Enquête autoédition : Professionnalisation et promotion
Commençons par le plus important : j’ai craqué. Je n’ai pas réussi à trouver un titre d’article proche du titre d’une chanson d’un Patrick… Ça c’est pour l’anecdote.
En même temps, promotion et professionnalisation… C’était pas facile. Et ce n’est pas facile non plus pour les autoédités.
Dans ce 5ème article sur l’enquête menée en août 2016 auprès d’autoédités, j’aborde donc ces deux questions pour qu’ils donnent leurs impressions, qu’ils disent ce qui est le plus important et fonctionne pour eux. Cela complète les interviews menées avec des autoédités individuels qui cherchent eux-mêmes en permanence ce qui fonctionne le mieux pour eux.
Qu'est-ce qui est le plus important pour porter un livre ?
La question était posée de manière différente, mais ce qui compte est de savoir ce sur quoi les efforts doivent porter. Et étonnamment, ce qui compte, ce n’est pas ce qu’il y a à l’intérieur.
On passe donc vraiment de la personae auteur à la personae éditeur quand on répond à cette question :
La couverture est souvent citée comme l’élément qui a de l’importance dans le succès d’un livre. La qualité littéraire ne vient qu’en 5ème réponse. Là où je métonne c’est que le lectorat et le ciblage du genre viennent encore après dans les résultats.
Alors bien sûr, les autoédités parlent pour eux, et quand on voir le nombre d’articles de presse qui parlent du contenu des livres publiés par les autoédités, on comprend qu’ils placent les critiques de presse en bon dernier.
Parce que si vous trouvez un article de presse qui parle d’un roman ou d’un livre autoédité pour son contenu, vous pouvez aussi vous lancer dans la carrière de chasseur de licornes.
Les commentaires jouent aussi beaucoup, et rejoignent le bouche à oreille. J’ai tendance à penser que l’accent mis par Amazon, la boutique préférée des autoédités, sur la preuve sociale et le jugement des produits de toutes sortes par les acheteurs est un facteur d’adoption de celle-ci et une des ses forces (avec son moteur de filtrage collaboratif).
Ce n’est toutefois pas le facteur le plus important. Le nombre de commentaires du livre de Dorian Meune Au nom de quoi (56 commentaires) et la note obtenue (4.8) suffiraient à le porter dans le top 100. Et sa couverture est aussi très bonne. Pourtant il végète et n’a jamais obtenu la visibilité méritée.
Il y a donc aussi un facteur chance. Et d’ailleurs tous les auteurs et auteurs qui ont obtenu de bons classements vous diront qu’ils ont été là au bon endroit au bon moment, et qu’ils ont du mal à expliquer leurs premiers succès.
Le facteur chance s’amenuise uniquement avec le temps, quand l’expérience, la qualité éditoriale et les efforts promotionnels peuvent avoir un retour sur investissement. L’exemple récent de la sortie du Sceau des Sorcières de Jacques Vandroux est le résultat de plusieurs années de travail.
Ce qui reste le plus difficile
Comme ce blog parle beaucoup de marketing et de promotion, et pas seulement de comment s’autoéditer, je pense que je vais encore devoir moudre du grain pendant un certain temps pour aider les auteurs autoédités.
C’est en effet la promotion qui reste la phase la plus difficile pour un auteur autoédité. Suivi du lancement (qui est une forme de promotion), suivi des commentaires (qui est le fruit du succès).
Les autres aspects sont majoritairement maîtrisés par les autoédités. Ou en passe de l’être. Ou ils croient les maîtriser (couverture et description sont deux éléments qui me viennent à l’esprit en disant cela).
La promotion
Justement, la promotion, que font-ils ?
Ils passent leur temps à traîner sur Facebook !
Pas forcément la manière la plus efficace de faire sa promotion. Certes, les autoédités se serrent les coudes, mais aller principalement dans des groupes où il n’y a que des auteurs qui tentent de trouver des lecteurs, mais pas de lecteurs eux-même est contre productif.
Encore une fois, j’ai oublié une réponse qui est pourtant évidente, et que je ne manquerai pas de remettre la prochaine fois. Pour faire sa promotion, il est souvent utile d’écrire d’autres livres. Car chaque livre est un appât supplémentaire pour attirer les lecteurs sans ses filets, avoir plus de visibilité.
