Une photo de l’autoédition en 2019

Je lisais cette semaine un article d’AnaïsW sur son site Les livres d’Anaïs sur ses revenus actuels de l’auto-édition, quand soudain j’ai eu une crise d’angoisse : je n’avais toujours pas partagé les résultats de l’enquête 2019 sur l’autoédition que j’avais pourtant promis à grands renforts de « croix bois, croix de fer » et autres promesses de gascon (de normand ?)

Bref, j’étais encore pris à défaut.

Alors j’ai pris mon chat à neuf queues, je me suis retourné vers le coin le plus profond de ma cellule, et j’ai… non, j’ai juste écrit cet article.

Une photo à la représentativité déficiente

Si vous vous y connaissez un peu en statistiques, que vous êtes une taupe de la Sofrès, autant vous le dire tout de suite : je n’ai pas appliqué la méthode des quotas. J’ai juste ouvert le questionnaire, envoyé des emails aux personnes que je connaissais (ma newsletter) publié un ou deux appels à participation ici et là sur internet.

Résultat des courses, 73 répondants, ce qui est très inférieur à ce que j’espérais et ne permet pas du tout de dire que les résultats de cette enquête sont représentatifs de la diversité des profils et des expériences des auteurs autoédités ou qui souhaitent le devenir.

Prenez donc tout ce que je dis avec une pincée de sel.

Beaucoup trop de questions

J’ai recompté le nombre de questions que je posais dans cette grande enquête. Et c’est une grande enquête en effet, puisqu’il y a près de 50 questions. Des enquêteurs professionnels me diraient que je suis fou, que cela ressemble à un questionnaire médical de la cohorte Constances (à chaque fois que je vois arriver un questionnaire Constances, une partie de moi meurt).

C’est donc beaucoup beaucoup trop. Si je refais jamais des enquêtes ainsi, je veillerai à réduire ou tronçonner énormément les questions pour rendre l’enquête plus digeste et éviter de perdre des répondants au cours du questionnaire.

Surtout que beaucoup de questions, au vu des résultats, ne m’apparaissent pas très pertinentes, ni pour moi à titre professionnel, ni pour les autoédités eux-même. Dans les résultats qui viennent, j’ai donc fait un tri et je ne commente pas les questions sans intérêt réel ou dont les réponses n’apportent rien.

Les résultats

1 J’ai choisi l’autoédition pour

On peut penser que ce qui attire dans l’auto-édition, ce sont les 70% de royalties sur le numérique et les 60% sur le papier (hors coûts de fabrication), mais non, c’est en premier la liberté et l’indépendance qui attire les répondants, et juste après la facilité de production, le contrôle de ses droits, le rythme des droits…

2 Depuis combien de temps connaissez-vous l’autoédition ?

3 Depuis combien de temps vous autoéditez-vous ?

4 Combien de temps par mois consacrez-vous à l’écriture chaque mois ?

Ce sont des écrivains qui travaillent beaucoup qui ont répondu au questionnaire de l’enquête autoédition, même si évidemment, tout le monde ne passe pas son temps à écrire, et que pour certains c’est une activité à laquelle ils ne peuvent consacrer que quelques heures par mois.

5 Combien de temps par mois consacrez-vous à l’autoédition chaque mois ?

L’autoédition aussi représente beaucoup de temps et une activité sérieuse : plus de 100 heures par mois, c’est presque un plein temps (151 heures par mois). Alors évidemment, ce n’est pas ce que les gens préfèrent faire, mais il faut bien en passer par là.

6 Combien de livres avez-vous publié en inédit en autoédition ?

Enfin ce sont de gros publieurs, avec certains qui ont publié plus de 10 livres en auto-édition.

7 Combien de livres avez-vous re-publiés à nouveau en autoédition suite à un retour de vos droits ou à la disparition de votre éditeur tradi ?

8 Avez-vous déjà été publié par un éditeur traditionnel ?

9 Êtes-vous encore publié par un éditeur traditionnel ?

10 Avez-vous été contacté par un éditeur traditionnel depuis que vous vous êtes autoédité(e) ?

Alors à un moment on voyait les éditeurs faire une razzia parmi les autoédités. Ce n’est plus le cas. Il y a toujours les auteurs qui trouvent enfin une maison d’édition qui leur plaît et qui signent, mais tout le monde ne bascule pas tous ses livres chez son éditeur traditionnel, et ce n’est pas open bar (notamment pour les droits numériques, voir plus loin).

11 Pour les auteurs autoédités qui sont maintenant avec un éditeur traditionnel, Avez vous conservé vos droits numériques si vous avez signé avec un éditeur traditionnel

12 Je pense que l’autoédition peut m’apporter…

Les auteurs autoédités qui travaillent de pair avec des maisons d’édition ne perdent pas le nord : la distribution est la clé avec les maisons d’édition. Et c’est ce qu’ils recherchent avant tout en signant ces cessions de droits pour les versions papier.

