Autoédition vs compte d'auteur et faux compte d'éditeur

Cette semaine, une newsletter beaucoup plus courte, et un envoi le vendredi. Je vais essayer de vous envoyer les newsletters à ce moment dorénavant, mais vous savez ce que c’est : le vendredi arrive et on se dit : « oups, j’ai rien préparé pour le truc que je dois envoyer ce soir ». Donc ça risque parfois d’arriver le samedi matin.

Bref : je ne suis pas parfait, mais seule ma femme le pensait (et continue à le faire, ne lui révélez rien!)

Cette semaine, je voudrais m’attarder un petit peu sur ce qui distingue l’autoédition des autres modes d’édition, et surtout du gros gros problème qui persiste de l’édition « à compte d’auteur » ou « participative » qui joue admirablement sur une confusion dans l’esprit des gens pour se faire passer pour ce qui est à l’opposé de l’autoédition : de l’édition à compte d’éditeur.

Je vais dire ce que des dizaines d’autrices et d’auteurs ont dit avant moi : si vous payez pour éditer, ce n’est pas de l’édition à compte d’éditeur. Si on vous demande d’acheter un certain nombre d’exemplaires, ce n’est pas de l’édition à compte d’éditeur. Si vous devez attendre d’avoir dépassé un certain nombre d’exemplaires avant de commencer à toucher vos royalties, ouais, ok, c’est peut-être de l’édition à compte d’éditeur, mais c’est pas cool.

Le sujet de cette newsletter est aussi en hommage à David Gaughran et Authors Beware qui dans le monde anglo-saxon de l’édition et de l’autoédition essaient de débusquer et d’exposer les acteurs qui profitent des auteurs qui veulent éditer leurs livres en leur faisant payer des sommes parfois astronomiques pour des packages marketing ou autre qui n’ont qu’un intérêt passable (sauf pour leurs bénéfices). Cette semaine, l’association des auteurs de SF américaine (SFWA) a récompensé David du prix Kate Wilhelm/Solstice avec un autre auteur pour leurs actions positive pour la communauté des auteurs.

David est un gars assez cool, et il a plein de bons conseils à vous donner pour le marketing et l’autoédition en plus, donc n’hésitez pas à le suivre en plus. Son seul défaut : il est irlandais et parle la langue de Shakespeare.

Mais revenons à nos moutons : autoédition, édition à compte d’éditeur et édition à compte d’esc… d’auteur.

Je ne vais pas vous faire ici la liste des maisons d’édition qui pratiquent l’édition à compte d’auteur, ou comme l’appellent les anglo-saxon « l’édition vaniteuse ».

En France, Florence Cochet tient à jour une liste des maisons d’édition à compte d’auteur ou pratiquant le compte participatif sur http://www.florence-cochet.com/edition-compte-d-auteur et je vous invite à la renseigner quand vous rencontrez une maison d’édition qui pratique sans le dire ce type d’édition.

Le problème de ces maisons d’édition, ce sont bien entendu les contrats abusifs, avec des clauses exotiques, mais aussi qu’ils vous promettent monts et merveilles sans délivrer de valeur réelle.

Il vaut mieux faire de l’autoédition, parce que franchement le résultat est en plus pas terrible. Je me souviens d’une autrice aujourd’hui très connue qui m’avouait avoir travaillé un peu de temps avec Edilivre il y a plusieurs années comme correctrice, et qui s’était plainte de devoir faire un travail médiocre avec les moyens qui lui étaient accordés.

Connaissez-vous un seul livre publié par Edilivre, le plus gros groupe qui travaille dans ce domaine, qui a été reconnu comme un best-seller ?

Et pour récupérer ses droits pour aller voir ailleurs, c’est parfois la croix et la bannière. Je connais un autre auteur qui a dû faire appel à un avocat pour dénoncer le contrat bancal et abusif, récupérer ses droits (et l’éditeur en question a continué à vendre ses livres, sans le payer bien sûr).

Alors qu’il existe des prestataires qui feront le même travail, moins cher et avec plus d’honnêteté intellectuelle, probablement de meilleure qualité, sans vous promettre des choses qu’ils ne peuvent pas vous fournir à votre place (quoi ? du marketing et des ventes).

En allant un peu plus loin, on peut aussi distinguer autoédition et auto-publication car l’état d’esprit n’est pas le même à mon avis. Et je rejoins tout à fait Joanna Penn quand elle fait cette distinction, dans un livre à paraître :

L’auto-édition était un mot sale, avec les implications de l’édition « vaniteuse » d’auteurs si désespérés qu’ils paieraient pour que leur livre soit publié.

