récent que seul iBooks semble supporter à 100%.
Ce format technique est le format ePub 3. Les personnes qui ont suivi la formation ePub Publisher m’ont entendu en parler à plusieurs reprises : utiliser ePub 3 est un bon moyen de réaliser un livre multimédia, et on peut escompter que de nouveaux lecteurs et tablettes pourront l’utiliser.
Un autre exemple de livre hybride est une autre version du même “Un Palace en Enfer”, cette fois-ci disponible sur iBooks, où l’on a à la fois le texte (mais en format statique) et une “bande-son” d’ambiance qui change avec chaque page.
L’audiobook est adapté à un usage nomade, le livre en lecture synchronisée ne l’est pas. Ce n’est pas facile de lire un livre avec lecture synchronisée dans une voiture ou en se déplaçant dans le métro ou le train. Pour un voyage en avion, ça va. Mais tout juste, avec les limitations de l’usage d’appareils électroniques dans les avions. Car pour un livre avec lecture synchronisée, il faut lire.
Une possibilité supplémentaire est d’insérer du son dans un livre.
Vous pouvez ainsi faire un “package” livre + séminaire ou livre + exercices. Ne mettez pas de sons trop longs toutefois : si votre lecteur est sur un iPad par exemple, il y a de fortes chances que l’iPad s’éteigne automatiquement et coupe le son alors que l’utilisateur est en train d’écouter, mais n’a pas le doigt sur l’écran.
Enfin, à partir du moment où vous avez la matière brute (livre et son), vous pouvez aussi imaginer d’autres déclinaisons : livre exclusivement fait pour iPad avec iBooks Author par exemple.
Je parle d’iPad, d’iPad… je ne parle pas beaucoup de Kindle dans ces questions sur les audiobooks et les livres enrichis.
En effet, la situation du Kindle est un peu plus complexe à gérer puisque bon nombre de liseuses Kindle n’ont plus de haut-parleur ni de sortie casque. Par ailleurs, l’intégration de sons m’a personnellement posé plus de soucis dans le format propre au Kindle que dans le format ePub lisible sur iPad ou Kobo.
On reparlera de ces aspects techniques une autre fois.
##Et la vidéo ?##
Oui, on peut mettre de la vidéo dans un ebook. Comme le son, c’est un type de données qui est ajoutable. On peut alors avoir une vidéo qui se joue dans le cadre du livre ou en plein écran.
Pour voir ce que cela donne, regardez ce court extrait de navigation fait par mes soins à partir du livre “The Making of Star Wars” sur l’application Kindle pour iPad, livre que je vous recommande si vous êtes fan.
[video width=”896” height=”702” mp4=”http://edition-ebooks.cpositif.com/images/2014/11/videoKindle-h.mp4”][/video]
La vidéo présente de nombreux avantages pour faire un livre plus riche, avec une plus grande valeur, comme le son.
Mais cela a les mêmes inconvénients aussi : production plus longue et plus coûteuse, et distribution un peu plus confidentielle.
En conclusion, qu’il s’agisse de la vidéo ou de l’audio, vous pouvez réaliser des titres très complets, mariant plusieurs formes de contenus, de véritables ouvrages multimédias comme les CD-Rom du milieu des années 90. Vous ai-je avoué que j’ai été chef de projet sur “Musée d’Orsay” et que j’ai assuré la traduction du “Louvre, peintures et palais” dans plein de langues. Parler de ce type de multimédia me rappelle plein de souvenirs. Illisible ce CD sur un PC moderne…
De gros projets, impliquant de très nombreux intervenants, avec des compétences diverses. Quelque chose qu’il est difficile de faire en solo si on est tenté par l’aventure. Restez-en à des choses simples pour commencer et vous développer dans l’auto-édition. Sauf si le sujet s’y prête beaucoup évidemment.