13 Avez-vous cédé des droits de traduction et d’exploitation en langue étrangère ?

14 Avez-vous cédé les droits d’adaptation en version livre audio pour un titre ou plusieurs ?

15 Cherchez-vous à participer à la production d’une version livre audio de vos livres ?

16 Cherchez-vous activement des partenaires pour céder vos droits étrangers ?

17 Avez-vous exploité ou mis en place le moyen d’exploiter vos livres en langues étrangères par vous-même ?

Revenus

18 Quels sont vos redevances mensuelles de l’autoédition en 2019 ?

Ouille ! moins de 30 € par mois pour la majorité des personnes qui répondent. Et seulement 3 personnes ont indiqué gagner lus de 2000 € par mois, plus que le SMIC. soit 5% des répondants.

19 Avez-vous constaté par rapport à l’année dernière une hausse une baisse, à périmètre égal ?

##L’autoédition numérique

20 En quels formats sont disponibles vos livres

21 Chez quels distributeurs sont diffusés vos livres ?

And the winner is ! Amazon, encore et toujours. Je n’ai pas mis Decitre, Chapitre etc, les “petites boutiques”, ni les services comme Youboox, qui pourraient intégrer cette question. C’est surtout la démonstration qu’Amazon tient le haut du panier et domine l’offre aux autoéditeurs.

22 Êtes-vous en direct ou passez-vous par un distributeur pour vos livres numériques ?

23 Demandez-vous une protection par verrou numérique (DRM) ?

Mort aux DRM ! Cela ne fait pas disparaître le problème du piratage qui en ce moment semble à nouveau concentrer l’attention de certains auteurs et donne lieu à quelques discussions animées sur Twitter. Mais on le sait : les DRM ne servent pas à protéger les livres numériques contre les pirates, ils servent uniquement à embêter les lecteurs.

Les distributeurs numériques : ventes

24 De 0 à 100%, et par incréments de 10, quelle est votre proportion de vente sur les différents canaux (en royalties) ? Exemple : 70% KDP, 20% Createspace, 10% Kobo = 7, 2, 1

Je n’ai mis qu’un seul graphique : Amazon KDP représente 80 à 100% des ventes et des royalties pour 63% des auteurs et autrices qui ont répondu.

Les autres ne sont là que pour mettre une cerise sur le gateau, et ne représentent pas beaucoup de royalties pour la majorité des gens. Il n’y a pas de vague délirante de hausse des royalties sur Kobo, même si cette librairie reste moins mineure que les autres.

25 Êtes vous dans KDP Select ?

J’adore la réponse “Je ne sais pas”. Enfin, non, elle m’inquiète ! Vous devriez le savoir !

Je préfère la réponse : oui sur certains livres, non sur d’autres : cela démontre que le fait d’accorder l’exclusivité à Amazon, c’est quelque chose que certains utilisent d’abord à leur avantage, tout en continuant à s’adresser au maximum de lecteurs.

26 Quelle proportion de vos revenus KDP vient de l’abonnement Kindle Unlimited ?

J’ai essayé la question piège, mais les données se recoupent : entre ceux qui ont répondu non à la question précédente, et ceux qui ne savent pas, on a bien environ 40% des gens qui ne sont pas dans Kindle Unlimited. Ouf !

Bon, cette question nous apporte aussi l’information que l’abonnement Kindle et ses pages lues, c’est toujours la carotte qui rapporte, avec 30% des répondants pour lesquels cela représente plus de 25% de leurs redevances, soit pour 53% de ceux qui sont dans l’abonnement Kindle.

Dur dans ces conditions d’aller voir ce qui se passe sur les territoires des autres vendeurs de livres numériques. C’est voir ses redevances réduire de 25 à 50% sans forcément rattraper cette parte sur plusieurs mois (et dans de nombreux cas, les autres boutiques ne permettent pas de rattraper la perte).

27 Avez-vous bénéficié d’une offre éclair en 2019 ? Le cas échéant pouvez-vous partager votre volume de ventes ce jour-là ?

Question qui n’amène aucune réponse pertinente. Une seule personne a répondu 200 ventes.

28 Avez-vous bénéficié d’une offre du mois KDP ou Kobo ? Pouvez-vous partager le pourcentage de ventes en plus par rapport au mois d’avant ?

Idem : une seule personne a dit que cela apportait 4 fois plus de ventes. C’est la seule réponse qui pourrait avoir un intérêt, mais comme c’est la seule réponse, difficle d’en tirer des conclusions, une moyenne, un écart-type etc.