Mais de nos jours, l’auto-édition est un choix valable et les éditeurs recherchent régulièrement des auteurs qui réussissent bien dans la voie de l’indépendance. Certains auteurs publiés traditionnellement choisissent également d’auto-éditer certains de leurs livres afin de tirer le meilleur parti de leurs options. J’ai consciemment choisi de m’auto-publier en 2008. Je voulais passer mon temps à écrire, à créer des livres et à gérer ma propre entreprise, à toucher directement les lecteurs sur un marché mondial en pleine croissance et à gagner ma vie décemment. C’est maintenant ce que je fais tous les jours et cela continue à alimenter ma passion pour la vie indépendante.

L’auto-édition est encore le terme utilisé par la plupart des gens, mais je préfère être décrit comme un auteur indépendant ou indépendant, ou même comme un auteur-entrepreneur. Voici les différences entre les termes à mon avis, et pour être clair, il n’y a pas de jugement de valeur implicite dans la définition divisée. Il s’agit davantage de ce que vous voulez réaliser en tant qu’auteur et, bien sûr, cela peut changer avec le temps.

Un auteur auto-publié :

  • Fait tout lui-même, par exemple la conception de la couverture et l’édition.
  • Définit son succès grâce un livre fini qui est disponible mais dont l’objectif n’est pas nécessairement de se vendre à de nombreux exemplaires. (…)

Un auteur indépendant :

  • A un budget et travaille avec des créatifs professionnels pour faire de chaque livre un produit fini fantastique. Il peut s’agir de travailler avec des éditeurs et des concepteurs de couvertures, ainsi qu’avec des formateurs et d’autres free-lances.
  • Comprend qu’un livre est un bien de propriété intellectuelle qui peut rapporter de l’argent pour la vie de l’auteur et jusqu’à 70 ans après sa mort.
  • Définit le succès comme un revenu à long terme ainsi que l’épanouissement créatif.
  • Prend le contrôle de sa carrière d’écrivain, du premier livre jusqu’à devenir responsable (potentiellement) d’un empire créatif mondial.

En tant qu’éditeur indépendant, je publie le livre de Margerie Véron, que j’ai sollicitée pour pour qu’elle l’écrive, Le droit d’auteur pour les écrivains que je conseille à tout auteur qui connaît mal le droit de la propriété intellectuelle et le droit d’expression, ou qui croit les connaitre, mais n’arrive pas à lire un contrat.

Et, toujours dans ce rôle, j’assure à mes auteurs que :

  • ils ne paieront rien pour la publication de leur livre,
  • ils auront une rémunération proportionnelle juste des ventes des différents formats de leurs livres,
  • je m’occupe du marketing et de la vente des livres que je publie (mais c’est toujours mieux s’ils m’aident à le faire de leur côté)
  • autant que possible je leur propose une avance (avec mes petits moyens), même si je ne peux pas encore leur proposer de contrat de commande.

Et j’évite de faire des promesses, parce que même si je suis toujours enthousiaste, la réalité me balance parfois des aller-retour à la Rocky Balboa.

Bref, je pratique réellement ce que j’appelle de l’édition à compte d’éditeur.

Si vous avez un contrat dans les mains et que ces critères ne sont pas explicitement écrits noir sur blanc, que le contrat s’éloigne trop de celui proposé en modèle par le Conseil Permanent des Écrivains (qui a encore plein de défauts), n’hésitez pas à consulter d’autres auteurs qui ont plus d’expérience juridique.

Autre chose : lisez toujours les conditions d’utilisation des sites ou des services que vous utilisez et méfiez-vous particulièrement des clauses qui ne sont pas claires pour vous. Un contrat ce doit être explicite. S’il y a des choses qui ne sont pas claires, c’est souvent que la partie en face veut vous faire un coup de tournes-toi que je… et les conditions générales d’utilisation, c’est un contrat (cours 102 de droit).

Si vous rencontrez quelqu’un qui veut publier un livre, et qui ne sait pas trop à qui s’adresser, donnez lui les armes pour bien choisir, et pointez le, pourquoi pas vers cette newsletter, que vous retrouverez aussi sur le site autoediteur.com. Qui sait, vous sauverez peut-être une âme, et un futur grand auteur, ou une future autrice comblée.

Allez, j’arrête ma diatribe, et on repasse à des sujets plus sympas, ou plus techniques, la semaine prochaine (mais de quoi vais-je donc bien pouvoir parler ?)

PS : aujourd’hui avait aussi lieu le hackathon de la ligue des auteurs professionnels. Je suis sûr que de très bonnes choses en sortiront pour ce qui est des contrats d’édition. Même si les éditeurs les plus connus refuseront résolument de prendre en compte ces recommandations.

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