Maintenant, s’il y avait quelque chose qui marchait vraiment, une méthode magique pour développer sa visibilité, trouver ses lecteurs, augmenter les ventes sans y laisser sa culotte, cela se saurait. S’il y avait une baguette magique pour mettre un livre en face de son lecteur idéal, ce serait fantastique, mais cela ne serait pas drôle.
Professionalisation : devenir autoédité
Comment apprend-on à s’autoéditer ? Y a-t-il des voies royales ? Majoritairement, les autoédités apprennent sur le tas.
Peu ont recours à la lecture de livres ou vont s’adresser à des personnes qui ont l’expérience et la méthodologie pour aller plus vite ou plus loin.
Écrivant plusieurs livres dans ce domaine, je suis très navré par ces résultats ! ;-) J’ai aussi créé une formation complète sur l’autoédition, donc cela me désolé encore plus.
Certes, il est possible d’apprendre par soi-même et on trouvera de très nombreuses ressources. Passer par une formation n’est pas indispensable. C’est par contre un accélérateur. Et il y a de nombreuses personnes qui ne savent par quel bout commencer, ou dans quel sens avancer.
A titre personnel, j’ai pendant plusieurs années développé et édité des applications pour iPhone et iPad. Un des meilleurs investissements que j’ai fait a été une formation d’une semaine au développement iOS à Francfort avec le Big Nerd Ranch. Je savais développer avant, je savais beaucoup mieux après.
Savoir s'entourer
Un autre aspect de la professionnalisation est de savoir lâcher prise. Ne pas tout faire soi-même.
Il y a au moins deux éléments sur lesquels il faut trouver plus compétent que soi : la couverture et la correction.
Difficile de corriger soi-même un texte que l’on a écrit. Même si on trouve les typos, les erreurs de frappe, on va laisser de côté toutes les erreurs que l’on a ancrées en nous.
Réinvestir ses gains ou financer la qualité de votre livre est donc important. Trouver les bons partenaires : ceux sur lesquels on peut compter qui fournissent un travail de qualité et à des prix compatibles avec sa propre activité. Devenir auteur-entrepreneur, abandonner ce côté artisanal ou du moins ses aspects brouillon.
De plus en plus d’auteurs autoédités se rendent compte de l’avantage à trouver les bons prestataires pour aller plus loin.
Vous trouverez sur ce blog une page dédiée aux éditeurs et correcteurs. Bientôt (à l’échelle de l’Univers) une page sur les graphistes pour les couvertures…
Auteur-entrepreneur
La somme investie par les auteurs autoédités dans la création et l’édition de leurs livres est un aspect important. L’édition est une affaire d’argent, dans le circuit traditionnel.
J’ai donc posé la question, pour savoir quel était le montant investi, mais aussi pour suivre cet investissement au cours du temps.
De très nombreux répondants ont encore des investissements minimes dans leurs livres. Ils ont déjà tellement investi dans l’écriture.
Je souhaite qu’ils réinvestissent leurs gains graduellement dans leur activité, pour se transformer en véritables capitalistes…
Les résultats sur lesquels je ne vais pas m'étendre
Se professionnaliser, c’est aussi considérer sa carrière d’auteur comme celle d’un capitaliste intellectuel. Savoir faire fructifier ses droits de propriété intellectuelle, en multipliant les débouchés.
Dans cet ordre d’idée, j’avais mis des questions sur l’exploitation des droits à l’étranger (traduction et adaptation). C’est un sujet auquel certains sont sensibles, mais un faible nombre, et surtout qui me semble encore réservé à une élite de ceux qui ont eu de véritables succès en numérique.
Entre 15 et 20% des répondants sont attirés et font des efforts dans cette démarche. Vous retrouverez ces résultats dans le récapitulatif final.
Fini ? Toujours pas…
Il reste encore des résultats à vous révéler, et je ne tiendrai pas mon objectif initial de tout publier en une semaine. Mais on arrive à la fin… Et je vous préviens que je publierai aussi quelques résultats sans commentaire réel.
Car les auteurs autoédités sont aussi des lecteurs, ou peuvent se mettre dans les chaussons des lecteurs de leurs livres.