29 Combien investissez-vous dans l’édition d’un livre (hors coûts d’impression) ?

30 Comment avez-vous démarré dans l’autoédition ?

31 Pour quelle tâche faites-vous appel à un prestataire tiers ? (plusieurs réponses possibles)

32 Quels logiciels utilisez-vous pour l’écriture ?

Bon, il faut qu’on parle… Word a probablement plein d’avantages, mais pour écrire un roman, il y a certainement mieux, plus facile, plus rangé : Scrivener par exemple ? Disponible sur Mac et PC. Utilisez le juste pour l’écriture, ne vous faites pas peur avec tous les outils qu’il contient, et déjà vous gagnerez énormément en facilité d’utilisation.

Ulysses est aussi une excellent alternative (mais sur mac et iOS seulement). Scribook, etc. Explorez un peu et je suis sûr que vous y gagnerez beaucoup en termes de facilité, simplicité, etc.

33 Quels logiciels utilisez-vous pour la conversion en livre numérique ?

Idem : l’outil de conversion de la plateforme, c’est pas forcément le meilleur outil pour garantir un résultat de qualité. ET vous ne voyez pas vraiment ce que ça donne comme résultat avant d’avoir le retour de la conversion.

34 Quel mode d’impression utilisez-vous ?

Amazon est encore le grand gagnant. Ensuite vient l’imprimeur préféré des uns et des autres, puis Jouve au travers de Bookelis.

Sauf qu’Amazon ne permet pas (malgré ce qu’ils écrivent) d’accéder au circuit des librairies. Si vous voulez que vos livres soient accessibles et commandables par des libraires pour vos lecteurs, il faut :

  • les inscrire vous-même dans Cyberscribe Electre etc
  • passer par Bookelis
  • passer par Iggybook
  • passer par BOD
  • passer par un éditeur à compte d’auteur (avec tous les soucis que cela pose)

35 Quelle proportion de vos ventes est en papier (en valeur) ?

36 Quelles sont les choses qui sont les plus importantes pour le succès de vos livres ? (plusieurs choix possibles)

Dire que la couverture est la chose la plus importante pour le succès d’un livre, mais avoir en même temps la majorité des gens qui disent ne rien dépenser pour leur livre, c’est un peu contradictoire.

Sauf que ce ne sont pas les mêmes personnes qui disent ces deux choses. Et comme je peux croiser les informations, je vais vous avouer un secret : ceux qui gagnent le plus d’argent tous les mois sont aussi ceux qui dépensent le plus d’argent sur leurs livres en correction, couverture, assistance éditoriale. Corrélation n’est pas causalité, mais peut être que si…

37 Qu’est ce qui vous est difficile ? (plusieurs choix possibles)

La promotion, la promotion, la promotion. Faire connaître ses livres, donner envie aux lecteurs potentiels de les acheter, de les commenter. Tout le reste est facile, mais faire le lancement d’un livre, en assurer la promotion au cours du temps, obtenir des commentaires qui font effet de preuve sociale, ça c’est dur.

Espérons pour tous ceux qui travaillent beaucoup avec Amazon qu’ils arriveront à bien tirer parti des outils de publicités disponibles depuis le début de l’année : personnellement, j’ai doublé mes ventes en février grâce à ces outils.

38 Quels moyens utilisez-vous pour la promotion ?

39 Quel genre publiez-vous

Poésie ! (le ! est très important) ;-)

40 Avez-vous un blog auteur ou un site auteur ?

Bon, bah, vous avez plus qu’à lire l’article de la semaine dernière…

41 Avez-vous une newsletter ou une mailing-list ?

42 Quelles formes de livres lisez-vous ?

43 Combien de livres lisez-vous par mois (tous formats) ?

44 Pour vous, un livre numérique doit coûter

45 À partir de quel prix hésitez-vous à acheter un livre numérique ?

La question piège par rapport à la question d’avant. 75% des gens vont jusqu’à 7,99€ pour un livre numérique, 80% jusqu’à 9,99€. On est d’accord qu’au dessus, il faut arrêter de se moquer des lecteurs.

Au-dessus, on a 56% des gens qui disent moins de 5 euros. Est-ce que sont les même personnes qui ont répondu aux deux questions ;-)

46 Lisez-vous des livres autoédités ?

47 Le nom de l’éditeur a-t-il de l’importance pour vous ?

Merci !

Merci énormément à toutes les personnes qui ont répondu. Parmi elles, j’ai eu de nombreux sites web et noms d’auteurs :

Merci encore une fois.

La semaine prochaine, on parlera crochet…

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À quoi ressemble l'autoédition en 2019 ?
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